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Interview
Claude Font : «L’objectif fixé, c’est zéro attaque»

Premières tendances de prédation en 2020, projet gouvernemental de rehaussement du plafond de prélèvement, l’actualité autour du loup est chargée en cette rentrée. Le point avec Claude Font, élu à la FNO en charge du dossier loup.

Claude Font, élu à la FNO en charge du dossier loup
Claude Font élève des brebis en Haute-Loire
© Sophie Chatenet

Quelles sont les premières tendances concernant la prédation du loup en 2020 ?

Toutes les données des DDT (directions départementales des territoires) ne sont pas encore remontées à la Dreal et il reste de gros mois d’estives donc il faut rester prudents pour 2020. Le préfet coordonnateur évoque une légère baisse. Nous, au niveau professionnel, nous ne voyons pas vraiment de baisse mais plutôt une stabilisation des attaques. Le montant des indemnisations en 2020 devrait d’ailleurs être équivalent à 2019. Nous constatons en tout cas que de nombreux loups sortis de meute sont aujourd’hui en quête de nouveaux territoires. Certains ne font parfois que passer, d’autres causent des dégâts. Sur ces territoires-là il faut le dire clairement : nous sommes dépassés. Les éleveurs mais aussi les services de l’Etat n’étaient pas prêts à devoir gérer la prédation du loup dans leur département. Au niveau de la Fédération nationale ovine, nous avons donc dû faire un gros travail d’information auprès des éleveurs, des DDT ou encore des louvetiers.

Comment se protéger dans les zones les plus touchées par les attaques du loup ?

D’après les dernières observations, le loup ne s’attaque plus uniquement aux élevages d’alpages durant les estives. Son territoire de colonisation évolue, on le voit par exemple arriver en Saône-et-Loire. Face à cette nouvelle donne, la question qui se pose est celle des moyens de protection que l’on donne aux éleveurs. Le loup reste une espèce protégée et seules quelques méthodes peuvent être utilisées pour s’en protéger. Au niveau matériel, il y a soit les filets, soit les clôtures électrifiées. À chaque attaque, l’Office français pour la biodiversité (OFB), mais aussi les DDT et les départements sont alertés pour mobiliser des crédits d’urgence destinés à mettre en place rapidement des moyens de protection adéquats. En complément, certains éleveurs utilisent des chiens patou mais ils peuvent causer des incidents avec les promeneurs. L’ultime solution, c’est de rentrer les brebis la nuit mais cela va à l’encontre de leur cycle de vie naturel. 

Que pensez-vous du projet d’arrêté gouvernemental concernant le prélèvement du loup ?

Il faut d’abord rappeler que c’est bien à l’État de gérer la question des prélèvements. Le projet gouvernemental dont nous parlons était en consultation jusqu’au 13 septembre. Il prévoit de remonter le plafond de loups pouvant être tués chaque année pour mieux protéger les élevages. À l’heure actuelle, le taux de prélèvement est de 17 % sur un total d’environ 580 individus. L’objectif est de monter à 19 % de prélèvements. Ce taux de prélèvement a bien été contesté au Conseil d’État par plusieurs associations mais il est aujourd’hui confirmé. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que nous ne sommes pas dans une logique d’éradication du loup. Peu importe le nombre de loups ou le taux de prélèvement, nous souhaitons seulement défendre nos troupeaux et faire baisser la pression liée à la prédation du loup. L’objectif fixé, c’est zéro attaque sur l’ensemble du territoire. Pour cela, il faut que chaque loup en approche d’un troupeau puisse être prélevé.

Quelles sont les demandes que vous formulez auprès du préfet coordonnateur ?

Le 2 septembre dernier, Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique, NDLR) s’est rendue dans le Parc national des Écrins et a rappelé que les tirs de prélèvement dans les réserves naturelles représentaient une ligne rouge qui ne serait pas franchie. Notre sentiment, c’est que les éleveurs situés dans ces zones sont les grands oubliés des plans loups successifs. Aujourd’hui, ils se retrouvent démunis et n’ont même pas le droit de procéder à un tir de défense simple pour protéger leurs troupeaux. De notre côté, nous militons pour que la protection soit la même sur l’ensemble du territoire. Pour ce qui est des mesures de protection, nous demandons également une avance de trésorerie pour les éleveurs. S’il s’agit d’installer des filets ou une clôture électrique, ils peuvent le faire mais avancer le salaire d’un berger ou d’un aide berger peut se révéler beaucoup plus complexe, c’est un dossier que nous souhaitons voir aboutir au plus vite.

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