Entretien
« Le monde agricole est attaché au régime de la MSA »
Selon Jean-Bernard Bayard, secrétaire général adjoint de la FNSEA, les électeurs des collèges « exploitants » et « employeurs agricoles » ont reconnu le travail réalisé par le réseau FNSEA-JA.
- Comment expliquez-vous le bon résultat des listes FDSEA/JA de ces élections MSA ?
Jean-Bernard Bayard : Les listes issues du syndicalisme majoritaire (celles FDSEA/JA, celles présentées au nom de l’ensemble des syndicats et OPA, ou celles sous-bannière MSA, ndlr) ont fait un excellent score puisque qu’elles comptabilisent, au niveau national, et pour les premier et troisième collèges (exploitants et employeurs, ndlr), 76 % du nombre total d’élus. Les élus issus du syndicalisme majoritaire sont près de 10 300 pour environ 13 500 élus au total.
Les paysans ont reconnu le travail réalisé par notre réseau FNSEA-JA sur le terrain et notre esprit de responsabilité, malgré un contexte difficile en raison de la hausse des cotisations sur l’assurance maladie et les retraites. Le monde agricole montre aussi qu’il est attaché au régime de protection sociale de la MSA.
- A quoi est due la baisse sensible de la participation cette année par rapport à 2005 ?
J.-B.B. : J’estime que ce taux de participation (39 %, ndlr) est un bon score, et s’il a baissé depuis 2005, une année record, il est supérieur à celui de 1999 (36 %, ndlr). Il y a plusieurs explications à ce recul. Il est d’abord lié aux dernières fusions de caisses locales de MSA qui brouillent un peu les cartes. Ensuite, l’année très difficile qu’a été 2009 pour les agriculteurs, caractérisée par une forte baisse de leur revenu, en a désabusé plus d’un.
Par ailleurs, les élections de 2005 sont arrivées juste après l’obtention de la retraite complémentaire obligatoire (RCO) en agriculture et celle du nouveau schéma de l’assurance accidents du travail, et ces événements ont poussé les électeurs aux urnes. De plus, 2005 fut le premier scrutin réalisé par correspondance, une nouvelle manière de voter dont on a beaucoup parlé à l’époque et qui a pu motiver les électeurs.
- Quels dossiers va défendre la FNSEA au niveau de la Caisse centrale de la MSA ?
J.-B.B. : La FNSEA va y défendre son programme qui concerne d’abord le dossier des retraites agricoles. Va-t-on s’acheminer sur les 25 meilleures années de revenu pour asseoir la valeur de la pension de retraite que recevra l’ancien exploitant, comme c’est le cas pour les salariés du régime général ? Nous attendons aussi que l’enveloppe promise par le Président de la République afin d’augmenter les très petites retraites, soit intégralement consommée, car elle ne l’est qu’à environ 70 % aujourd’hui. Nous voulons également que les exploitants aient la garantie d’un minimum retraite à hauteur de 75 % du SMIC, comme les pouvoirs publics s’y sont engagés. Actuellement, nous n’en sommes qu’à 70 %. Enfin, en 2010, le gros volet sera la négociation globale sur les retraites, tout secteur économique confondu, dans laquelle la FNSEA va plaider que les retraites agricoles entrent dans le schéma général d’un minimum de retraite équivalant à 85 % du SMIC.
Nous allons nous battre aussi pour obtenir le versement d’indemnités journalières pour les accidents ou les maladies de la vie privée, comme les agriculteurs en bénéficient déjà pour les accidents du travail ou les maladies professionnelles.
En outre, au sujet du paiement des cotisations sociales dues par l’exploitant à la MSA, nous plaidons pour un retour au système de l’année N qui nous permettait de payer les cotisations l’année de la réalisation de notre revenu. Sa suppression en 2001 pour un système N -1 a induit une année de décalage, avec le paiement des cotisations l’année suivant la réalisation du revenu, ce qui peut être préjudiciable lorsque que l’on doit payer les cotisations sociales assises sur l’année de revenu précédente bien meilleure que l’année de revenu en cours. Et c’est le cas cette année avec la grave crise de 2009.
Enfin, nous nous battons pour l’harmonisation du coût du travail saisonnier ou permanent en Europe, source, dans le cas contraire, de distorsions de concurrence très dommageables pour les employeurs de main-d’œuvre français par rapport à leurs homologues européens.