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En pleine crise, exaspérés et écoeurés, les agriculteurs durcissent le ton

Une délégation de quelques 200 agriculteurs de la FDSEA et des JA a interpellé Laurent Wauquiez le représentant de l'État sur le département, vendredi 25 septembre au Puy. Les manifestants lui ont demandé de venir à leur rencontre pour entendre leurs revendications et les porter auprès du Président de la République et de son Ministre de l'Agriculture. Ils attendent des réponses rapides et concrètes…

Face à la détresse dans laquelle sont aujourd’hui, et depuis plusieurs mois, plongés les agriculteurs de Haute-Loire, et d’ailleurs, la FDSEA et les JA ont décidé de durcir le ton.
Vendredi 25 septembre, ils ont organisé une opération coup de poing destinée à bousculer un peu les «politiques», en l’occurence Laurent Wauquiez, le représentant du Gouvernement sur le département.
Conduite par Gilbert Guignand président de la FDSEA et Jean-Julien Deygas président des JA, une délégation de quelques 200 agriculteurs s’est rendue depuis la mairie du Puy en Velay, point de ralliement, jusqu’à la Préfecture.
Là, ils ont demandé à Laurent Wauquiez accompagné du Préfet Richard Didier, de venir à la rencontre des agriculteurs rassemblés devant les grilles de la Préfecture, pour prendre note des revendications de la FDSEA et des JA, et les porter auprès du Président de la République et de son Ministre de l’Agriculture.

En attente d’un signe fort de l’État

Les responsables professionnels ont exprimé, une fois encore, leurs revendications, dénonçant «des promesses anesthésiantes non suivies d’effets, des mesures inadaptées et insuffisantes face à l’ampleur de la crise et la fébrilité du Gouvernement dans la sphère européenne». «Je pense que les politiques n’ont pas conscience de la situation» dira Gilbert Guignand. Et Jean-Julien Deygas de rajouter : «nos trésoreries sont à l’agonie. On attend un appui de votre part et un signe fort de l’État».
La FDSEA et les JA de Haute-Loire  exigent :
• une aide directe pour conserver un revenu minimum aux agriculteurs
• une année blanche sans reports (intérêts des emprunts, cotisations sociales)
• l'abrogation de nouvelles charges
• la diminution des contraintes administratives franco-françaises
• que le Gouvernement français s'impose au sein de la Commission européenne pour obtenir une régulation des marchés.
Gilbert Guignand et Jean-Julien Deygas lance : «Exaspérés et écœurés, les agriculteurs ne peuvent plus attendre».
Laurent Wauquiez, un peu agacé, limite vexé, par les slogans affichés par les militants (voir photos en page 5 ) et par la symbolique mise en scène avec les ânes baptisés «Sarkâne», «Bourriquiez» ou encore «Waurien», a néanmoins accepté de rencontrer les agriculteurs et de répondre à leurs demandes.

Des agriculteurs à bout…

Les 2 présidents étaient relayés par leur base. Plusieurs agriculteurs ont fait part de leur désarroi et de leurs inquiétudes, interpellant, avec véhémence parfois, le représentant de l’État. D’entrée Laurent Wauquiez, compatissant, a essayé de rassuré les agriculteurs : «J’ai conscience de la situation. Je connais très bien ce que vous êtes en train de vivre…». Et face à cette situation d’urgence, il est catégorique : «On ne peut pas ne pas répondre…».
Mais les manifestants en veulent plus.  Ils interrogent : «le prix du lait n’a pas baissé dans les supermarchés. Qui s’en met plein les poches ? Et l’Observatoire des Marges, qu’en est-il ressorti ? La France a bien aidé les banques ou le secteur automobile ; l’agriculture est-elle si insignifiante qu’on ne fasse rien pour cette France d’en bas ?
Et les problèmes ne concernent pas que le secteur laitier ; toutes les productions sont en crise. Claude Font président de la FDO (Fédération départementale ovine) explique : «Toutes les productions vont mal. Aucune production ne gagne sa vie aujourd’hui. On n’a pas de perspectives…». Et dans les rangs des manifestants, producteurs de bovins viande, de bovins lait, de moutons, de porcs… tous acquiescaient, reconnaissant un profond malaise de l’agriculture en général.

Des réponses à court et à long terme

À ces revendications, Laurent Wauquiez a répondu en 2 temps, pour le long et le court terme. Sur le long terme, «il y a un vrai travail de fond à faire pour avoir des prix rémunérateurs et de façon durable, avec des mécanismes de régulation au niveau européen. Sur le court terme, il a repris l’idée d’une année blanche pour les agriculteurs, et il a assuré les militants, de porter les propositions spécifiques faites par la FDSEA et les JA de Haute-Loire devant François Fillon la semaine dernière.
«On doit donner de l’oxygène à toutes les exploitations qui ont aujourd’hui la tête sous l’eau» lance-t-il. Pour cela, il s’est engagé à étudier - «c’est dans le domaine de mon ministère» a-t-il souligné - comment mettre en place une aide directe à tous les actifs agricoles pour un complément de revenu aux familles, une aide type RSA ; cette appellation a fait bondir de nombreux agriculteurs refusant ce terme qui, pour eux, signifie assistanat.
Gilbert Guignand a expliqué que cette mesure est demandée pour du court terme, peut-être 6 mois, pour aider les agriculteurs à passer ce cap difficile en attendant une hausse des prix.
Claude Font ajoute : «c’est peut-être une solution d’urgence en terme de revenu. C’est une réponse, mais ce n’est pas la solution».
Concrètement, Laurent Wauquiez a obtenu un rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire pour la Haute-Loire. Une délégation des responsables FDSEA et JA est donc attendue le 15 octobre rue de Varennes.
Au niveau du département, le Ministre altiligérien a mis en place une cellule de crise agricole qui se réunira tous les 15 jours pour suivre de près la situation et ses avancées en rapport avec les revendications faites par la profession. Enfin pour étayer son argumentaire et défendre les agriculteurs de Haute-Loire, Laurent Wauquiez a demandé des données précises quant à la situation économiques des exploitations, dans chaque production.
À l’issue de la rencontre, Gilbert Guignand et Jean Julien Deygas, n’ont pas remercié Laurent Wauquiez. Ils préfèrent attendre d’avoir des réponses et des mesures concrètes…

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