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Dans les vignes, des ceps meurent de soif

Les vignes aussi souffrent du déficit pluviométrique et au-delà des pertes de récoltes, les vignerons craignent des conséquences irrémédiables sur le long terme.

À Boudes, David Pélissier témoigne de l’absence de développement végétal de ses vignes du fait de la sécheresse. « À cette période, les feuilles devraient atteindre près de deux mètres de hauteur».
À Boudes, David Pélissier témoigne de l’absence de développement végétal de ses vignes du fait de la sécheresse. « À cette période, les feuilles devraient atteindre près de deux mètres de hauteur».
© M.C

Boudes est réputé pour être le village méridional du Puy-de-Dôme. Niché au creux d’une vallée à l’extrême sud du département, avec ses maisons viticoles en pierre granitique et ses côteaux décorés de vignes, seul le bruit des cigales manque à ce paysage. Du moins à l’ordinaire, car cette année, Boudes, comme tant d’autres communes, a des allures de savane africaine. L’herbe est grillée sur plusieurs kilomètres carrés, les arbres sont à la peine et les vignes font pâle figure à l’heure où leur magnificence devrait s’exprimer. Plantes souvent citées comme l’exemple de résistance à la chaleur et à la sécheresse, les ceps ont désormais soif après plus d’un an de déficit pluviométrique. David Pélissier, 3ème génération de vignerons, est démoralisé. « Le matin je commence par aller voir les plus vilaines vignes pour finir le soir vers les plus belles. Dans ce sens, je suis sûr de retrouver le moral avant d’aller me coucher. »

Paysage désolant

Depuis le mois de janvier, David Pélissier a relevé environ 160 mm de pluie. Des orages pour la plupart où l’eau déversée à vive allure n’a pas eu le temps de pénétrer dans les profondeurs des côteaux. Sur les hauteurs de Boudes, les parcelles de vignes sont ainsi vêtues d’un singulier camaïeu de vert et de marron. « À cette période, de loin, on ne devrait plus pouvoir distinguer chaque pied de vigne. Les feuilles devraient atteindre presque deux mètres de hauteur » explique le vigneron. Au lointain, les dégâts de la sécheresse sur le vignoble sont considérables. Une fois les pieds dans la vigne, ils deviennent effrayants. La végétation des ceps est réduite au strict minimum à tel point qu’« on se croirait au mois de mai ».

Sécheresse et printemps froid

Le déficit pluviométrique de l’hiver puis du printemps, combiné au gel tardif de fin mars, ont défavorisé le développement de la plante. « L’enveloppe des bourgeons a séché à cause du froid et du manque d’eau mais à l’intérieur les feuilles étaient encore vertes. S’il y avait eu de l’eau, ils se seraient développés rapidement. Cela n’a pas été le cas. Ils ont végété et il y a un mois, ils ont séché sur place. » David Pélissier estime que chaque pied de vigne a perdu 20% de ses bourgeons. Les 80% restants ont survécu mais l’explosion végétale tant attendue n’a pas eu lieu.

Quant aux grappes, elles sont bien présentes, témoins « d’une belle floraison » mais le manque d’eau a « fait avorter des fleurs ». Leur taille est réduite de moitié et celle des grains est hétérogène. « On dirait que la vigne à millerander(*) mais les plus petits grains tombent, grillés par le soleil. »

« Les plus jeunes ceps sont morts »

Dans le vignoble de David Pélissier, les vieilles vignes d’environ 100 ans sont celles qui résistent le mieux. « Leurs racines s’enfoncent à plus de 15 mètres dans le sol et captent le peu d’eau qu’il reste. » En revanche, les jeunes vignes sont celles qui souffrent le plus. Agées entre 15 et 30 ans, leurs racines n’atteignent pas encore les fraîches profondeurs. « Le sous-sol est argilo-calcaire, il est très profond voire même trop. Elles ne peuvent pas atteindre l’eau. Ces vignes vivotent. » Enfin, David Pélissier n’a plus d’espoir pour de très jeunes ceps plantés il y a moins de cinq ans. Après une tentative désespérée et infructueuse d’arrosage quotidien, le vigneron épuisé par la chaleur a abandonné. « Ces ceps ont crevé, grillés sur place. »

Les huit prochains jours seront cruciaux selon David Pélissier. Face à l’absence de pluies, il craint de voir ses vignes entrer dans une phase de survie. « Les ceps vont faire leur réserve pour assurer leur survie et donc limiter la production de grain. » Quant à savoir si les plantes parviendront à assurer le remplissage des grains dans ce contexte ? « Je ne sais pas. C’est une situation inédite pour nous. »

L’ensemble du vignoble puydômois est bien entendu impacté par le déficit hydrique et les fortes chaleurs. Les vignerons estiment déjà des pertes de rendement, hors grêle, de 30 à 50%.

(*) Défaut de maturation de la grappe dans laquelle on retrouve des raisins matures et d’autres pas.

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