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Cyclisme : chapeau bas Jérôme Bonnet

Jérôme Bonnet a bouclé les 600 km de son tour du Cantal à vélo. Un défi parmi tant d’autres pour faire parler de la spondylarthrite ankylosante, maladie dont il est atteint.

Un sportif et son vélo.
Il aura fallu 22 h 30 à Jérôme Bonnet pour boucler les 600 km de son tour du Cantal, les 2 et 3 juin au départ de Saint-Flour.
© J. B.

Le canapé, très peu pour lui. “C’est ce qui nous tue.” Atteint de spondylarthrite ankylosante, Jérôme Bonnet a tout arrêté : son métier, ses cachets, le sucre. Mais pas le sport. De ces années de moniteur d’auto-école à Murat, ou de formateur chez Gaillard (transport, logistique, sécurité), à Aurillac, il en retire un mal de dos tenace. “Médecins, anti-inflammatoires, IRM, scanner… Je suis photographié dans tous les sens !” Il faudra deux ans au corps médical pour poser un diagnostic : le Cantalien, 30 ans à l’époque, est porteur de l’antigène HLA B27 à la surface de ses globules blancs. Ce marqueur génétique est associé à une série de maladies auto-immunes, en particulier celles qui affectent les articulations et la colonne vertébrale, dont la spondylarthrite ankylosante

“Pendant des années, j’ai pris des cachets. Et puis un jour, j’ai demandé à mon rhumatologue si tout ça allait me flinguer. Il me répond oui. C’est la dernière fois que l’on s’est vu.” 

Se dire que “la vie est extraordinaire”

Plus de médicaments, plus d’emploi non plus, par choix, et une vie qui sera désormais rythmée par le sport. Adepte du vélo, il se teste sur l’escalade et la course à pied. Et se maintient en forme avec de la prépa physique : “Les pompes, les abdos, c’est chiant mais j’en fais tous les jours, sinon je ne suis pas bien, je n’ai pas de bonnes sensations. Dans toutes les maladies, il y a une grosse part de mental.” Seul le dimanche échappe à cette routine de 2 h 30 de sport quotidiennes, “parce que ma femme ne travaille pas. La position assise, c’est le pire de tout”. 
Depuis son appartement sanflorain, Jérôme Bonnet se lance des défis. Le premier, en 2022 : 1 100 km, histoire de prendre l’air après une séparation. Avec 5 kg de strict nécessaire dans le sac à dos, du Mont Ventoux à Grenoble, en revenant par les chemins de Compostelle. Vingt-et-un jours pour “se réconcilier avec l’être humain” et se dire que “la vie est extraordinaire”. 
L’année d’après, Jérôme Bonnet s’offre “un petit kif” entre Saint-Flour et Hendaye, sur le GR 10. Et puis en 2024, l’Hexatrek. Un tournant dans la vie du cinquantenaire, qui traverse la France à pied (3 000 km, 140 000 m de dénivelé), en autonomie totale, avec un sac à dos et une tente pour seule compagnie. Tout est consigné dans un petit carnet, “pour faire lire à mes enfants”. Naît alors “56 jours, la traversée de la France par les montagnes”. Un livre dans lequel il partage son aventure humaine, sportive et mentale. Ou comment l’activité physique fait passer la maladie au second plan… Même TF1 s’est intéressé à son parcours, en lui proposant de participer à Ninja Warrior. Une invitation que Jérôme Bonnet a décliné poliment, ne se sentant pas assez “Ninja”.

Pauvre en sucres, riche en lipides

Il opère également un changement radical dans son alimentation : “Je mangeais comme tout le monde : du sucre, du sucre et parfois, un peu de sucre ! Mais mon corps a dit stop, j’ai fini très malade sur le GR 10, j’ai mis quatre mois à m’en remettre.” Christopher Froome, Romain Bardet, seraient adeptes du régime cétogène. Le pilote moto Jean-Michel Bayle également. “Et quand lui fait quelque chose, il ne le fait pas pour rien.” C’est décidé, “je ne mangerai plus jamais comme avant”. Pour faire simple, le cétogène, c’est pauvre en sucres et riche en lipides. Il a fallu une quinzaine de jours pour opérer cette transition et maintenant, déjeuner avec une plaquette de beurre de 125 g (ou plus…), un peu de jambon et du fromage, ça ne lui fait pas peur ! 
Son objectif de l’année : le tour du Cantal à vélo, soit à peu près de 600 km à vélo, le long des frontières cantaliennes, avec des incursions dans le Lot ou la Lozère. Il s’est élancé de Saint-Flour lundi 2 juin à 6 heures du matin avec l’objectif de conclure son périple en moins de 40 heures, de jour comme de nuit. La voiture du comité cycliste du Cantal l’a précédé et derrière, un petit camion de l’Office municipal de la Jeunesse et des Sports (OMJS) aménagé avec un matelas - “pour dormir au cas où” -, sa compagne, et Mickaël Perrier, gérant d’un magasin de vélo dans la Cité des vents, l’un de ses 13 sponsors. Un test grandeur nature “pour voir ce que je suis capable de tenir en ultra-distance, jusqu’où mon corps va. À pied, je l’ai déjà fait ; en vélo, je ne savais pas”. Ses deux craintes avant de partir : s’endormir sur le vélo et le mal aux fesses… 
Et si l’anxiété mêlée à l’excitation du challenge a rendu ses dernières nuits avant le jour J un peu blanches, le Cantalien garde les idées claires : “Il y a des gens qui se reconnaissent dans ces défis sportifs. Ça fait parler de mon association, Spondy’venture, de la maladie, et notamment de comment on l’aborde quand on est sportif.” De temps en temps, la spondylarthrite ankylosante se rappelle à lui : “Un orteil engourdi, une sciatique… Mais je ne m’en plains pas, il y a des enfants en fauteuil roulant !”
Pas de petit carnet cette année pour tout consigner de cette aventure, mais les caméras du Conseil départemental pour immortaliser ce tour du Cantal sans étape. À peine cinq minutes de pédalage, et déjà “de l’eau, de l’eau, de l’eau…” La nuit, il a fallu se couvrir pour affronter le froid en traversant Bort-les-Orgues. Et finalement, tester le matelas, “mais même pas 30 secondes, sinon je me suis dit que jamais je ne repartirai !” Sur le trajet, il avale “à peine 80 g” de nourriture : du beurre bien sûr, un demi-œuf dur et deux rondelles de saucisson. À 25 km/h de moyenne, Jérôme Bonnet est de retour dans la cité sanfloraine le lendemain, à 4 h 30 du matin ! “J’avais annoncé 40 heures, sans vraiment savoir. J’avais pris large finalement !” Après avoir repris des forces, il salue “la super équipe (avec lui). Je n’avais encore jamais partagé ça… Un copain est venu à 3 heures du matin m’encourager à La Chapelle-Laurent ; d’autres m’ont soutenu quand je suis passé vers chez eux, à Chalvignac. Beaucoup de monde m’a aussi suivi sur les réseaux sociaux. J’ai trouvé ça génial !” De quoi repartir d’emblée ? “Rien n’est encore défini mais des idées, j’en ai plein !” 
 

 

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