Le martelage, pour récolter les arbres à maturité
Jeudi 8 février, la forêt de Pelgeires, au-dessus de Badaroux, a résonné des discussions joyeuses et de l’opération de martelage menée par les agents ONF de l’unité territoriale causses et de son responsable, Laurent Toiron.
Jeudi 8 février, la forêt de Pelgeires, au-dessus de Badaroux, a résonné des discussions joyeuses et de l’opération de martelage menée par les agents ONF de l’unité territoriale causses et de son responsable, Laurent Toiron.
Le martelage est au cœur du savoir-faire du forestier. Cette pratique sylvicole consiste à désigner, au marteau ou à la peinture, les arbres à récolter au profit d’autres arbres qui vont poursuivre leur croissance et auront plus de place pour se développer. Chaque année, d’octobre à avril, les forestiers de l’ONF procèdent à des opérations de martelage en forêt. Ils choisissent les arbres à conserver et ceux à prélever. Un travail indispensable à la récolte d’un bois de qualité et au renouvellement des forêts, car les arbres non marqués pourront ainsi prendre plus de place. Les marques laissées sur l’écorce indiquent que l’arbre sera bientôt coupé pour commencer une seconde vie sous forme de charpentes, de mobiliers ou d’éléments de décoration. Au cours de cette opération, les forestiers marquent aussi à la peinture de couleur chamois les arbres à conserver pour la biodiversité (arbre à cavités, vieil arbre…).
Une forêt qui se renouvelle
Équipés de leur marteau, d’une bombe à peinture et de leurs téléphones pour le suivi des arbres, les huit agents de l’ONF se répartissent le travail une fois arrivés sur les lieux. La parcelle visée ce matin-là fait une dizaine d’hectares mais seuls quatre hectares seront travaillés par les agents de l’ONF, « un ancien îlot de vieillissement donc une parcelle dense ». L’objectif du jour était de réaliser une coupe d’amélioration pour en favoriser la régénération naturelle, en prélevant environ « un tronc sur trois ».
Lors du martelage, la première marque est faite sur le tronc à hauteur d’homme (1,30 mètre). Elle est ainsi bien visible par le bûcheron. Une autre est réalisée au niveau de la souche. On parle de marque au pied. Ainsi, les forestiers peuvent s’assurer après la coupe que seuls les arbres martelés ont été coupés par les bûcherons. En effet, il est interdit de récolter un arbre qui n’a pas été désigné, sous peine d’être verbalisé. Lorsque le martelage est réalisé au marteau, celui-ci porte le sceau « AF » (administration forestière). « Le martelage est l’opération la plus noble pour un forestier, je dirais, car c’est par cet acte qu’on contribue à façonner la forêt de demain », détaille Laurent Toiron. « C’est un geste loin d’être anodin. Et pour expliquer notre raisonnement en forêt : avant de choisir l’arbre à marquer, on regarde d’abord l’arbre qu’on veut garder ». Ce jeudi, la parcelle de pins noirs visée par l’opération de martelage a été plantée dans les années 1900. Le temps long de l’arbre n’est pas celui de l’humain, mais sa gestion doit se conformer à la lenteur de croissance de la forêt. Soumises à des plans de gestion qui orientent les axes de travail dans les forêts, les opérations de martelage répondent aussi à ces objectifs : « par exemple, sur cette parcelle, on souhaite fournir du pin de qualité pour la filière ». Au-dessus de Pelgeires, cette forêt domaniale avait été plantée pour la préservation des sols notamment, il y a près de 120 ans. Désormais arrivés à maturité, certains arbres désignés ce matin-là vont connaître une seconde vie.