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Directive nitrates : le préfet du Cantal prend la mesure de l'aberration

Comme il s'y était engagé, le nouveau préfet du Cantal a visité une exploitation agricole et évoqué le problème des zones vulnérables

Le préfet, Richard Vignon, sur une exploitation de Lapeyrugue, sur le canton de Montsalvy, commune visée par le zonage.
Le préfet, Richard Vignon, sur une exploitation de Lapeyrugue, sur le canton de Montsalvy, commune visée par le zonage.
© R.Saint-André

> Vidéo de L'Union du Cantal


Le ton a changé. Et cela n'a échappé ni à la profession agricole, ni aux élus représentés par Vincent Descoeur, qui accueillait Richard Vignon sur le pays de Montsalvy, territoire dont il est conseiller général et président de communauté de communes : "Monsieur le préfet, votre attitude rompt avec celle, silencieuse, de votre prédécesseur au sujet du projet de directive Nitrate." Au mutisme de Jean-Luc Combe, à propos du classement en zone vulnérable d'une vingtaine de communes cantaliennes, succède donc la parole, sans langue de bois, du préfet Vignon.

Une colère partagée

"Vous avez des arguments  de poids face à un projet dont on a du mal à nous expliquer les critères ; dont les arguments ne sont pas complets et pas toujours convaincants", lance le représentant de l'État, depuis l'exploitation laitière de Christian Montourcy, sur les hauteurs de Lapeyrugue. En s'appuyant sur cet exemple concret, et en présence d'une trentaine d'agriculteurs et d'élus locaux, les services de la Chambre d'agriculture lui ont rappelé les conséquences qu'aurait l'application de la directive Nitrates sur les exploitations de montagne : stockage des effluents difficiles ; investissements lourds ; endettement accru ; impossibilité d'épandre ; du lisier dont on ne saura plus que faire ; un risque d'amender les prairies avec des intrants chimiques ; etc. "Je sens bien qu'au-delà du simple métier, il y a un attachement filial et humain auquel s'ajoutent les risques liés aux conditions de travail. La présence de nombreux maires prouve que bien au-delà des exploitations se noue aussi un problème de territoire, et de survie de certaines communes. Alors je comprends que vous puissiez exprimer de la colère. Ma mission n'est pas simple, je n'ai pas la capacité de décider, mais de faire remonter jusqu'au plus haut niveau vos messages. Je serai fidèle à ce que j'ai vu et entendu. Je reprendrai vos mots en prenant part à votre passion et un peu à votre colère", promet le préfet Vignon dans un discours aux accents de sincérité. Pour autant, il n'exclut aucune hypothèse. Y compris celle de décisions prises qui ne satisferaient pas la profession (FDSEA et JA réclament que toute zone de montagne soit exclue du dispositif). Dans ce cas, il s'engage à prendre une nouvelle fois le bâton de pèlerin pour "tenter de convaincre" et "voir comment adapter à nos territoires ce qui est aujourd'hui irréalisable". Car il convient d'anomalies dans "un texte qui n'est pas suffisamment pensé pour la montagne".

Démonstration par l'exemple

Pour Patrick Bénézit, président de la FDSEA du Cantal, il faut agir dès maintenant auprès des coordonnateurs de bassins et dénoncer ce qu'il qualifie d'injustice : "C'est une question de survie. Sinon, seront créées des zones d'extermination de l'élevage." Christian Montourcy corrobore ces propos : il rembourse un prêt pour un investissement de  66 000 euros (avec  seulement 6 000 euros d'aides) qui sert la qualité de vie de ses vaches laitières et celle du lait qu'il livre. Alors pas question de devoir de nouveau se lancer dans des travaux ; "je préfère arrêter", lâche-t-il. François-Xavier Lebreton, directeur de l'établissement départemental de l'élevage, a fait les comptes : "Sur l'exploitation de 43 ha, moins de 10 % ont moins de 10 % de pente. Soit, après classement en zone vulnérable de sa commune, seulement 4,5 ha pour épandre du lisier, alors que l'éleveur couvre actuellement la totalité de la surface, grâce à du matériel adapté. Il lui faudrait une fosse capable de stocker 200 m3, soit un investissement improductif de 38 000 euros, et  sur  les  800  m3  produits à l'année, les deux tiers seraient exportés. Mais  vers où ?", se demande le technicien en admettant le côté "presque surréaliste de la question"...  Un exemple qui peut se reproduire partout où les communes du Cantal sont menacées de zonage, comme l'a rappelé Joël Piganiol, secrétaire général de la FDSEA, et qui menace plus encore les nouveaux installés, déjà très endettés, comme l'a souligné Benoît Aurières, le président des Jeunes Agriculteurs.

 

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