Les Cantaliens sous la barre des 150 000 habitants
L’arrivée de nouveaux actifs ne parvient pas à enrayer le déficit du solde naturel démographique du département, qui voit la population de ses zones péri-urbaines croître.
L’analyse de l’évolution de la population cantalienne diffusée il y a tout juste un an par l’Insee avait redonné un peu d’espoir quant aux perspectives démographiques d’un département en voie de dépeuplement. Selon les statisticiens de l’Institut, le Cantal avait en effet stabilisé ses effectifs entre 1999 et 2005, année où la population était estimée à 150 800 âmes. Un espoir à moitié entretenu par les chiffres de la population légale publiées ce début janvier qui révèlent qu’avec 149 700 individus recensés au 1er janvier 2006, le Cantal descend en-dessous du seuil psychologique des 150 000 habitants et a ainsi continué à en
perdre depuis 1999 : un millier de moins en sept ans, soit une baisse annuelle de 0,1 % de sa population, certes moins marquée que celle de la décennie précédente. L’hémorragie est donc freinée mais se poursuit. Le département reste dans le triste palmarès des six départements métropolitains qui ont vu leur population régresser depuis 1999. En 40 ans, le Cantal s’est ainsi vidé de 14 % de ses habitants.
Les aires urbaines avancent
Placé 90e département français pour sa population et 92e pour sa densité (26 habitants au km2, soit le quart de la moyenne nationale), les Cantaliens subissent un autre affront, celui d’être devenus moins nombreux que les Haut-Corses... Bonne nouvelle cependant, déjà relevée l’an dernier par l’Insee : la confirmation d’un solde migratoire redevenu positif, après trois décennies d’émigration. Le Cantal attire donc plus de personnes qu’il n’en fait fuir, signe que les mentalités des autochtones évoluent, à l’image des opérations d’accueil d’actifs qui se multiplient depuis une dizaine d’années. Signe aussi d’une société urbaine en mal d’espace et d’oxygène, à la recherche de territoires où le temps serait moins accéléré. Des atouts sur lesquels communique désormais positivement le Département. Pour autant, ce regain d’intérêt ne suffit pas à pallier le déficit naturel démographique qui reste conséquent. Sans surprise et dans la lignée de la tendance nationale, la périurbanisation s’accentue dans un département à dominante rurale : certaines petites communes périphériques d’Aurillac enregistrent ainsi un taux de croissance de leur population supérieur à 1,5 % par an. C’est le cas de Saint-Paul-des-Landes, Yolet, Sansac-de-Marmiesse ou encore Teissières-lès-Bouliès et Ytrac. Sur 29 communes de la couronne péri-urbaine aurillacoise, seules sept subissent une érosion contre 17 la décennie précédente. Et avec 57 600 habitants en 2006 (800 de plus qu’en 1999),
l’aire urbaine d’Aurillac voit sa population croître de 0,2 % par an sur la période, regroupant de fait un Cantalien sur quatre.
La montagne désertée
Ce regain périphérique vient compenser une chute de la population aurillacoise intra-muros : en sept ans, la ville a perdu près de 1 100 habitants avec un rythme de décroissance cinq fois plus soutenu que lors de la période 1990-1999. Un constat de nature à faire peser une pression supplémentaire sur les épaules de l’équipe municipale, appelée à doter au plus vite la préfecture cantalienne d’atouts en matière immobilière notamment. De l’autre côté du Lioran, la commune de Saint-Flour peut elle au contraire s’enorgueillir d’un véritable renouveau, lié sans conteste à la desserte de l’A 75. Avec 6 663 habitants au compteur de 2006, Saint-Flour renoue avec la croissance démographique, entraînant dans son sillon les communes avoisinantes de Saint-Georges, Mentières, Anglars, Talizat. À l’ouest, quelques éclaircies dénotent du repli autour de Mauriac, Saint-Bonnet, Anglards, Drugeac, ainsi que Saint-Pierre. L’espace cantalien considéré à dominante rural voit sa population se rétracter (92 128 habitants, - 0,3 % / an depuis 1999) avec une densité d’à peine 18 habitants au km2. Une situation qui affecte davantage encore les territoires de montagne, qui voient leur population s’étioler, malgré la diminution de leur déficit migratoire. Les 129 communes dont l’altitude de la mairie dépasse les 800 m ont perdu trois habitants sur dix entre 1999 et 2006. Les massifs du Cézallier, de l’Artense et de la Margeride sont emblématiques de cette montagne cantalienne qui se vide. Pour éviter les projections les plus pessimistes tracées en 2008 par l’Insee, le Cantal doit plus que jamais compter sur les deux seuls leviers à sa disposition : la poursuite d’une politique offensive d’accueil et un taux de fécondité plus ambitieux.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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