Les JA se veulent force de propositions pour la PAC de demain
L'assemblée générale des Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire s'est déroulée mercredi 10 mars dernier à St Paulien. "Des primes… à quel prix ?", tel était le fil conducteur de cette journée ponctuée par une table ronde qui a dégagé quelques pistes de réflexion.

Les Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire ont tenu leur assemblée générale mercredi 10 mars à Saint-Paulien. Cette année, les JA ont axé leur rapport d’orientation sur l’avenir de la Politique Agricole Commune. Après un bref retour sur les grandes étapes de la PAC présenté par le secrétaire général des JA 43 Denis Fayolle, un débat s’est ouvert sur le thème « Des primes… à quel prix ? ». Responsables professionnels agricoles, politiques et opérateurs économiques se sont ainsi réunis autour d’une table ronde animée par Hervé Morainville, directeur de la FDSEA. Ce dernier a planté le décor en relevant deux contradictions majeures dans la politique agricole européenne. D’abord, les Etats souhaitent une régulation des marchés pour lutter contre la volatilité des prix alors qu’on assiste à la progression de la libéralisation des marchés agricoles. De plus, depuis la chute du mur de Berlin, les Etats semblent privilégier une stabilité géopolitique plutôt qu’une stratégie économique.
Quelle PAC post 2013 ?
Si l’agriculture doit et devra relever de nombreux défis (alimentaire, environnemental, aspect social et territorial), elle reste dépendante de l’évolution de la PAC. Gilbert Bros, président de la Chambre d’agriculture, ouvrait le débat en précisant que les orientations de la prochaine PAC devaient être axées sur la préférence communautaire, les contrôles sanitaires à l’importation et la régulation des marchés. Néanmoins une incertitude plane sur le budget alloué à la future PAC dont tous les intervenants s’accordent à dire qu’il sera difficile à maintenir. Selon Jean-Bernard Sallat, administrateur JA et agriculteur dans les Charentes, le système agricole post 2013 va changer. « JA réfléchit à un projet global. On veut des agriculteurs et des emplois nombreux dans nos campagnes. Nous craignons qu’en divisant en 27 pays le budget européen, il sera difficile de maintenir la part française. »
Pour que la prochaine PAC soit favorable aux agriculteurs français, le sénateur Jean Boyer a insisté sur la nécessité « d’avoir l’unité de la France pour défendre une position commune. Les décisions européennes étant prises à la majorité qualifiée, on ne pourra pas seul imposer nos décisions. Il faudra donc s’entourer des Etats « amis » de la PAC (Allemagne, Italie et Espagne). Gilbert Guignand, président de la FDSEA, a ajouté qu’il est capital d’élaborer un projet global pour la France à faire partager aux politiques puis à nos alliés européens. « Attention à ne pas refaire les erreurs du passé en attendant d’abord les décisions politiques. C’est nous qui devons être force de propositions. » Gilbert Bros a précisé que la future PAC, qui pourrait d’ailleurs changer d’appellation – certains évoquent une Politique Alimentaire Commune ou une Politique Agricole Alimentaire Territoriale Commune –, devra privilégier des aides modulables pour que nos régions restent compétitives face à d’autres zones de production françaises et européennes.
Outre l’avenir de la PAC, le président de la Chambre d’agriculture a insisté sur une autre menace, à savoir les négociations à l’Organisation Mondiale du Commerce. « Sans le maintien de barrières douanières, on pourra difficilement résister même si nous sommes organisés au niveau européen.»
Favoriser les circuits courts
L’autre point longuement débattu concernait la commercialisation des productions locales via des circuits courts. Pour Gilbert Bros, c’est un créneau à développer qui répond parfaitement aux exigences environnementales. « C’est un formidable argument de vente d’expliquer qu’acheter des produits locaux plutôt que des produits importés est un geste citoyen contre le réchauffement climatique. » « Les circuits courts apportent une valeur ajoutée, une crédibilité au produit » précisait, quant à lui, Jean Boyer.
Pour développer les circuits courts, Gilbert Guignand a convenu qu’il fallait revoir l’approche commerciale et les rapports entretenus avec les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) et les consommateurs. « Nous devons trouver des moyens d’arbitrage pour que chacun y retrouve son compte. Les GMS doivent alléger les règles de référencement de nos produits pour faciliter les circuits courts». Frédéric Beriou, directeur adjoint de l’hypermarché Géant au Puy, a affirmé la volonté de l’enseigne Géant d’accélérer à l’hyper du Puy l’entrée des produits locaux. Pour cela, une réflexion va être engagée sur une simplification de référencement de ces produits dans les linéaires. Interpellé par Gilbert Bros sur les marges trop importantes que les GMS réalisaient sur les produits, le directeur adjoint de Géant a justifié cette pratique tarifaire en indiquant qu’elle permettait de financer les différents opérateurs qui interviennent dans la manipulation des produits (de la réception à la caisse). «Si on baisse le prix, on devra supprimer des emplois » a indiqué Frédéric Beriou. Gilbert Bros lui a répondu « qu’il n’était pas non plus normal que les agriculteurs n’aient pas de quoi manger à la fin du mois (ce qui a déclenché les applaudissements de la salle). Les producteurs ont travaillé pour dégager des gains de productivité. Il est temps que transformateurs et GMS en fassent de même ». Jean-Bernard Sallat a évoqué la mise en place de l’Observatoire des prix et des marges qui a permis de dénoncer de nombreuses pratiques abusives.
Le directeur adjoint de Géant a souhaité recentrer le débat sur le consommateur qui ne sera pas prêt à payer un prix plus cher. « Les habitudes de consommation changent. Les budgets des ménages évoluent peu ou pas. Si on augmente les prix, ils seront tentés de préférer des produits moins bons mais moins chers afin de maintenir leur budget alloué aux loisirs ou aux nouvelles technologies. Attention à ne pas systématiquement montrer du doigt les GMS. Il est important de ne pas oublier les aspirations des consommateurs et l’évolution des modes de consommation.»
Si les points de vue sur les pratiques tarifaires dans les GMS s’opposent, tous les intervenants s’accordaient sur la nécessité d’améliorer la communication des produits et des pratiques agricoles. « Pour faire avancer les choses, positivons sur nos métiers auprès des consommateurs. C’est à nous de vanter la qualité de nos produits pour que les consommateurs continuent à nous faire confiance en préférant nos produits » a insisté Gilbert Guignand. Frédéric Beriou a conforté les professionnels sur ce point en insistant sur le fait que les consommateurs recherchent des informations sur l’origine et les modes de production des denrées qu’ils achètent.
Acquis syndicaux
• Installation : mise en place du nouvel accompagnement, labellisation des JA 43 en tant que structure porteuse du Point Info Installation, augmentation du plafond des aides à l’installation de 55 000 à 70 000 e.
• Dossier lait : 30 millions d’e d’aides supplémentaires spécifiques, 30 millions d’e pour les filières d’élevage laitier et porcin, signature de l’accord sur le prix du lait de juin 2009 à 280 e/1000 l (prix minimum pour les producteurs 56 e plus élevé que celui de nos voisins européens), maintien de l’interprofession, aide à l’obtention d’une enveloppe destinée à aider financièrement les producteurs URCVL, reprise de Via Lacta par Entremont et de tous les producteurs et litrages URCVL par 25 entreprises.
• PAC : rééquilibrage des aides avec entre 16,5 et 22 millions d’e de retour sur la Haute-Loire, revalorisation de la prime à la brebis, aides laitières pour les zones de montagne, maintien de la PHAE 2, revalorisation de 10 % des ICHN sur les 25 premiers ha, retrait du gel de 5 % pour l’aide ICHN 2009
• Autres dossiers : aide au maintien des animaux touchés par la FCO dans les exploitations, défense du dossier sécheresse, mise en place du numéro vert pour les agriculteurs en difficulté…