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Lentille blonde de Saint-Flour : retrouver du volume avant l’AOP

Mercredi 5 mars, l’Association interprofessionnelle de la lentille blonde de Saint-Flour était en assemblée générale. Pause sur le dossier AOP en attendant de trouver de nouveaux producteurs.

un tas de lentilles
L'AILB cherche de nouveaux producteurs
© b.parret

Les acteurs de la filière lentille blonde de Saint-Flour se sont retrouvés dans les locaux de l’Adapéi du Cantal sur la zone d’activité de Volzac à Saint-Flour pour la tenue de l’assemblée générale annuelle de l’Association interprofessionnelle de la lentille blonde (AIBL). Au-delà des bilans d’activité et comptable, la réunion a permis de mettre en lumière le chemin à parcourir, 20 ans après la réintroduction de la petite légumineuse sur les terres volcaniques de la Planèze de Saint-Flour et de sa périphérie autrefois désignée comme le grenier céréalier de la Haute-Auvergne. Ils ne sont pas si nombreux à porter et croire dans ce projet de diversification agricole. Mais ceux qui sont là ne veulent pas baisser les bras. Au contraire, ils s’attachent à poser de nouveaux jalons pour l’avenir. 
 

Pause sur l’AOP

Nous n’abandonnons pas"


Aujourd’hui, la production de lentille blonde sur la zone territoriale définie pour l’obtention de l’appellation 
d’origine protégée (AOP) représente 24 producteurs pour 44 hectares cultivés et 21 tonnes commercialisables. Ce sont deux producteurs de plus et un hectare supplémentaire par rapport à 2023. Le rendement moyen se situe à neuf quintaux à l’hectare avec de fortes fluctuations d’une saison à l’autre selon les conditions météorologiques. Tout ceci est-il suffisant ? Pas vraiment... Aussi l’AIBL, qui regroupe les producteurs et les trieurs-conditionneurs, a décidé de faire une pause dans la candidature de la lentille à une AOP. Un arrêt au milieu du gué pour certains mais nécessaire aujourd’hui. “Nous n’abandonnons pas, défend le président Henri Cairon. Le dossier, les contrôles, cela coûte cher et repose sur les épaules de quelques-uns.” Un point sur lequel d’ailleurs, la commission d’enquête de l’Inao (Institut national des appellations d’origine) avait mis le doigt lors de ses dernières visites. 
 

Des atouts pour les producteurs ?

On recense 24 producteurs pour 44 ha cultivés.


“Avant d’aller plus loin, nous devons trouver de nouveaux producteurs, des jeunes si possible, sur la base du volontariat, fait part Sylvain Rispal, trésorier de l’association. Sur la base du volontariat car il est quand même étonnant, sur une si petite production autant localisée, que seuls 14 producteurs soient adhérents sur 24.” Loin de vouloir polémiquer mais bien décidé à avancer collectivement, l’interprofession veut séduire les candidats potentiels et bien entendu les clients pour garantir les ventes. Les chiffres font ressortir un retour pour le producteur de près de 1 000 € à l’hectare sans compter les aides Pac. Il est possible de coupler avec une autre céréale, offrant de l’aliment pour le bétail et de la paille. L’assemblage avec de l’orge - comme des producteurs l’ont expérimenté - permet à la lentille de moins se coucher et en cela de limiter les pertes. Élu de la Chambre d’agriculture du Cantal, Mathieu Izabel propose dans le cadre des prochaines discussions avec la Région que la culture de la lentille puisse être liée à un complément de DJA (dotation jeune agriculteur) pour des jeunes qui voudraient se lancer(1). Le prix payé et garanti aux producteurs de 1,60 euro le kilo pourrait être revu à la hausse.  


Demande assurée


L’AIBL était d’ailleurs présente à la fête de la Terre, organisée par les JA 15 à Valuéjols ainsi qu’au Salon de l’agriculture il y a quelques jours, aux côtés de la SAS Lentille blonde. La communication se poursuivra cette année pour faire connaître le travail de l’AILB, se démarquer de la concurrence et séduire.    
Les débouchés existent, assure Alain Costes, vice-président de l’AIBL et président de l’Adapéi, acteur de la filière pour le tri, le conditionnement et la commercialisation. La structure a embauché un commercial(2). 
Les marchés existent donc, et même si la lentille de Saint-Flour se veut un produit haut de gamme, elle est surtout très naturelle par rapport à certaines importations “élevées” au glyphosate et au gaz pour accélérer la maturation. Si le projet lentille fut un temps aidé, aujourd’hui, les subventions sont à zéro. Seule la chambre d’agriculture du Cantal poursuit son accompagnement en détachant une technicienne pour l’animation et l’appui technique. Loin des niveaux historiques, “la production de lentille repart à la hausse avec deux arrivées cette année et des contacts, se félicite Sylvain Rispal. À nous de convaincre avant de rouvrir le dossier AOP”.
Un autre frein que les producteurs voudraient lever est celui des prairies sensibles sur la Planèze. Guillaume Maronne, de la Direction départementale des territoires (DDT), venu rappeler les aides Pac liées aux cultures, a aussi tenté de redonner le cadre de la protection de la biodiversité.


Prairies : sujet sensible


“Une mesure excessive” en terme de surfaces concernées, dénoncent les agriculteurs même s’ils ne remettent pas en cause le principe général. “On nous limite sur des terres qui autrefois étaient entièrement cultivées”, martèle Henri Cairon. “Cela va à l’encontre du potentiel agronomique de la Planèze et oblige, dans un effet pervers, à “pousser” les quelques parcelles labourables”, complète Daniel Ricard. 
Il s’agit d’un véritable handicap pour le développement de la lentille, quand bien même une dérogation au non retournement de ces prairies a été obtenue. Sans terre supplémentaire à cultiver, l’élevage pourrait mobiliser tout le potentiel si les cours de la viande restent attractifs.


(1) En tant qu’élu de la Chambre d’agriculture, il a été proposé à Mathieu Izabel de participer comme invité au conseil d’administration de l’AILB. 
(2) L’Adapéi est actionnaire principal de la SAS Lentille blonde. La société était dirigée par Pierre Balèz, décisionnaire pour rejoindre une autre structure. 

 

Un nouveau président ? 

Après le renouvellement du tiers sortant dans les deux collèges, producteurs et trieurs-conditionneurs, le conseil d’administration doit se 
réunir pour l’élection du bureau. Henri 
Cairon étant démissionnaire, Sylvain Rispal a fait part de sa candidature pour la présidence.

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