Aller au contenu principal

« Contractualiser pour qu’enfin nos coûts de production soient pris en compte »

Éleveur en Saône-et-Loire et coordinateur du Berceau des races à viande, Christian Bajard invite les éleveurs à faire sans tarder une proposition de contrats à leurs acheteurs. Dans leur intérêt et comme le prévoit désormais la loi.

Christian Bajard coordonne le Berceau des races à viande du grand Massif central.
Christian Bajard coordonne le Berceau des races à viande du grand Massif central.
© SC

Pourquoi les éleveurs doivent-ils proposer un contrat à leur acheteur ?
L’enjeu est très important. Jusqu’à présent, au sein de la filière, nous avons essayé beaucoup de choses pour permettre aux éleveurs d’être rémunérés au juste prix. C’est une demande incessante que nous avons porté au sein de nos sections bovines départementales, régionales, du Berceau des races à viande, de la Fédération nationale bovine. Force est de constater que souvent nous nous sommes heurtés aux mêmes réticences, et à des résultats très mitigés. Aujourd’hui, avec la contractualisation obligatoire, la situation change profondément car elle redonne la main aux éleveurs. C’est une opportunité inédite pour enrayer le déclin de la production bovine, pour donner envie et de la lisibilité aux jeunes, et surtout sortir d’une spirale de crises successives.

Concrètement, comment promouvoir la contractualisation auprès des éleveurs alors que jusqu’à présent à peine 2 % de leurs volumes produits le sont ?
Parce qu’avec la loi Egalim 2, la contractualisation d’une part devient obligatoire et qu’elle implique le respect des coûts de production des éleveurs, et pas n’importe lesquels, ceux de l’Idèle validé par l’interprofession établis tous les semestres. Nous avons bien conscience que cela constitue une révolution dans notre secteur, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. On ne peut pas d’un côté se plaindre que les prix sont trop bas, et de l’autre ne rien faire pour que les choses changent.

Que répondez-vous à certains qui considèrent la contractualisation comme une atteinte à leur liberté ?
La liberté est assez limitée quand on ne couvre pas ses coûts de production. On ne peut pas refuser d’aller chercher un outil qui permet d’être mieux rémunéré. Une fois le contrat proposé par l’éleveur, on entre dans un processus de négociation avec les opérateurs, qui eux-mêmes, vont devoir porter les contrats auprès des abatteurs et distributeurs. Le processus n’a rien de figé bien au contraire. Tout le monde a peur du changement, et chacun l’aime le plus souvent pour les autres. Si la responsabilité de proposer des contrats incombe à chacun, c’est collectivement que nous serons en mesure de dépasser les difficultés.

Aujourd’hui sur le terrain, les questions sont nombreuses. À qui les éleveurs peuvent-ils s’adresser pour se faire aider ?
Les éleveurs ne doivent pas rester seuls face à leurs interrogations. C’est pourquoi, depuis l’automne, des réunions d’information sont organisées dans la plupart des départements par le réseau syndical. Certaines chambres d’agriculture devraient proposer un accompagnement, tout comme certaines organisations de producteurs non commerciales. Aujourd’hui, la plupart des éleveurs savent qu’ils ont ce contrat à remplir et à proposer à leurs premiers acheteurs et sont donc plus réceptifs aux réunions. À terme, plus personne ne devrait pouvoir acheter de gros bovins sans un contrat. En revanche, foires et marchés, concours d’animaux de boucherie et animaux reproducteurs en sont exemptés. L’éleveur a la liberté de signer son contrat avec qui il veut. Il peut signer plusieurs contrats pour la même catégorie d’animaux avec plusieurs acheteurs.

En quoi cette nouvelle donne a-t-elle un intérêt pour tous les acteurs de la filière ?
Si on ne bouge pas, on continuera à faire le constat d’un appauvrissement du secteur de la viande bovine, avec des revenus toujours en queue de peloton, et une décapitalisation du cheptel qui pourrait être dramatique pour nos zones où il est difficile de faire autre chose que de l’élevage. De l’éleveur à l’abatteur, demeure un intérêt commun de maintenir un niveau dynamique de production.

La contractualisation va amener plus de transparence y compris au bout de la chaîne alimentaire avec la GMS…
L’avantage de ces contrats, c’est effectivement que nous pourrons vérifier les allégations de la grande distribution en faveur d’une juste rémunération des producteurs. Les GMS surfent sur cette vague car les consommateurs y sont sensibles. À eux désormais de se donner les moyens de la respecter.

Les plus lus

Alice Mulle et ses chèvres Saanen
Un élevage caprin équilibré pour les deux associés de Nogardel

Pour Alice Mulle et Antonin Michaud-Soret, qui ont repris la ferme familiale à la suite des parents d’Antonin, leur système…

deux hommes, la famille Lemmet, avec du fromage saint-nectaire
AOP saint-nectaire, une tradition chez les Lemmet

Julien Lemmet incarne la quatrième génération de producteurs fermiers au Gaec de l’Estival de Marcenat. Une tradition…

Jean-Rémi Barret dans sa bergerie
Un « Gaec fondé par la volonté de deux personnes »

Le Gaec de la ferme du Bercayral a connu de nombreuses évolutions depuis la naissance de l’exploitation en 1996. Entre…

Le burger fermier de Benoît Lafon

Saveur d'Ayvals - À bord de son food-truck, Benoît Lafon, éleveur salers à Jussac, sillonne tout l’été les marchés de pays et…

40 ans, anniversaire équipe Sodiaal, camion, ramassage de lait, usine LFO de Saint-Mamet
Saint-Mamet : Les Fromageries occitanes fêtent leurs 40 ans

Anniversaire - Société du groupe Sodiaal, Les Fromageries occitanes ont écrit l’histoire en Châtaigneraie en 1985. Quatre…

Nicolas Cussac sur son exploitation.
Photovoltaïque : pour une maîtrise des coûts de l’électricité sur l'exploitation

Pour maîtriser sa facture d’électricité, le Gaec Cussac La Chaumette s’est converti au photovoltaïque et au chauffe-eau…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière