Le lapin, la bonne idée pour s’installer
Le groupement cantalien de producteurs de lapins voit poindre des éléments de contexte favorables au développement de cette production.
L'initiative est celle de l’interprofession du Massif central, le GLMC : une charte qui associe des partenaires institutionnels avec les différents acteurs de la filière, notamment pour faciliter la création de nouveaux élevages (voir encadré). Car les groupements saluent un contexte très favorable au choix du lapin pour s’installer en agriculture. “Nous sommes en zone d’élevage, de toutes sortes d’élevages”, précise en préambule Nicolas Bardy, président du groupement de producteurs de lapins du Cantal, le Gepacc, et trésorier du GLMC. Et d’observer une inquiétante pyramide des âges des éleveurs cunicoles dans nos régions, et dans le Cantal en particulier. “C’est toute une génération qui part en retraite, laissant des bâtiments obsolètes”, constate-t-il. Parallèlement, on ne compte chaque année que trois à quatre nouvelles installations au niveau national ! C’est dire le potentiel qui s’ouvre.“Le métier a changé, c’est désormais une installation à part entière, une activité à temps plein”, relève Serge Bastide, responsable de la production lapin et volaille chez Jambon et animateur du groupement de producteurs de lapins pour le département. Nicolas Bardy ajoute qu’il y a, en outre, “peu de contraintes environnementales et la nécessité de bien peu de foncier, à un moment où celui-ci grimpe en flèche”. Il n’ignore pas le principal écueil qui était dénoncé, concernant la dépendance au coût de l’aliment, sans compensation, et qui avait menacé les élevages dans les années 2007 et 2008. Mais ce n’est plus d’actualité.
Un revenu indexé sur les charges
“À présent la production finie est indexée sur la matière première”, rassure le président du Gepacc. “De quoi sécuriser les projets et les banquiers, en offrant un gage, une lisibilité entre les coûts de production et le prix de vente.” On sait aussi qu’il y a très peu de variabilité économique d’un élevage à l’autre, avec un écart type très resserré. Si actuellement les élevages comptent en moyenne 500 femelles, il serait plutôt aujourd’hui conseillé à un jeune qui s’installe l’achat de 600 mères, constituant un excellent point de rentabilité. Et Serge Bastide de prendre sa calculette : pour une installation dont l’investissement serait compris entre 300 et 350 000 euros, le chiffre d’affaire atteindra les 180 000 euros, dégageant au moins 50 000 euros d’excédent brut d’exploitation (EBE), soit 25 000 euros de net. “Le métier s’est rationalisé”, commente Nicolas Bardy qui sait aussi qu’un atelier cunicole peut agréablement compléter une exploitation bovine, à l’occasion de l’entrée d’un nouvel associé dans un Gaec, par exemple. “Et c’est un excellent moyen pour valoriser les effluents en trouvant des équilibres intéressants avec un lisier de lapin réputé riche et complet.”
Il y a de la place
Malgré ces atouts, les abattages continuent de fléchir, avec- 1,6 % contrôlés par an, liés à une production qui ne fournit pas assez. “On risque de sombrer dans un vrai problème de filière, avec trop peu de marchandise pour remplir les chaînes d’abattage et les rayons de supermarché”, s’inquiète Nicolas Bardy. Voilà pourquoi les éleveurs cunicoles tablent sur une dynamique collective à même de séduire des jeunes. Une des raisons pour lesquelles le Gepacc sensibilise les lycéens des établissements agricoles. Avec un certain succès, certains s’y intéressant désormais de près.
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