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Dossier ovins-caprins
La filière ovine recrute

Faire naître de nouvelles vocations d’éleveurs ovins est la colonne vertébrale du programme Inn’ovin initié
par l’interprofession ovine en lien avec la Fédération nationale ovine.

Brebis BMC en bergerie
Une enquête auprès des installés non issus du milieu agricole (NIMA) commanditée par la Confédération nationale de l’Elevage (CNE) vient de confirmer un attrait important pour l’élevage de petits ruminants.
© S.C.

Un éleveur de brebis sur quatre a aujourd’hui moins de 40 ans. Au cours des prochaines décennies, c’est près de la moitié des éleveurs qui partiront à la retraite. " Au total, cela représente 10 000 emplois dans les quinze prochaines années. Il y a donc un réel potentiel de développement ", explique Patrick Soury, vice-président de la Fédération nationale ovine, et chef de file du programme Inn’ovins. Pour convaincre la jeune génération de se lancer dans le métier de berger, la Fédération nationale ovine multiplie les interventions auprès des lycéens en formation agricole, et même des collégiens. Chaque année, ils se prêtent avec plaisir aux Ovinpiades des jeunes bergers, une compétition déclinée dans chaque département qui s’achève par une finale nationale à Paris, organisée dans le cadre du salon international de l’agriculture. Cette communication pro-active couplée à une politique publique, la PAC en particulier, plus avantageuse pour la filière, et à un marché relativement porteur ont conduit la filière à reprendre des couleurs.
Les petits ruminants ont la cote !
" Après une trentaine d’années de réduction d’effectifs de brebis et de stagnation technique, les différentes actions menées pour enrayer ce déclin ont commencé à porter leurs fruits ", se félicite Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO). Pour autant, des places restent à pourvoir. Dans le secteur ovins viande, par exemple, le vieillissement se combine avec un flux d’entrées (installations hors transferts entre époux) beaucoup plus stable depuis les années 90. Le vieillissement est en parti dû à la progression au cours des années 2000, des installations à plus de 40 ans (un quart environ) pour des carrières plus courtes, des projets plus variés, des cheptels de taille limitée, de la pluriactivité…
Alors que le programme Inn’ovin s’achève en mars 2021, le second est en cours d’écriture. " On va conserver les éléments clés comme les Ovinpiades, et mettre le paquet sur l’appui technique tout en impliquant l’aval de la filière ", précise Michèle Boudoin.
Une enquête auprès des installés non issus du milieu agricole (NIMA) commanditée par la Confédération nationale de l’Élevage (CNE) vient de confirmer un attrait important pour l’élevage de petits ruminants, chèvres et brebis laitières en tête. " Ce sont généralement de petits projets, plus modestes en termes d’investissement, menés en bio, en circuit court… C’est positif car même si on est face à des projets parfois atypiques, grâce à eux on a maintenu un bon volume d’installations ", se félicite Alexandre Saunier, à la tête avec son cousin d’un troupeau de 600 brebis romanes à Ciry-le-Noble en Saône-et-Loire, nouvellement entré au bureau de la FNO. Seul bémol aujourd’hui, si les installations ont retrouvé du dynamisme, en revanche, le nombre de brebis n’a pas pu être maintenu. " Le public de jeunes installés a une vision positive de l’élevage ovin, mais plus extensive ", explique le responsable professionnel. L’heure est donc désormais à la poursuite des travaux engagés, " qui ont permis d’enrayer l’hémorragie chez les actifs, et à la communication sur la nécessité de conserver un volume de production satisfaisant pour faire tourner les outils ".

INTERVIEW : Claude Font, éleveur ovin à Auzon en Haute-Loire et administrateur de la FNO, fait un point sur la conjoncture ovine.
 

Il faut continuer à produire, et produire de la qualité

Pouvez-vous nous faire un point sur les cours des agneaux à ce jour ?
En production ovine, les voyants sont au vert. En terme de cours, on est actuellement sur des prix hauts. Sur cette même période, on se situe à + 80 cts€ par rapport à 2019. Les cotations des agneaux, entrée abattoir, selon les remontées de tous les opérateurs du grand sud, affichent un prix bien au-delà de 7 €, environ 7,20 €. Le marché est donc plus que favorable. Il faut aussi souligné que ce marché n'est pas engorgé ; les opérateurs cherchent des agneaux.


Et sur la scène internationale, comment ça se passe ?
La Chine continue d'importer depuis la Nouvelle-Zélande ce qui fait moins d'entrées sur l'Europe. Le Brexit n'a pas trop d'incidences sur les marchés pour l'instant. Les prix des agneaux de Grande-Bretagne restent élevés et donc moins concurrentiels par rapport à nos agneaux. La situation est donc plutôt favorable, mais à condition de continuer à produire des agneaux, et à produire de la qualité.


La crise sanitaire s'intensifie. De nouvelles mesures vont être annoncées mercredi soir par le Président Macron. Avez-vous des inquiétudes par rapport au marché français ?
On se retrouve dans une situation un peu similaire à ce printemps, avec toutefois une différence. Notre région semble bien plus largement touchée par le virus, et dans les semaines à venir, l'économie locale pourrait être fortement perturbée. Quelles incidences sur la consommation même si, avec l'expérience des derniers mois, on propose de nouvelles présentations, de nouvelles découpes ? Quel impact sur la collecte des animaux, sur l'abattage, sur la distribution ? C'est l'inconnu…
Au printemps, une bonne réaction de toute la filière a permis de passer le cap et de réussir à désengorger le marché grâce à une continuité des services. Sans trop avoir vu venir les choses, on a su réagir. Cette fois, on sera plus vigilant encore.

 

 

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