Aller au contenu principal

Exportations vers la Chine : “L’État a fait le boulot, aux filières de se prendre en main”

De retour de leur visite en Chine au sein de la délégation française qui a accompagné le Président Macron, les éleveurs cantaliens, Jean-Marie Fabre et Yves Chassany, témoignent.

Bruno Dufayet (à droite), président de la FNB et membre d’Interbev, a expliqué aux présidents Macron et Jinping les spécificités des races à viande proposées à la dégustation ; aubrac, salers, charolaise, limousine.
Bruno Dufayet (à droite), président de la FNB et membre d’Interbev, a expliqué aux présidents Macron et Jinping les spécificités des races à viande proposées à la dégustation ; aubrac, salers, charolaise, limousine.
© P. O.

Ce déplacement en Chine avait notamment vocation à prendre le pouls du potentiel et de la perception des viandes tricolores sur cet immense marché de consommation. Qu’avez-vous pu constater ?

Jean-Marie Fabre, éleveur salers à Saint-Chamant et président de l’Association label rouge salers : “Nous avons pu visiter lundi quelques supermarchés plutôt haut de gamme qui proposent de la viande bovine australienne, américaine et canadienne à des prix très élevés allant de 40 à
80 € le kilo, la viande australienne étant a priori la “moins chère”.”
Yves Chassany, éleveur aubrac à Saint-Rémy-de-Chaudes-Aigues et président de l’Upra aubrac : “On a pu constater qu’en général, la viande qui était mise en avant avait beaucoup de gras, avec une tendance à des viandes type wagyu, voire bœuf de Kobé. Ça ne veut pas dire que nos viandes françaises n’ont pas leur place mais qu’il faut quand même que les bêtes soient bien finies. On a aussi pu mesurer que le message d’un élevage à l’herbe passait bien mais qu’il ne fallait pas seulement communiquer là-dessus puisque toute la viande mise en avant affiche une finition aux grains, c’est-à-dire aux céréales. On a bien senti aussi que les produits et la viande français étaient réputés pour leur excellence, et derrière cette excellence, pour leur qualité et leur sécurité sanitaire. Cela s’est traduit par la levée de l’embargo qui n’est encore que partielle car limitée aux importations des bovins de moins de 30 mois. On espère une amélioration dans les mois et semaines à venir.”

Avez-vous le sentiment que cette visite officielle au côté du Président Macron peut être rapidement suivie d’un courant important d’exportations pour les filières bovines françaises ?

Y. C. : “C’est en tout cas quelque chose de phénoménal que le président Macron nous a amené sur un plateau : la visite du président chinois sur le Pavillon France du Salon de l’exportation de Shanghai ne devait durer que 5 mn, elle en a duré 25 au final. Et Emmanuel Macron a été très habile : en s’avançant vers l’ensemble de la délégation française pour serrer la main de tous les acteurs économiques présents, il a quelque part forcé son homologue à faire de même. Et puis il y a eu cet acte fort, tout sauf symbolique : la dégustation par les deux chefs d’État de quatre races bovines françaises sous label rouge - salers, aubrac, charolaise et limousine - présentées par Bruno Dufayet(1) et accompagnées de vins français. Quand on connaît le poids de la hiérarchie et l’aura du président Jinping, c’est un signal fort qu’ont pu percevoir ce jour-là tous les Chinois qui ont vu les médias.
Avec 1, 4 milliard de Chinois, dont 0,1 % de milliardaires et 1 % de millionnaires, le potentiel de consommateurs qui peuvent accéder à de la viande française est bien réel, même si, pour nous, il ne s’agit pas de faire du marché de masse mais bien de la qualité. Ceci dit, le message du ministre comme du Président a été clair : l’État a fait le boulot, aux filières, des éleveurs aux opérateurs, de se prendre en main et de transformer l’essai.”
J.-M. F. : “Je pense qu’effectivement, au niveau de l’État français, les ambitions sont fortes pour que nos exportations se développent nettement et ce, dès le début d’année 2020. Je crois qu’avec ce voyage, les bases ont été posées en ce sens et que cela peut aller assez vite : on ne va pas, bien sûr, exploser d’un coup les volumes exportés mais on peut viser une réelle montée en puissance, à une condition : que les abatteurs et transformateurs prennent la balle au bond. On a senti Puygrenier prêt à s’engager, mais beaucoup plus de frilosité de la part de Bigard. À titre d’exemple, lors du dîner lundi soir avec le ministre de l’Agriculture, Bigard a évoqué des problèmes pour disposer d’assez de frigos de congélation pour exporter en Chine ! Si l’on peut être optimiste, il faut donc néanmoins rester prudents.”
Y. C. : “On se sent nous éleveurs bovins, un peu le petit Poucet : le luxe tricolore est déjà bien implanté en Chine, Inaporc est en train d’y mener un travail important... Pour autant, on a une chance : c’est que notre élevage bovin n’est pas délocalisable là-bas. Et si on se débrouille bien, on peut espérer ramener de la valeur ajoutée.”

(1) Éleveur salers à Mauriac et président de la FNB.

Les plus lus

Pour les producteurs de lait, l'interprofession doit être une instance de dialogue  sur tous les sujets.
« Les industriels veulent-ils encore faire tourner leur usine avec du lait français ? »

Après la démission du président du Cniel, et alors que les producteurs de la zone Alpes Massif central alertaient depuis…

Deux hommes et une femme devant le panneau de l'hostellerie
La famille Rouchet redonne vie à Curebourse

Bien implantés à Aurillac, Mickaël et Audrey Rouchet ont racheté l’hostellerie Saint-Clément, avec l’ambition d’y accueillir…

Une attaque de loup sur brebis et agneau, le 24 octobre dernier à la Tour d’Auvergne, a été confirmée par l’OFB
Une première attaque de loup dans le Puy-de-Dôme

En octobre, 4 nouveaux signalements de constats de prédation avec suspicion de loup ont fait l'objet d'expertise par le…

Les coupures de journaux de 1983
20 octobre 1983 : quand la tondue de Saint-Flour sortait de l'ombre

Le film, “La recluse de Saint-Flour, contre-enquête” revient sur l’affaire Esther Albouy. 
Il déroule l’existence de “…

L'alimentation animale, la clé de performance productive des animaux

Une alimentation adaptée et une gestion optimisée des fourrages participent à garantir les performances du troupeau laitier et…

En présence d’Emmanuel Ferrand, conseiller régional, délégué au fonds Feader, Ludivine et Pierre Lot ont présenté leur exploitation agricole.
Garantir des prêts à l'installation en agriculture, c'est possible en Auvergne-Rhône-Alpes

Ludivine Lot s'est installée aux côtés de son conjoint, Pierre au Breuil dans l'Allier grâce notamment au fonds de garantie…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière