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« Il n’y a qu’une solution : réduire les populations des sangliers et cervidés »

Alors que 2024 a été marquée par une hausse des surfaces détruites par les sangliers, Grégory Nivelle, président de la Commission « Faune sauvage » de la FNSEA, regrette la remise en cause de certains points de l'accord conclu avec la Fédération Nationale des Chasseurs en mars 2023.

"Finalement, il n’existe qu’une seule méthode efficace et durable pour réduire le budget consacré à l’indemnisation : la réduction des populations de sangliers et de cervidés !" : Grégory Nivelle
"Finalement, il n’existe qu’une seule méthode efficace et durable pour réduire le budget consacré à l’indemnisation : la réduction des populations de sangliers et de cervidés !" : Grégory Nivelle
© DR

Dans un éditorial transmis à la presse, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen, demande une contribution financière des agriculteurs. Comment réagissez-vous à cette proposition ?

Grégory Nivelle : Il ne faut pas inverser le problème ! Si certaines fédérations départementales de chasseurs (FDC) rencontrent des difficultés de financement des indemnisations, ce n’est pas aux agriculteurs d’en payer les conséquences. Pour la FNSEA, la priorité absolue est de s’attaquer aux causes ; c’est-à-dire à la surpopulation de sangliers.

Sur ce sujet, vous aviez justement signé un accord avec la FNC. N’a-t-il pas été efficace ?

G.N. : Le 1er mars 2023, les organisations agricoles et la FNC ont signé un accord visant à réduire les dégâts agricoles causés par le sanglier qui reposait, notamment, sur la mise en œuvre d’un maximum de moyens de régulation possible. 

Même si les surfaces détruites ont diminué entre 2019 et 2023, les données 2024 révèlent une nouvelle hausse avec plus de 35 000 hectares détruits (total maïs, prairies, céréales et colza). Ce n’est donc pas satisfaisant !

Comment expliquez-vous cette situation ?

G.N. : S’il est vrai que les raisons de la surpopulation de sangliers sont multifactorielles, nous regrettons fortement que tous les moyens proposés avec le monde cynégétique ne soient toujours pas appliqués. En effet, plus de deux ans après la signature de l’accord, l’ambition de départ s’est profondément réduite. Certains leviers comme la possibilité de tir autour de points d’appâtage ou la facilitation des tirs de nuit sont toujours en attente d’un vecteur législatif pour être mis en œuvre. De surcroît, la capacité de chasser autour des parcelles en cours de récolte qui avait été traduite réglementairement, a été annulée par le Conseil d’État cet été. 

Enfin, l’abaissement du seuil d’indemnisation a été remis en cause par certaines FDC. Cette situation qui ne fait qu’accroître le sentiment d’abandon du monde agricole est inacceptable pour nous.

La FNSEA a écrit à la ministre de l’Ecologie. Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

G.N. : Nous demandons que l’État prenne ses responsabilités en levant, enfin, tous les freins réglementaires à la capacité de régulation du sanglier et en permettant sa chasse en tous lieux, en toute saison et par tous moyens. Cette demande est un prérequis avant d’imaginer une réforme du schéma de financement de l’indemnisation des dégâts.

L’indemnisation n’est-elle pas suffisante ?

G.N. : Nous avons obtenu un abaissement du seuil d’indemnisation des dégâts permettant la réparation des dégâts à partir de 150 euros par exploitation et par année cynégétique. C’est une réelle avancée ! Mais cela ne doit pas masquer le fait que cette indemnisation ne répare pas l’intégralité du préjudice subi par les agriculteurs victimes. C’est parce que la situation est devenue insupportable que la FNSEA demande que des mesures exceptionnelles soient prises :

- le classement du sanglier en tant qu’espèce susceptible d’occasionner des dégâts (ESOD) sur l’ensemble du territoire pour permettre, notamment, la possibilité de piégeage ;

- l’indemnisation des dégâts réellement subis et notamment les pertes économiques, les pertes de qualité ou la casse du matériel agricole ;

- le versement d’une indemnisation revalorisée et sans abattement légal dans les secteurs où tous les moyens de régulation à disposition des chasseurs ne sont pas mis en œuvre, à l’instar des réductions actuellement appliquées aux agriculteurs.

Finalement, il n’existe qu’une seule méthode efficace et durable pour réduire le budget consacré à l’indemnisation : la réduction des populations de sangliers et de cervidés ! Nous avons besoin des chasseurs pour contribuer à la régulation. Et, c’est justement le sens du message que nous avions transmis à la FNC lors d’un récent rendez-vous dans les locaux de la FNSEA.

Veillons, à maintenir des relations apaisées et constructives entre les principaux acteurs du monde rural, car c’est par la discussion et la prise de conscience des contraintes de chacun que nous pourrons progresser.

 

    

 

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