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Des discours oui, mais surtout des actes !

Tour d’horizon de l’actualité par les responsables agricoles de la Chambre d’Agriculture.

Pascal Lerousseau et Jean-Marie Colon.
Pascal Lerousseau et Jean-Marie Colon.
© ND

Lundi 29 janvier dernier, Pascal Lerousseau, président de la Chambre d’Agriculture et Jean-Marie Colon, 1er vice-président ont présenté leurs vœux à la presse et en ont profité pour faire un bilan de l’actualité agricole.
Se référant à la venue d’Emmanuel Macron en Auvergne, Pascal Lerousseau salue le discours globalement positif du Président de la République vis à vis du monde agricole mais souligne quelques points qui l’ont interpellé.

Glyphosate
Il relève en premier lieu une incohérence concernant la politique environnementale menée par le gouvernement sur le sujet du glyphosate : « S’il s’avère réellement que le glyphosate est dangereux pour la santé des consommateurs, il faut effectivement le supprimer ! Mais alors pourquoi en même temps que l’annonce du gouvernement du retrait de ce produit sous trois ans, celui-ci signe un accord avec le CETA permettant l’importation de denrées alimentaires produites avec des molécules interdites depuis longtemps en France ? Les produits alimentaires ne peuvent être traités comme les produits de consommation courante : on ne peut échanger des Airbus contre de la viande produite sans aucune traçabilité ni respect du bien-être animal ! Les produits alimentaires doivent impérativement être sortis des accords de libre-échange car avec tous les beaux discours actuels sur l’environnement et la santé, en signant ces accords en l’état, on assiste à une véritable hypocrisie de la part de nos dirigeants vis à vis du monde agricole et à une tromperie énorme vis à vis du consommateur ! »

Plan loup
Il enchaîne ensuite sur le souhait exprimé par le Président Macron de laisser libre cours à l’expansion territoriale du loup et souligne l’incompatibilité de sa présence dans les zones d’élevage du Massif Central. Pour illustrer ses propos, il cite l’exemple d’un ami, éleveur en Lozère, qui déplore des attaques sur des troupeaux de moutons mais également des veaux naissants et même des chevaux !

ICHN
L’Europe a donné l’injonction à l’État français de revoir sa définition des zones éligibles à l’ICHN. Selon elle, trop de territoires concernés en France entraînent des distorsions économiques avec les autres États membres. Pascal Lerousseau et Jean-Marie Colon se disent très inquiets de cette révision qui pourrait entraîner un manque à gagner important pour la ferme Creuse. Emmanuel Macron s’est pourtant montré rassurant lors de son discours en indiquant qu’il n’y aurait pas d’écrêtement de cette aide. « Cela ne suffit pas pour rassurer le monde agricole qui a déjà assisté à la défaillance du gouvernement précédent sur ce sujet lorsque celui-ci, malgré les alertes de la profession, avait purement et simplement « oublié » le financement de cette mesure dans son budget. »

Plan protéine
Le Président Macron a annoncé dans son allocution la mise en œuvre d’un « plan protéine d’envergure permettant aux éleveurs une meilleure autonomie en matière d’alimentation animale », là encore les représentants agricoles de la Chambre d’Agriculture s’étonnent car l’État français vient de supprimer une aide financière mise en place il y a trois ans (de l’ordre de 100 euros l’hectare) pour semer des légumineuses ayant ce même objet. Où est la cohérence dans tout cela ?

PAC
Après avoir fait un mea culpa et reconnu que les retards de paiement cumulés depuis 2015 en matière d’aides PAC étaient inhérents à la bureaucratie franco-française, Emmanuel Macron a annoncé que tout rentrerait dans l’ordre en 2018. Pascal Lerousseau déplore « ces cafouillages » qui ont empêché les agriculteurs de se projeter sereinement dans la gestion de leur exploitation. Jean-Marie Colon souligne même que des jeunes agriculteurs ont dû rembourser des aides, engendrant des situations dramatiques pour certains.

États Généraux de l’Alimentation
Pour Pascal Lerousseau, les 19 articles du projet de loi connus à ce jour portent des propositions intéressantes. Il espère notamment qu’elles permettront de reconnecter le prix du produit aux coûts de production. L’encadrement des promotions lui semble également primordial, il en veut pour preuve les dernières émeutes liées à la mise en promotion d’une célèbre marque de pâte à tartiner. Il s’interroge : « Pourquoi à un moment T, va-t-on payer quatre fois moins cher que le reste de l’année un même produit ? Qu’est ce qui justifie cela ? Comment le consommateur peut-il s’y retrouver ? ».
Concernant Jean-Marie Colon, il lui semble logique d’écouler des produits alimentaires en passe d’être périmés par le biais des promotions car cela permet de lutter contre le gaspillage alimentaire. Hormis ce cas précis, toutes les autres promotions lui semblent totalement injustifiées.

Climat
Les éleveurs plein air font tout ce qui est en leur pouvoir pour que leurs animaux souffrent le moins possible des précipitations qui ont inondé leurs champs. Les professionnels estiment que le fait de l’élevage tout extérieur résulte le plus souvent d’un choix économique car les bâtiments coûtent cher ! Ils expriment ici la nécessité pour le monde agricole d’avoir accès à un véritable plan de modernisation des exploitations.
Par ailleurs, en référence à un reportage télévisé montrant du doigt l’agriculture concernant les inondations subies en Île-de-France, Jean-Marie Colon s’indigne en indiquant que contrairement à l’urbanisation à outrance, l’agriculture contribue à réguler les crues. Il explique par ailleurs que si on autorisait les agriculteurs à réaliser des retenues collinaires, cela leur permettrait d’affronter les difficultés liées aux sécheresses de plus en plus récurrentes. « C’est un système qui serait plus économique et écologique que l’achat de fourrages livrés par camion. D’ailleurs, même si on n’en entend plus trop parler, nous espérons que les annonces de début de mandat de Monsieur Hulot en matière de possibilité de stockage des eaux de pluie seront suivies d’effets ».

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