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L'Europe inaugure un contrôle des prix

Suite à la flambée des prix alimentaires, la Commission européenne a décidé de mettre en place un suivi des marchés, avec un contrôle des prix de la ferme à l'assiette. Cet outil de surveillance devrait cibler le manque de transparence des prix. Cette décision pourrait bien peser dans le débat sur la répartition des marges entre les différents maillons des filières agricoles.

« Parfois, j’entends des personnes dire que les agriculteurs touchent beaucoup d’argent pour la vente de leurs produits. Ce n’est clairement pas le cas en 2009 », écrit Mariann Fischer Boel sur son blog.
« Parfois, j’entends des personnes dire que les agriculteurs touchent beaucoup d’argent pour la vente de leurs produits. Ce n’est clairement pas le cas en 2009 », écrit Mariann Fischer Boel sur son blog.
© DR

C’est une première : un contrôle des prix au niveau européen ! Suite à la flambée des prix alimentaires, la Commission européenne avait décidé à la fin de l’an dernier de proposer un système de suivi des marchés. « Cet outil de surveillance devrait cibler le manque de transparence des prix et permettre de mieux connaître l’incidence de la réglementation tout au long de la chaîne alimentaire », indique-t-elle dans une communication de décembre 2008.
Elle précise que « la surveillance continue des prix à la production et à la consommation pour une série de produits comparables permettrait de révéler les différentiels de prix en Europe et contribuerait à identifier les cas de fragmentation du marché ». Les modalités de mise en œuvre et de fonctionnement de cet outil de surveillance doivent être élaborées cette année.

Contrôle des prix de la ferme à l’assiette

« Nous suivrons de près le développement des prix de la ferme à l’assiette à travers toute l’Europe et j’espère que de la sorte personne ne sera tenté d’abuser d’une position dominante au dépend des producteurs et des consommateurs », explique sur son blog Mariann Fischer Boel. La commissaire à l’agriculture s’étonne de voir un fossé sans cesse grandissant entre les prix à la production et les prix à la consommation. Elle cite l’exemple d’un producteur belge type qui reçoit 25 centimes d’euro par litre lorsqu’il livre son lait à la laiterie, lequel se retrouve à 1,25 euro le litre dans les rayons des supermarchés. Le scénario est le même dans de nombreux autres pays, bien qu’une amorce de baisse des prix à la consommation soit perceptible dans certains Etats membres, constate-t-elle. La commissaire évoque aussi un exemple dans le secteur des céréales. « Quand les prix du blé ont fortement grimpé l’an dernier, je me suis publiquement demandé pourquoi les prix du pain avaient autant augmenté alors que la part du blé dans le coût de production du pain est relativement peu importante. L’industrie m’avait informée que la part des matières premières était en fait beaucoup plus élevée et que l’augmentation du coût de l’énergie avait aussi un impact.
Maintenant que les prix du blé et de l’énergie ont chuté de manière dramatique au cours de l’an dernier, je pense qu’il est légitime de se demander pourquoi les prix du pain n’ont pas suivi le même chemin », s’interroge Mme Fischer Boel.

Hausse moyenne de 6 % en 2008

Selon l’office européen des statistiques (Eurostat), les prix alimentaires ont progressé en moyenne de 6 % en 2008 par rapport à 2007, l’augmentation était de 7 % pour les produits transformés et de seulement 4 % pour les produits non transformés. Certes, l’augmentation des prix des produits agricoles a contribué l’an dernier à la hausse des prix alimentaires dans l’UE-25. Mais Eurostat observe cependant que les prix agricoles ont commencé à diminuer dans la seconde partie de l’année, alors que les prix alimentaires sont demeurés élevés tout au long de l’année.
Depuis 2000, les prix des produits agricoles et alimentaires ont augmenté dans l’ensemble de 25 % ou de 3 % par an. Cependant, la tendance a été plus régulière pour les denrées alimentaires alors que les prix agricoles ont été caractérisés par des chutes et des hausses soudaines. Une fois corrigée de l’inflation, la progression des prix agricoles à la production depuis 2000 a été de moins de 4 %, soit une progression annuelle ramenée à 0,6 %.

Un agriculteur ne touche que 20 % du prix d’un steak vendu en magasin

« Les agriculteurs sont-ils responsables des prix élevés des produits alimentaires dans les supermarchés ? » : cette question fait l’objet d’un chapitre dans une brochure, sur « l’avenir de la politique agricole commune, quels sont les enjeux ? », en cours d’élaboration au sein des organisations professionnelles et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca).
« Les prix que les agriculteurs reçoivent pour leurs produits n’ont que peu à voir avec le prix que les consommateurs paient au supermarché », répond le Copa-Cogeca dans ce document. « Ainsi, un agriculteur ne touche que 20 % du prix auquel un steak est vendu en magasin et ce, bien qu’il n’y ait pas eu d’opération de transformation. Le reste va au transport et à l’emballage et à la marge retenue par le supermarché ».
« Mais ce n’est pas tout », poursuit le document. « Durant la crise alimentaire en 2007/2008, les prix sont soudainement montés en flèche mais, depuis lors, ils sont retombés aux niveaux d’avant la crise. En fait, au cours des 10 dernières années, les prix que les agriculteurs ont reçu pour leurs produits ont augmenté en moyenne de 2,2 % contre 3,3 % par an pour les prix des produits alimentaires en magasin. Il apparaît donc clairement que les agriculteurs ont pour le moins contribué à maintenir des niveaux de prix bas pour l’alimentation ».

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