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« La France a vendu son agriculture »

Rencontre en préfecture et opération de communication place de Jaude : les agriculteurs du Puy-de-Dôme dénoncent les décisions politiques qui destructurent les filières et entraînent les prix agricoles dans une spirale déflationniste.

«Combien achetez-vous votre litre de lait ? ». « Savez-vous combien l'agriculteur le vend ?». « Quelle est la valeur du blé dans une baguette de 200 g ? ». Passé l'effet de surprise, les piétons de la Place de Jaude se prêtent volontiers au jeu des questions-réponses.

Les clermontois solidaires

Pendant près de quatre heures, les agricultrices et les agriculteurs présents ont lancé les débats, par petits groupes, avec distribution gratuite de lait et remise de tracts pédagogiques. Les consommateurs et les citoyens partagent le même sentiment. Ce ne sont pas les agriculteurs qui « font la vie chère ». Le poids excessif du secteur de la distribution et l'ultra-libéralisme économique sont responsables de grandes inégalités au sein de la filière dont les deux extrêmes, « la fourche et la fourchette», sont les grands perdants. En fin de journée, le président Patrick Trillon remercie chaleureusement les participants qui se sont déplacés en cette époque de grands travaux et appelle à une «ère nouvelle » de partenariat avec les consommateurs.

Le ton est monté en Préfecture

Contrairement à l'ambiance bon-enfant qui règne place de Jaude, l'ambiance est tendue en préfecture. Le Secrétaire général, Frédéric Veau, reçoit la délégation de l'Udsea et des JA représentée par Bruno Chaput, Jean-Jacques Mordier, Cédric Mosnier et Pascal Servier. Ce dernier, représentant les éleveurs laitiers, annonce que ce mois-ci les producteurs travaillent à perte. Et il alerte : « encore six mois comme ça et 25 % des exploitations laitières vont disparaître ! ». Pour élargir le débat, Bruno Chaput et Jean-Jacques Mordier forcent les pouvoirs publics et les responsables politiques à prendre immédiatement des décisions fortes. Les filières agricoles doivent s'organiser, les interprofessions doivent pouvoir travailler correctement et les marchés doivent être régulés au niveau européens et au delà. De leur coté, les représentants de la Fédération du Commerce et de la Distribution d'Auvergne expliquent qu'ils n'appliquent qu'une faible marge sur les produits laitiers et qu'ils sont prêts à jouer le jeu de la transparence des marges. Pascal Servier leur répond directement : « aujourd'hui notre action se déroule dans le calme mais ne vous trompez pas, beaucoup de nos adhérents vous tiennent pour responsables de la situation de crise que nous connaissons ».

Une mobilisation nationale très suivie

Depuis la semaine dernière, plusieurs milliers d'agriculteurs sont mobilisés, manifestent ou mènent des opérations vérité, aussi bien devant les préfectures que devant la grande distribution ou les entreprises laitières. Dégustations de produits, réveil nocturne de Préfets, blocages d'usines ou de plate-formes de distribution... les actions ont pris des formes multiples selon la capacité de mobilisation syndicale des agriculteurs en cette période chargée. Du coté des organisations syndicales nationales, Jean-Michel Lemétayer, Henri Brichart et William Villeneuve seront reçus mercredi 20 mai par le ministre Michel Barnier.

 

Négociations

Conflit laitier : l'état s'engage

Suite à la très forte mobilisation des producteurs de lait, à l'appel de la Fnpl, de la Fnsea et des Ja, le ministre de l'Agriculture et le secrétaire d'état à la consommation ont nommé Philippe de Guénin et Pierre Lepetit pour effectuer une mission de médiation « entre producteurs, coopératives et industriels », afin de « renouer les fils du dialogue interprofessionnel ».
La Fnpl restera particulièrement vigilante à la résolution des difficultés extrêmes qui touchent aujourd'hui les éleveurs.
• Ils doivent retrouver dès maintenant des perspectives beaucoup plus favorables d'évolution du prix du lait, en replaçant l'interprofession nationale au coeur des débats.
• Ils doivent obtenir des réponses sur les accompagnements financiers indispensables à la survie de leurs exploitations.
• Ils attendent enfin un message fort des Pouvoirs Publics français à Bruxelles sur la nécessaire régulation du secteur.
De son côté la Fnsea prévient qu'il ne s'agit pas de faire de la « parlotte » mais de proposer et de résoudre... dans les meilleurs délais.

Source : communiqués ministère de l'Agriculture, Fnsea, Fnpl.

 

 

Paroles de manifestants

Régis Chomette, délégué Fdpl du canton de Vic-le-Comte : « Travailler pour ne rien gagner, ce n'est plus la peine !»

Bruno Gueguen, délégué cantonal Udsea de Vic-le-Comte : « Producteurs de lait, producteurs de céréales et toutes autres productions : même combat ! Les politiques prendront-ils un jour conscience que sans agriculture, on fera venir de la marchandise de n'importe où dans le monde. Mais à quel prix et avec quelle qualité ? »

Frédéric Groisne, producteur de lait à St-Gervais-sous-Meymont : « Aujourd'hui, on subit un prix du lait qui ne permet pas de vivre. Comment faire avec les charges, par exemple celles d'un bâtiment ? »

David Cohade, secrétaire général de la Fdpl : « Il faut dénoncer la situation des producteurs. Ils vont avoir de gros soucis financiers. Certains sont déjà en grandes difficultés. Bon nombre déposent des dossiers d' « agri diff ».

Olivier Barbecot, producteur de lait à Pulvérières: «Beaucoup des consommateurs comprennent la situation et nous apportent leur soutien quand on leur explique. C'est important d'être là malgré les travaux des champs pour faire passer les messages».

Anne-Marie Thore, productrice de lait à Combronde : « Les consommateurs ne réalisent pas nos difficultés car les prix ne baissent pas en magasin».

Olivier Cohadon, producteur de lait à Cisternes la Fôret : « Ce que nous attendons aujourd'hui c'est une politique européenne de régulation des marchés et un courage politique français pour rééquilibrer les choses entre production et distribution. »

Cédric Mosnier, producteur de lait à Perpezat : « Cette communication est positive. le consommateur réagit bien. A terme, il faudra durcir les actions ».

 

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