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“Il est hors de question de subir les stratégies des entreprises”

L’interdiction d’une recommandation interprofessionnelle sur le prix du lait a fait ressurgir les tensions entre producteurs et entreprises.

Chantal Cor et Jean-Louis Bruel de la section laitière FDSEA.
Chantal Cor et Jean-Louis Bruel de la section laitière FDSEA.
© P. O.

Après plusieurs années de morosité, la filière laitière française semblait avoir retrouvé début 2008 un semblant de confiance et de sérénité. Prix du lait à la hausse, appel des entreprises à produire... chaque acteur semblait tirer dans le même sens. Cette belle unité n’aura duré qu’un temps. L’injonction de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) en juin dernier de mettre fin au dispositif en vigueur depuis 1997 de recommandation nationale interprofessionnelle sur le prix du lait, jugé contraire aux règles de la concurrence, a attisé les tentations d’une fixation unilatérale par les entreprises du prix du litre payé à leurs producteurs. Dans la foulée, le groupe Entremont Alliance a décidé en juillet dernier de limiter la hausse du prix du lait à 30 euros les 1 000 litres contre les 45 préconisés au niveau national pour le troisième trimestre.

Risque de “contagion”

Alors, même si un accord est intervenu jeudi dernier entre le groupe et les producteurs, après le blocage de six usines d’Entremont par les producteurs de la FRSEA Ouest, la section laitière de la FDSEA du Cantal craint que cette attitude ne donne des idées à d’autres opérateurs. “Les entreprises prennent appui sur de prétendues baisses des prix en grandes surfaces et de la consommation pour justifier une moindre revalorisation du prix du lait, expose Chantal Cor, sa présidente. Nous réalisons de notre côté des relevés de prix tous les deux mois qui démontrent que les prix des produits laitiers n’ont pas baissé dans la distribution. Quant à la consommation, c’est normal qu’elle soit en recul l’été”. Alors les représentants des producteurs cantaliens mettent d’ores et déjà en garde leurs “partenaires” de la filière laitière auvergnate en leur rappelant que prix du lait à la baisse rime inexorablement avec sous-réalisations. “Quand le prix du lait est tombé à 269 euros / 1 000 l, le Cantal a enregistré 10 millions de litres de cessations. Il ne faudra pas s’étonner que les producteurs se désengagent et privilégient des productions moins contraignantes, avec, à la clé, de fortes sous-réalisations dans nos zones”, prévient la responsable de la FDSEA.

Conserver un cadre collectif pour le prix du lait

Des sous-réalisations qui ne pourront pas indéfiniment être compensées par ceux qui ont capacité à produire plus : “Travailler plus pour gagner moins, cela n’est pas dans la philosophie des producteurs”, ironise Chantal Cor. Alors, pour éviter que le scénario Entremont ne se reproduise, la FNPL s’attache à proposer un système pour prendre le relais des recommandations interprofessionnelles. “Revenir à des négociations producteurs - entreprises chaque fin de mois et chacun de son côté est impensable”, juge la syndicaliste cantalienne qui n’hésite pas à faire le parallèle avec le Smic. “Personne n’aurait idée de le remettre en cause en laissant chaque salarié négocier ce minima avec son employeur. C’est la même chose pour les producteurs”.

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