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Forêt
La forêt puydômoise victime du manque de gestion

L'année 2021 a été marquée par l'envolée des marchés du bois mais aussi par l'opposition croissante de la société à l'exploitation des forêts. Deux phénomènes auxquels le Puy-de-Dôme n'a pas échappé.

Troncs d'arbre
Le marché mondial du bois profite davantage aux pays ayant une politique forestière assidue.
© M. Comte

"Le Puy-de-Dôme est le grenier à bois de la région AuRA." Si les 250 000 hectares de forêts du département sont pour plaire à Pierre Faucher, président du syndicat des propriétaires forestiers, Fransylva 63, leur gestion laisse "cruellement à désirer". Avec un peu plus de 120 000 propriétaires, dont "la plupart ignorent qu'ils possèdent une parcelle", l'exploitation forestière fait cruellement défaut dans le territoire au même titre qu'au plan national. Alors que le prix du bois connaît une envolée en raison de marchés demandeurs, la France "patauge" et le Puy-de-Dôme ne fait pas exception.

"Un poste commercial déficitaire"

Depuis quelques mois maintenant, la demande des Etats-Unis en bois tire les marchés européens vers le haut. L'Allemagne, l'Autriche et les pays scandinaves, exportant habituellement en partie vers la France, ont réorienté leurs ventes. Les cours s'envolent après plusieurs décennies au plus bas et certaines essences viennent à manquer. "Le douglas et l'épicéa non scolytés (parasite du bois NDLR) sont très demandés pour la conception de lamellé-collé. C'est le fonds de commerce de tous les fabricants" détaille Pierre Faucher. De l'autre côté de la planète, les chinois accentuent également le phénomène mais sur les chênes, entre autres.
Ce contexte économique profite bien évidemment aux forestiers français mais il aurait pu l'être encore bien davantage selon le président de Fransylva 63. " Nous n'avons pas de politique forestière cohérente en France et très peu d'industries performantes dans la transformation des arbres, notamment des feuillus. La forêt est le 2ème poste commercial déficitaire de la France après le pétrole ! A elle seule, elle représente 10% du déficit de la balance commerciale française."
La problématique est multifactorielle. D'un côté, la forêt française appartient très majoritairement aux propriétaires privés dont beaucoup d'entre eux ignorent qu'ils possèdent un lopin de bois. Rien que dans le Puy-de-Dôme, on dénombre plus de 120 000 propriétaires possédant en moyenne 2 hectares chacun. Malgré l'intérêt économique, social et environnemental de la forêt, la majorité des propriétaires ne conduit aucune gestion. Or, "la forêt est un jardin, sans entretien elle dépérit et perd ses nombreux bienfaits."

La forêt, un lieu sacré

Le président de Fransylva 63 tient la politique forestière française pour principal responsable de ce manque de gestion : "elle est catastrophique au regard des politiques d'autres pays européens". Pierre Faucher prend pour exemple la crise des scolytes, un insecte parasite des arbres contre laquelle le Gouvernement français a mis "16 millions d'euros sur la table contre 800 millions d'euros en Allemagne". Le récent volet forestier du Plan de Relance permettant la rénovation des surfaces dépérissantes, ou de très faibles valeurs, fait figure de bon en avant mais le chemin reste encore long.
La forêt est pourtant au cœur de la révolution énergétique française. La construction, le chauffage, l'absorption du carbone... mais elle est autant exploitée que sacralisée ; ce qui n'est pas s'en produire une certaine schizophrénie sociale. "Les politiques nationales incitent à construire en bois, à se chauffer au bois, à privilégier le bois français mais dès qu'on coupe un arbre c'est un tollé !"  À cela s'ajoute les politiques locales. Fransylva 63 a dernièrement conduit un recours en justice contre le PLU d'Ambert dans lequel près de 350 hectares de forêt étaient "placés sous cloche (...) on ne pouvait plus couper un arbre".

La menace du cerf

Le changement climatique occasionne d'importants dépérissements. Entre le manque d'eau et les attaques parasitaires des scolytes, un nombre important d'arbres périt. Les forestiers puydômois sont cependant plus occupés par un autre effet, celui du cerf. Le cervidé conquiert de plus en plus le territoire et sa présence excédentaire dans les Combrailles, le Sancy et l'Artense menace les équilibres sylvo-cynégétiques de ces secteurs. "Dans 20 communes de l'Artense, nous avons déterminé qu'environ 50% des jeunes plantations étaient condamnées à cause du cerf." Fransylva et la Fédération de la Chasse du Puy-de-Dôme ont conjointement alerté la Préfecture qui devrait revoir le plan de chasse 2022-2023.

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