La filière bois-forêt corrézienne : comment concilier exploitation, protection et innovation ?
Tulle, le 28 octobre 2025 — Sous l’impulsion de la Préfecture de Corrèze, les acteurs de la filière forêt-bois se sont réunis pour dessiner ensemble les contours d’une gestion plus fluide, durable et résiliente de la ressource forestière. Une démarche inédite qui marque la volonté de l’État d’agir comme arbitre neutre et facilitateur, dans un contexte où les enjeux économiques, environnementaux et sociaux s’entremêlent.
Tulle, le 28 octobre 2025 — Sous l’impulsion de la Préfecture de Corrèze, les acteurs de la filière forêt-bois se sont réunis pour dessiner ensemble les contours d’une gestion plus fluide, durable et résiliente de la ressource forestière. Une démarche inédite qui marque la volonté de l’État d’agir comme arbitre neutre et facilitateur, dans un contexte où les enjeux économiques, environnementaux et sociaux s’entremêlent.
Une filière clé pour l’emploi et l’environnement
Avec 4 500 emplois – soit près de 6 % de l’emploi local – et plus d’un million de mètres cubes de bois récoltés chaque année, la filière forêt-bois est un pilier de l’économie corrézienne. Pourtant, elle reste méconnue du grand public et souvent perçue comme peu valorisée. « Il est urgent de mieux communiquer sur les atouts de cette filière : puits de carbone, ressource renouvelable, et levier de développement local », souligne le préfet. Un défi de taille, alors que 40 % de la forêt corrézienne reste sous-exploitée, en raison du désengagement de certains propriétaires, de la difficulté d’accès à certains terrains, ou encore de blocages liés à des contestations locales.
« La Corrèze a tous les atouts pour devenir un modèle de gestion forestière durable et innovante. C’est ensemble que nous y parviendrons », conclut le préfet.
Économie et marché : entre pression et opportunités
La filière fait face à un « effet ciseau » : la hausse des prix d’achat du bois sur pied contraste avec la baisse des prix de vente après première transformation, mettant à mal les marges des scieries. Pourtant, des segments dynamiques émergent :
- Le bois énergie, avec le développement des réseaux de chaleur.
- Le bois construction, porteur d’un fort potentiel, notamment pour les logements et équipements publics.
- La valorisation des essences feuillues, un levier pour diversifier les débouchés et améliorer la qualité.
Nous devons accélérer la mobilisation des maîtres d’ouvrage et des acteurs de la construction pour concrétiser ces opportunités », insiste le préfet.
Prévention des risques incendies : une priorité absolue
Face à la pression incendiaire croissante et aux sécheresses estivales, la Corrèze se prépare à classer ses massifs les plus exposés en « zones à risque » dès début 2026. Une mesure qui s’accompagnera de la mise en place des Obligations Légales de Débroussaillement (OLD) sur un périmètre de 50 mètres autour des habitations, afin de limiter la propagation des feux et protéger les populations. Côté moyens, si les équipements terrestres (pistes forestières, citernes) sont en cours de renforcement, la Corrèze reste dépendante des moyens aériens basés à Marseille ou en Corse. Un protocole de restriction des travaux forestiers en période à risque sera également élaboré, avec un cadre clair pour les professionnels.
Gestion forestière : équilibre entre exploitation et préservation
Les coupes rases, désormais encadrées et minoritaires, doivent s’inscrire dans des documents de gestion pour les surfaces supérieures à 4 hectares, avec une attention particulière portée au paysage et à l’environnement. « Le droit s’applique, et c’est au législateur de le définir, pas aux associations », rappelle le représentant de l’État. Pour faciliter la gestion des petites propriétés, des démarches d’association et de remembrement sont encouragées, notamment dans les périmètres des Parcs Naturels Régionaux.
Transport du bois : vers un partage équitable des coûts
Le passage des convois lourds sur les routes communales soulève des tensions, les budgets ruraux étant souvent limités. Des conventions types pour organiser les constats avant/après passage des camions et définir des modalités de réparation concertées sont déjà en œuvre.
Communication et gouvernance : un nouveau souffle
Pour améliorer l’acceptabilité sociale de la filière, une campagne de communication sera lancée, mettant en avant ses bénéfices environnementaux et économiques. Les réunions se tiendront désormais tous les 3 à 4 mois selon les besoins et avec des groupes de travail thématiques(prévention incendie, bois construction, etc.).
Prochaines étapes
- Classement des massifs à risque (Préfecture, début 2026).
- Déploiement des OLD et du plan Défense de la Forêt contre les Incendies (DFCI) (DDT, ONF, SDIS).
- Campagne de communication sur les atouts de la filière (Fibois, Interpro).
- Projets pilotes en construction bois (maîtres d’ouvrage publics et privés).
- Renforcement de la protection des sites sensibles (Préfecture, forces de l’ordre).