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FDSEA : L’éternelle bataille des prix...

À quelques semaines de l’AG du syndicat, Joël Piganiol martèle les revendications de la FDSEA pour redonner revenu et perspectives aux éleveurs.

Le secrétaire général de la FDSEA rappelle au groupe Sodiaal ses engagements.(Photo archives).
Le secrétaire général de la FDSEA rappelle au groupe Sodiaal ses engagements.(Photo archives).
© P.O.

L’horizon des marchés des produits laitiers semble s’éclaircir. Peut-on espérer une embellie à court terme pour les producteurs ?

Joël Piganiol, secrétaire général de la FDSEA 15 :

“Même si, effectivement, les experts annoncent une reprise sur les marchés mondiaux, on ne voit rien venir en termes de revalorisation du prix payé aux producteurs. Et on s’inquiète de l’attitude du premier groupe coopératif français et leader dans le Cantal : Sodiaal, qui s’était engagé sur un niveau de prix sur l’année et qui a d’ailleurs envoyé tout récemment un courrier aux producteurs annonçant un prix de 280 €/1 000 l (prix A) sur 2016. Sauf que lorsqu’on examine très précisément les éléments de construction du prix du lait, le compte n’y est pas. Et on risque fort d’être sur un prix Sodiaal inférieur à celui de Lactalis sur le lait conventionnel, un prix qui ne permettra pas aux producteurs de sortir un revenu en 2016... On se doit par conséquent d’être aussi exigeant vis-à-vis de Sodiaal qu’on l’a été avec Lactalis avec une mobilisation qui a permis cet été un rattrapage, certes insuffisant, pour atteindre un prix rémunérateur. Sur le prix du lait de nos AOP fromagères, Sodiaal a porté la construction d’un prix lié à la valorisation effective des fromages, une démarche suivie par les autres entreprises dans son sillage. Et là aussi, il a fallu se mobiliser cet été pour obtenir de Lactalis qu’il emboîte le pas via une revalorisation de la prime AOP. Aujourd’hui, la reprise très dynamique des cours du lactosérum depuis la rentrée permet de réévaluer les indicateurs sur un prix du lait AOP autour de 350 €/t pour l’année 2016. Or, malgré les engagements pris par le président de Sodiaal de respecter ces indicateurs, on constate que le différentiel se creuse entre le prix issu des indicateurs et celui payé effectivement par Sodiaal. Nous allons donc interpeller son président.”

 

Côté viande bovine en revanche, les perspectives sont toujours bien sombres...

J. P. : “On constate des prix sur le maigre à des niveaux historiquement bas, associés à un marché de la viande finie engorgé, lui aussi en berne. Nous maintenons donc nos demandes auprès de l’État français pour créer des voies de dégagement comme le réclame depuis plusieurs semaines déjà la section bovine de la FDSEA. L’attitude du ministre Le Foll au Sommet de l’élevage nous fait cependant craindre un manque d’investissement du gouvernement alors même que les perspectives et les opportunités sont bien réelles sur les pays tiers et qu’elles pourraient être rapidement concrétisées. Quelles que soient les filières, on réitère, comme on l’a fait auprès du commissaire européen Hogan à Cournon, notre revendication de voir réintroduits des outils de régulation à l’échelle européenne. Une revendication qui n’a, semble-t-il, toujours pas été entendue au vu du dernier conseil des ministres européens...”

Un collectif de soutien des élus à l’agriculture du Massif central a été lancé au Sommet de l’élevage, quel peut-être son rôle ?

J. P. : “Cela a au moins le mérite de positionner et faire partager les propositions du Massif central sur la future Pac, l’idée étant de se projeter et d’échapper à une gestion de l’urgence qui n’est plus tenable. Ce qu’il faut, on le répète, ce sont des prix !” Le Premier ministre a lui annoncé un plan de refinancement de l’agriculture française. Ce plan peut-il aider les exploitants à passer ce cap difficile ? J. P. : “Il s’agit davantage d’un effet d’annonce avec un volume financier qui peut paraître colossal, comme cela avait été le cas avec le plan d’urgence pour l’élevage, alors que concrètement, ces aides seront extrêmement réduites et il s’agit d’une mécanique de consolidation de prêts déjà existants. Pour être un tant soit peu efficace, ce plan doit pouvoir s’appliquer très rapidement ; or aucune note précise sur sa déclinaison n’a été adressée à ce jour aux agences bancaires locales.”

Et ce alors que la MSA a dévoilé que 30 % des exploitants français vivent avec moins de 360 €/mois...

J. P. : “Ce n’est pas une surprise, simplement l’officialisation d’une réalité qu’on vit sur le terrain tous les jours. Mais on ne peut rester que dans le constat, notre objectif à la FDSEA, c’est d’apporter un certain nombre de solutions, des perspectives, ce qui n’empêche pas, comme nous venons de le faire, d’élaborer, en lien avec l’ensemble des organisations agricoles du Cantal, un outil d’accompagnement pour les exploitants qui connaissent des difficultés majeures.”

Des difficultés auxquelles rats et sécheresse ne sont pas étrangers. Où en est-on de ces dossiers ?

J. P. : “Sur les nuisibles, près de 800 contrats de lutte ont été signés dans le Cantal qui permettront à la fois de reconnaître le travail des agriculteurs dans la lutte et de prendre en charge les dépenses qui y sont liées. À ce jour, ce sont 32 tonnes de graines traitées à la bromadiolone qui ont été achetées. Ces contrats ouvrent aussi la voie au dossier d’indemnisation via le FMSE sur lequel on avance avec l’élaboration d’une cartographie des zones touchées sur la base de données satellitaires. Il y a aussi une évaluation des pertes en cours qui conduira à l’élaboration d’un diagnostic par exploitation avec la nécessité d’un niveau de pertes fourragères dépassant les 30 %. L’objectif est le versement dans les délais les plus courts de ces indemnisations pour venir soulager les trésoreries. Quant à la recherche, on attend les premiers résultats sachant que les expérimentations sur la glace carbonique et le tourteau de ricin vont rapidement situer l’efficacité, ou pas, de ces techniques.”

Et la sécheresse ?

J. P. : “Cet épisode a été particulier cette année avec une sécheresse plus tardive qui a permis à certains de constituer des stocks, ce qui n’a cependant pas été le cas partout. Aujourd’hui, nous nous tournons vers l’administration pour voir quelle suite donner à ce dossier. Mais d’ores et déjà, nous demandons à l’administration fiscale de mettre en œuvre une exonération totale de la TFNB(1) pour 2016.”

(1) Taxe sur le foncier non bâti.

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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