La pomme du Limousin, un produit d'exception, un marché tendu
L'AOP « Pomme du Limousin » s'est réuni à Lubersac pour son assemblée générale. Une salle comble est venue écouter le bilan de la précédente campagne.
La pomme du Limousin, un produit d'exception, un marché tendu
C'est une salle comble qui a accueilli Laurent Rougerie et son équipe ce 13 février. Les cultivateurs étaient réunis après une saison difficile. De l'aveu de Laurent Rougerie, Président de l'AOP, « Il était possible depuis quelques années d'apporter des choses positives à dire lors de l'AG, mais cette année, ce sera difficile ». En effet, les chiffres de la récolte 2021 ne sont pas bons, puisque celle-ci est déficitaire de 30%.
Une situation à améliorer
Le Syndicat de Défense de l'AOP Pomme du Limousin (SDPL) représente 72% des 225 producteurs, et couvre 83% de la surface, soit 2036 ha. Le potentiel de production est estimé en moyenne à 80 000t constituées à 90% de la variété Golden, mais depuis 2020, un déficit moyen de 33% est observé. Le président du SDPL observe sur ce point : « Le rendement moyen est de 29t/ha sur les 3 dernières campagnes au lieu de 42t/ha. Nous avons subi le gel en 2021 et 2022, et sur 5 ans, 3 années ont été marquées par la sécheresse comme 2019, 2021 et 2022. Les ravageurs sont aussi un facteur limitant ». La surface des vergers, mais surtout le nombre d'exploitants, ne cessent de baisser, particulièrement à cause des départs en retraite. Si les surfaces se stabilisent autour de 2500ha, c'est une perte approchant les 5% d'exploitants chaque année qui est à déplorer. Le SDPL rappelle qu'en 20 ans, c'est 50% des exploitations qui ont été perdues et 1/3 de la surface des vergers. Cependant, la note positive concerne le taux de renouvellement des vergers limousins, avec 4,6% en 2022 (contre 4,7% en 2021) que l'on peut mettre en face du taux national de 2,9%, ce qui constitue une belle performance limousine, même si ce taux détient un potentiel de 6% qui reste à atteindre pour maintenir une production optimale. La variété Golden enregistre quant à elle un taux de renouvellement de 2,8% contre une moyenne nationale à 1% en 2022.
Une récolte 2021 décevante
Malgré une floraison en quantité, deux épisodes de gel début avril ont réduit grandement la récolte, et seules les fleurs de bois de l'année, plus tardives ont pu donner du fruit. Les attaques de pucerons cendrés ont aggravé la situation en augmentant la proportion de pommes de petits calibres. De ce fait, 30 à 35% de déclassement en industrie ont été enregistrés.
Des aides pour soutenir la filière
Dans le domaine des calamités, « le soutien sur 2021 a été très important » selon Laurent Rougerie, « alors qu'en 2022 le dossier est toujours en attente sur le gel » continue-t-il, ce qui fut confirmé par Laurence Vallée Hans de la DDT qui ajoute « que le dossier passera, ce n'est qu'une formalité ».
Si l'assurance récolte fait largement débat, les arboriculteurs ont bien compris que pour bénéficier des aides « calamité » aux plus hauts taux, il faudra investir dans un nouveau contrat d'assurance. Et dans le cadre des calamités, Laurent Rougerie annonce « deux nouveaux programmes d'aides de FranceAgriMer. Le premier concernera les investissements pour se protéger du gel, de la grêle, de la sécheresse à hauteur de 40% accessible aux assurés « récolte ». La deuxième, pour les non assurés, ne concernera que les protections contre la sécheresse seule à hauteur de 30% ». Ces conditions devraient inciter plus d'un arboriculteur à souscrire (voir à ce sujet notre encadré pour plus de précision).
« Un marché difficile »
Sur le plan commercial, « le marché est difficile, les prix ne suivent pas l'inflation des charges, alors qu'il manque 20cts/kg » juge Laurent Rougerie. En effet, le marché français est de plus en plus « bataillé » alors que la pomme française est de moins en moins compétitive en export. Il analyse : « Ces exportateurs se redirigent vers le marché national » provoquant ainsi une offre trop importante. Ajoutons à cela un pouvoir d'achat en berne chez les consommateurs « qui marque une descente en gamme vers des produits moins chers, alors que l'AOP propose des produits hauts de gamme. Les produits bio, sont quant à eux en chute libre » conclut-il. Cependant, le syndicat s'alarme de la « compétitivité en berne face aux concurrents européens, à cause d'une distorsion sociale (et des charges moindres) et d'une autre distorsion, règlementaire celle-là (des moyens de production moins regardants à l'étranger) ».
Alors, le cahier des charges de l'AOP reste un atout de taille pour contrer la concurrence étrangère, et pour proposer un produit de qualité. Le contrôle des conditions de production, ainsi que le contrôle du produit sont assurés, tout comme des avis, qui peuvent parfois être défavorables, de la part de dégustateurs avertis recrutés pour le contrôle qualité.
Une promotion très visible
La première des promotions, consiste à entretenir de bons rapports avec le voisinage des vergers, et c'est pourquoi des outils sont mis à disposition, et notamment des manches à air, pour observer la vitesse du vent et constater que la pulvérisation de produits se fait dans de bonnes conditions. L'application « Phyto Alerte », téléchargée plus de 1 000 fois permet d'informer les riverains sur les traitements à venir.
Concernant le consommateur final, « La route de la pomme » a permis d'organiser une journée autour d'une randonnée et de la visite de vergers pour informer le grand public, toujours sensible aux défis environnementaux, et à la qualité des produits. Ensuite, c'est la Confrérie de la Pomme du Limousin qui est mise en avant avec de nombreux rendez-vous lors d'évènements touristiques ou culturels, comme le Festival de l'Elevage de Brive fin août. La presse et le community management font maintenant parties des outils mis en oeuvre par le syndicat, afin de mieux faire connaître les produits de notre région, la pomme étant un fer de lance de notre département.
Si les nouvelles des dernières récoltes ne sont pas excellentes et les perspectives devant une très probable sécheresse cette année ne le sont pas plus, l'envie de l'AOP du Limousin, animé par le Syndicat de Défense de l'AOP Pomme du limousin, de démontrer la qualité de leur produit est grande. Et c'est avec la motivation de leur équipe et de tous les pomiculteurs présents lors de cette assemblée générale que nous pouvons constater que la pomme de chez-nous est encore un fruit à déguster sans aucune modération.
Véronique Legras
Les aides de FranceAgriMer
Il s'agit de deux dispositifs ouverts pour l'aide à l'investissement « permettant d'améliorer la résilience individuelle des exploitations agricoles face aux aléas climatiques (grêle, gel, vent, sécheresse...) ». En d'autres termes, il s'agit d'aides permettant d'investir dans du matériel de protection.
La première enveloppe de 20 MEUR est réservée aux agriculteurs assurés contre le risque climatique. Le taux d'aide est de 40% avec une bonification JA et Cuma de 10%. Le plafond de l'aide est fixé à 40 000 EUR HT par demande, et jusqu'à 150 000 EUR HT pour les Cuma et Asa pour un investissement minimal de 2 000 EUR. Le dispositif est ouvert depuis le 13 février, jusqu'à épuisement des crédits.
La deuxième dispositif, sera ouvert à tous et doté de 20 MEUR et « vise à financer les seuls matériels visant à lutter contre la sécheresse ». Le taux d'aide est de 30% avec, là aussi, une bonification de 10% pour les JA et les Cuma. Comme pour l'aide précédente, le plafond est fixé à 40 000 EUR HT et 150 000 EUR HT pour les Cuma et Asa. Il est à noter que ce second guichet sera ouvert, une fois que le premier fermé, après épuisement de son enveloppe.
Pour toute question, vous pouvez vous orienter vers FranceAgriMer à cette adresse : fr-aleasclimatiques@franceagrimer.fr
Pour déposer votre dossier, flashez le code : https://pad.franceagrimer.fr/pad-presentation/vues/publique/retrait-dispositif.xhtml?codeDispositif=ALEAS_22