Aller au contenu principal

Statut de l’exploitant
« Exploitantes, il est inacceptable pour nous de ne pas être reconnues »

La présidente de la Commission nationale des agricultrices veut continuer à se battre pour faire reconnaître tous les actifs agricoles, et notamment les femmes.

La commission nationale des agricultrices demande un même statut pour tous les exploitants, notamment dans les EARL qui ne bénéficient pas de la même transparence entre associés, ou dans les GAEC quand les associés n’ont pas une part chacun.
La commission nationale des agricultrices demande un même statut pour tous les exploitants, notamment dans les EARL qui ne bénéficient pas de la même transparence entre associés, ou dans les GAEC quand les associés n’ont pas une part chacun.
© V. Rychembusch/Réussir SA

Quel est l’enjeu de la reconnaissance des actifs aujourd’hui ?
Jacqueline Cottier : Ce combat est malheureusement mené depuis très longtemps. Il y a eu une première évolution avec la possibilité en 2011 de faire des GAEC entre époux, permettant aux agricultrices de bénéficier de la transparence. Ce que nous défendons, c’est un même statut pour tous les exploitants, notamment dans les EARL qui ne bénéficient pas de la même transparence entre associés, ou dans les GAEC quand les associés n’ont pas une part chacun. Ce sont surtout les agricultrices qui sont les plus touchées : le GAEC entre époux est une avancée mais beaucoup de femmes installées avant 2011 n’ont pas eu ce choix. Or aujourd’hui, les agricultrices sont de vraies professionnelles, formées à un métier qu’elles choisissent. Elles peuvent prouver que leur installation apporte une plus-value : diversification, productions supplémentaires, et tout cela entre en ligne de compte dans la définition d’une part économique. Car l’enjeu est bien la reconnaissance économique, avec le droit aux parts PAC, et les incidences sont très importantes notamment dans l’élevage, car c’est le secteur où les agricultrices sont le plus impliquées. La transformation des autres formes sociétaires en GAEC est une solution envisageable mais il faut un accompagnement. Les incidences économiques de la reconnaissance du statut peuvent aussi être un déclic pour toutes les exploitantes qui aujourd’hui encore n’ont pas de statut et ne bénéficient d’aucune protection.

La reconnaissance de tous les exploitants était l’objet d’une manifestation initiée par la FNSEA et sa Commission nationale des agricultrices le 18 avril. Quel bilan et quelles suites donner à ces revendications ?
JC : Les sections départementales se sont mobilisées pour rencontrer les parlementaires et les préfets et les sensibiliser à ce problème du statut. Dans mon département (ndlr : le Maine et Loire), nous avons expliqué concrètement les incidences économiques de la nouvelle PAC sur les exploitations, avec des différences allant jusqu’à 20 000 e : car avec les surdotations (52 premiers hectares, 40 vaches allaitantes…), le fossé est réel en fonction du nombre de parts PAC sur l’exploitation, d’où la nécessité de reconnaître chaque exploitant. Nous allons sans doute demander un rendez-vous au ministère de l’Agriculture, ainsi qu’à Najat Vallaud-Belkacem, ministre du Droit des femmes. La reconnaissance inégale du statut d’exploitant remet en cause la place économique et sociale des agricultrices. En tant qu’exploitantes, il est inacceptable pour nous de ne pas être reconnues.

Quels sont vos prochains chantiers en tant que nouvelle présidente de la Commission nationale des agricultrices ?
JC : Aujourd’hui, seules 51% des agricultrices qui accouchent prennent un congé maternité, alors qu’elles ont les mêmes droits qu’une salariée : nous voulons les inciter davantage à en bénéficier. Le formulaire de demande est trop complexe, l’agricultrice devant justifier son temps de travail et les différentes tâches qu’elle effectue sur l’exploitation. Pourquoi justifier de son activité quand on a déjà un statut professionnel ? Autre frein : dans certaines productions spécialisées comme la transformation de fromage ou l’élevage de gibier à plume, le service de remplacement n’a pas toujours des agents suffisamment formés. Nous avons également un gros chantier à mener en matière de communication sur notre métier, dans un contexte où les campagnes médiatiques ne nous rendent pas service – je pense au statut de l’animal notamment - pour mieux faire connaître nos pratiques. Les agricultrices ont peut-être une sensibilité plus forte sur ce sujet : ce sont les plus impliquées dans les fermes ouvertes, l’accueil à la ferme...
Nous voulons aussi intéresser les jeunes, appuyer les jeunes filles en formation qui « galèrent » plus que les garçons pour trouver des stages et sont souvent victimes de préjugés. Heureusement, elles sont doublement motivées, et sont d’ailleurs plus nombreuses qu’avant dans les formations. Enfin, nous essayons de favoriser une plus grande implication des agricultrices dans la défense professionnelle, mais ce n’est pas toujours facile à cause de leurs obligations familiales. Il faudrait développer les modes de garde de proximité.


D’après actuagri

Les plus lus

Deux hommes devant un silo de ferme faisant décoller un drone
Drone : le nouvel assistant agricole dans les airs de Gaillard

Hervé Combret, éleveur laitier à Saint-Antoine, utilise le drone acheté pour son fils, apprenti agriyoutuber, pour bien d’…

Claude Aguttes présente la statue de la vierge.
Le mobilier du château du Sailhant sera vendu aux enchères

La maison Aguttes s’occupe de la vente aux enchères du mobilier du château du Sailhant sur la commune d’Andelat. Une vierge du…

Onze personnes hommes, femmes, posant devant la devanture d'un futur restaurant.
Généreux, joyeux, festif... bienvenue au restaurant Mamija !

Tout en poursuivant leur activité de traiteur, Cyrille et Virginie Geneix ouvrent dans la nouvelle zone commerciale de la…

un groupe de personnes
“Chez Mallet”, depuis 40 ans : le restaurant de Lavastrie est devenu une institution

Véritable institution sur la Planèze de Saint-Flour, le restaurant Chez Mallet à Lavastrie soufflera ses 40 bougies, les 8 et…

Le président Jérôme Grasset et le directeur Christophe Arnaudon.
Un nouveau binôme à la tête du GDS Haute-Loire

Le GDS Haute-Loire vient de changer de président et dispose depuis le début de l'année d'une nouvelle direction. Faisons plus…

Censure des articles de la loi Entraves : "C'est un bras d'honneur fait aux agriculteurs"

Le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes dénonce les coups de canifs portés par les députés du Nouveau Front Populaire et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière