Production avicole
«Ici on plume les éleveurs ! »
Les producteurs de volailles ont démarré en fin de semaine dernière des actions de stickage dans la grande distribution.
Las d'être la variable d'ajustement, les producteurs de volailles ont souhaité demander des comptes à la grande distribution. Une délégation d'éleveurs de l'Allier s'est ainsi rendue, vendredi dernier, au Leclerc d'Avermes dans l'Allier. Au rayon «volailles», ils ont souhaité informer les consommateurs, en apposant sur les produits, un étiquetage supplémentaire, « ici, on plume les éleveurs ». Et force est de constater que l'entretien qu'ils ont eu avec les responsables du magasin n'a fait que confirmer leur slogan. «Quand les éleveurs ont demandé aux responsables le tarif d'achat des volailles, ces derniers sont apparus gênés » explique un animateur. Le supermarché réalise en effet 2,30 euros de marge par kilo de poulet label. « Enorme. Pour assurer uniquement la mise en rayons des produits ».
Leclerc : la cible
Au cours des dernières semaines, la Confédération Française de l'Aviculture (CFA) est intervenue auprès de la distribution pour l'alerter sur la situation de toutes les productions (volailles, lapins, œufs, palmipèdes à foie gras) ; et ce dans le but d'obtenir une augmentation indispensable des prix des produits avicole et cunicole. « Aujourd'hui, l'augmentation des prix de l'alimentation animale comme celle des autres charges de production liées à l'énergie, l'environnement et le bien-être animal, ne peut pas être supportée par les producteurs et les entreprises d'abattage », expliquent les éleveurs de la région Auvergne, dans un communiqué.
Dans une interview au journal Le Monde, Michel-Edouard Leclerc se pose en défenseur des consommateurs et de leur pouvoir d'achat et fustige ses fournisseurs qui « s'abriteraient derrière la flambée des cours des matières premières pour venir lui demander outrageusement des hausses de prix ». « Le commerce français n'a rien à gagner à vouloir opposer producteurs agricoles et consommateurs. De telles déclarations tiennent plus du cliché que d'une analyse sérieuse de la réalité économique des productions agricoles et tout particulièrement de celle de l'aviculture. Cherche t-on à protéger la consommation ou ses propres marges ? », poursuit-on dans le communiqué.
Hausse de 12 %
Les producteurs de volailles ne parviennent pas à dégager un revenu suffisant pour leur permettre de moderniser et renouveler leurs installations d'élevage. Et que dire des éleveurs de lapins qui traversent une crise sans précédent depuis trois ans ? Les producteurs ne demandent pourtant que la stricte répercussion des hausses des coûts de production et non une augmentation de leurs marges ! « Refuser de le comprendre c'est mettre en cause la pérennité des productions avicole et cunicole françaises. Alors, Monsieur Leclerc au lieu de jeter l'anathème, n'est-il pas temps d'établir un véritable dialogue en jouant la transparence et en trouvant des solutions aux évolutions erratiques et spectaculaires des marchés agricoles ? ».
En attendant, la section régionale avicole est bien décidée à faire la vérité sur les prix et les marges, afin d'obtenir une augmentation légitime de l'ordre de 12 %. Des actions comme celles menées dans l'Allier vont être renouvelées. Vendredi, des éleveurs devraient se rendre au Leclerc d'Aubière dans le Puy-de-Dôme. En Haute-Loire, les producteurs se réuniront dans les jours à venir.