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Doit-on craindre ou s’inspirer du modèle néozélandais ?

Les éleveurs ovins français décryptent la filière ovine néozélandaise avant le grand match de l’après Brexit.

© Fotolia

La Nouvelle-Zélande est peuplée de 20 millions de brebis pour à peine 5 millions d’habitants. Un climat favorable à la pousse de l’herbe sur des sols volcaniques et une SAU composée à 75 % de prairies, voilà l’écrin idyllique permettant au pays d’être le troisième producteur mondial de viande ovine. Il est surtout le premier fournisseur de l’Union Européenne. Cependant, le pays doit-il sa réussite ovine uniquement aux hasards du Big-Bang ? C’est la question à laquelle les éleveurs français et l’Institut de l’élevage tentent de répondre. Brigitte Singla, secrétaire générale adjointe à la FNO l’affirme : « certes, nous ne pouvons pas importer les vertes prairies de Nouvelle-Zélande, mais il y a sûrement des techniques dont nous pouvons nous inspirer ».

Des prairies à perte de vue
La bonne fortune de l’élevage ovin néozélandais repose sur une parfaite maîtrise de la ressource en herbe. L’alimentation des troupeaux contient 100 % d’herbe, l’achat d’aliment est nul et la mécanisation réduite à son strict minimum. Les agnelages ont lieu en plein air. Grâce à la combinaison de tous ces facteurs, les exploitants détiennent en moyenne de 1 500 brebis. Quant à la SAU, elle laisse rêveur, avec une surface moyenne de 1 000 ha. Le résultat est donc sans appel : « les coûts de production sont 3 à 4 fois inférieurs aux coûts français » précise Marie Carlier du Service économie des filières de l’Institut de l’élevage.

Du plomb dans l’aile ?
Cependant, tout n’est pas « rose » au pays du mouton. Jusqu’en 1984, l’élevage ovin néozélandais bénéficiait de subventions plus que favorables. Depuis leur arrêt, la production bovine laitière, plus rentable, prend le dessus. En plus de trente ans, le cheptel ovin a ainsi diminué de 65 %. Les éleveurs néozélandais sont parvenus à augmenter la productivité numérique et le poids carcasse des agneaux. « Ils ont renforcé leur technicité et surtout ils ont su coordonner l’ensemble des acteurs de la filière autour d’une stratégie commune. » Malgré tout, le nombre d’éleveurs ne cesse de diminuer et, comme en France, « le renouvellement générationnel est loin d’être enclenché ». De plus, la production semble selon Marie Carlier, « menacée face aux défis environnementaux et aux changements climatiques de demain ».

Retour d’expérience
Timoléon Vesnis était tondeur avant de devenir éleveur ovin dans le Var. Son premier métier l’a conduit à réaliser quatre séjours en Nouvelle-Zélande. De ses années d’expériences, il a ramené des méthodes de production très pointues. Depuis son installation, le jeune éleveur ovin français explique s’être converti : « la culture de l’herbe est quasi religieuse. » Pourtant, les conditions pédoclimatiques entre le Var et l’Océanie sont bien différentes. Il subdivise malgré tout ses prairies à « la façon néozélandaise » pour mieux concentrer la pâture. « Les animaux restent entre 1 et 10 jours maximum sur la parcelle, le temps de dynamiser la pousse de l’herbe. Nous avons gagné jusqu’à 1/3 d’herbe en plus. Les économies d’aliments réalisées, nous ont permis d’acheter des clôtures supplémentaires pour subdiviser l’ensemble de notre parcellaire. Le manque d’herbe quasi permanent, pour nous c’est du passé ».
L’autre particularité de l’élevage néozélandais selon Timoléon Vesnis est le « turn-over » permanent des animaux où l’improductivité envoie directement à la case abattoir. « La reproduction se fait majoritairement par la monte naturelle. Un bélier doit être capable de saillir 100 brebis. S’il ne tient pas le rythme, il est rapidement éjecté... »
Alors, la France doit-elle encore craindre la concurrence de la Nouvelle-Zélande ? Depuis plusieurs années, les exportations du pays semblent se tourner davantage vers la Chine délaissant le marché européen. Mais pas suffisamment ; la filière ovine française s’inquiète toujours de l’influence de ces importations. « Que deviendront les contingents après le Brexit ? Personne n’en sait rien… » répond Brigitte Singla.

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