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Les Gilets jaunes ont également bloqué le Cantal ce week-end

Le mouvement citoyen initié à la base pour exprimer une colère contre la hausse des taxes sur les carburants s’est rapidement transformé en ras-le-bol généralisé.

Le rassemblement gilets jaunes sur Aurillac a réuni beaucoup de monde.
Le rassemblement gilets jaunes sur Aurillac a réuni beaucoup de monde.
© J.-M. A

L’appel citoyen lancé il y a quelques semaines par le collectif “Blocage contre la hausse des prix du carburant Cantal 15” a trouvé écho ce week-end sur l’ensemble du département. À Aurillac, 1 200 manifestants selon les services de Police, plus de 1 500 selon notre comptage, ont pris part à ce coup de gueule plutôt convivial, bien que la colère a largement dépassé le cadre du carburant. “C’est un ras-le-bol généralisé de toutes ces politiques qui nous taxent jour après jour, pestait Gérald, 38 ans. Il y en a marre de nous faire taper dessus à longueur d’année, alors qu’eux s’en mettent plein les poches !” Eux, ce sont le Président de la République et son gouvernement, les parlementaires et politiques, les grosses sociétés, les actionnaires...

Le cortège s’est renforcé au fil de la journée

Au départ du Prisme d’Aurillac, ils étaient donc un gros millier samedi matin à suivre les instructions bon enfant du collectif. À savoir bloquer trois ronds-points des entrées aurillacoises : celui de la gendarmerie, de Géant Casino et de Weldom. Vers 9 h 30, le cortège principal s’en allait à pied du côté de la gendarmerie. Les rangs gonflant d’ailleurs au fur et à mesure de l’avancée. En tête de cortège, des voitures pour ouvrir la route, parfois de grosses berlines, et des motos venues également faire ronfler les moteurs. En première ligne des marcheurs, deux banderoles explicites : “Macron démission” et “En Amérique, ils ont Donald et en France nous avons Picsou”. Mais derrière cet humour de façade, une colère déjà palpable. Denis, 56 ans, commerçant itinérant, présent “pour défendre mon bifteck. Au niveau du pouvoir d’achat, quand je fais le plein de gazole, entre autres, je mets 20 € de plus par semaine. C’est près de 100 € par mois. Et j’ai bien du mal à me le permettre”. Le commerçant pousse même l’analyse un peu plus loin. “Moi, je fais des marchés. Il est clair que le pouvoir d’achat des clients va être impacté. Ils consomment déjà moins, surtout les retraités qui font beaucoup les marchés. On sent bien que pour eux, cela tire. Alors, ils n’achètent plus, ne consomment plus.” Un peu plus loin, c’est Laure, une infirmière, qui déplore la situation. “Plus on va, moins on avance. Cela dépasse largement le cadre de l’augmentation des taxes pour le carburant. C’est un ras-le-bol généralisé. Je trouve bien que l’on soit là sans syndicats, sans politiques. Heureusement d’ailleurs, sinon, je ne serais pas venue.” Arrivés au rond-point, les manifestants bloquent, filtrent à leur guise et laissent passer au compte-goutte les véhicules. Un tracteur vient même rejoindre le cortège. Certains sont invités à rester sur place pour poursuivre le blocage. Les autres sont priés d’aller au deuxième rendez-vous, et, quitte à perturber, en passant pas les grands boulevards. Cette fois, pour des raisons de sécurité évidente, c’est la police qui ouvre le chemin. Remontant la D 120, le cortège vire alors sur l’avenue Charles-de-Gaulle en direction du rond-point de Géant Casino. Sur place depuis plusieurs minutes, une cinquantaine de Gilets jaunes avait déjà commencé un blocage. C’était le cas notamment de Raphaël et sa copine Anna, 18 ans tous les deux : “Moi je bosse et je manifeste pour tout en fait : l’essence, les impôts, les taxes...”, précisait le jeune homme, avant de faire un pas en arrière pour bloquer une voiture. Une action peu appréciée du conducteur et qui verra le renfort de quelques Gilets jaunes pour désamorcer un début d’énervement. Anna, encore étudiante, est sur la même longueur d’ondes que son ami. “Tous les jours, je fais l’aller-retour sur Maurs en voiture. J’ai mon bac à la fin de l’année. Je fais comment ?” Les deux avaient envisagé de se mettre en ménage. “Et bien du coup, on va attendre.”

“Payer, toujours payer !”

Les esprits seront un peu plus tendus quelques instants plus tard, au moment où le cortège principal rejoindra les troupes. La raison : la proximité du CMC. Pas mal de professionnels de santé assuraient leur service et il était bien compliqué de passer, malgré les directives reçues. Des infirmières libérales ont ainsi eu beaucoup de mal à se faire comprendre, même avec leur macaron spécifique. De son côté, le cortège change encore de slogan pour un “Macron, on n’est pas des pigeons”, avant de redescendre l’avenue, puis de prendre la direction du boulevard de Verdun et l’avenue Georges-Pompidou. Il est l’heure de rejoindre celles et ceux qui ont pris possession du rond-point de l’Europe. À cet endroit, quelques Gilets jaunes sont munis d’une pétition à faire signer. “J’utilise ma voiture tous les jours et c’est insupportable de devoir sortir tout cet argent, pestait Cécile, psychologue. La taxe sur le carburant, c’est un trop-plein, si l’on peut faire ce jeu de mots.” Plus loin, Albert enchaîne : “Qu’on m’explique à quoi vont servir les 4 000 € qu’ils veulent donner pour changer les voitures. Non seulement c’est notre argent, mais il faudrait encore payer pour changer de voiture. Mais moi, je n’ai pas les moyens de changer de voiture !”.

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