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CERFRANCE : Onze participants débattent en synergie sur l’économie du Cantal

Le Cantal a la qualité de vie en porte-feuille...Mais est-ce suffisant?Il faut aussi de la main-d’œuvre et des outils de désenclavement, espèrent les acteurs économiques, fiers du département.

Les trois représentants consulaires et le président du Département ont débattu avec sept responsables d’entreprises (photo).
Les trois représentants consulaires et le président du Département ont débattu avec sept responsables d’entreprises (photo).
© R. S.-A.

Présent dans tous les secteurs économiques, le CER France a souhaité mettre en pratique les axes de son projet d’entreprise en organisant une rencontre entre élus professionnels et acteurs économiques... sans y prendre directement part. Une majorité des onze invités a, à un moment ou un autre, appelé de ses vœux un “travail en synergie” pour rendre le territoire toujours plus attractif, attirer de nouvelles entreprises et de la population active, afin de pourvoir les besoins de main-d’œuvre, comme l’a confirmé Alain Lacroix, vice-président de la Chambre de métiers et de l’artisanat. Synergie... Un vocable qui rappelle que Synergie 15, mouvement porté par les organisations professionnelles et soutenu par les élus, avait permis en son temps de faire accélerer le projet de reconstruction du tunnel du Lioran. Et aujourd’hui encore, très vite, la discussion tourne autour de l’enclavement du département.

Désenclaver

Désenclaver s’avère la priorité. Car il s’agit certes de faciliter l’accès et la vie sur place à de potentiels nouveaux arrivants, mais “le Cantal a également besoin d’aller vers l’extérieur”, comme l’a souligné Vincent Descœur, président du Conseil départemental, invité en qualité de “grand témoin” du débat. Président du groupe coopératif Altitude, Jean-Pierre Chateau démontre combien un simple retard sur la route peut faire perdre plusieurs dizaine de milliers d’euros quand, comme Covial, on transporte des produits frais, attendus à une heure précise par les clients exigeants que sont les GMS. “Saint-Flour est désenclavé”, lance pour sa part Bernard Villaret, président de la Chambre de commerce et d’industrie, appelant de ses vœux un meilleur accès aux autoroutes depuis Aurillac, “via une route nationale digne de ce nom”. Et de s’inquiéter “si, par un malheureux hasard, on n’arrivait plus à financer la ligne aérienne, ce serait une vraie catastrophe !” Ces besoins ont été perçus par la Région, dont la nouvelle mandature a accepté de participer au volet routier et a augmenté sa contribution à la gestion de la ligne aérienne vers Paris. Vincent Descœur, en garantissant aucune connotation politique, tient à dire que, selon lui, si un Rhônalpin ou un Lyonnais prenait la tête de la grande Région, tout deviendrait plus compliqué et ce serait peut-être la fin d’un “traitement de faveur”(Pacte), dont profite le Cantal en tant que “département périphérique”. Et lorsqu’il rappelle que l’assemblée départementale n’a plus un seul interlocuteur à Clermont-Ferrand, ses regrets semblent partagés par tous. Ce que résume d’une formule Patrick Escure, président de la Chambre d’agriculture : “Tout s’éloigne !” Il précise que les agriculteurs, qui vivent dans les villages, en sont les premiers témoins. En revanche, pour se faire connaître, Lyon peut s’avérer un atout. Bernard Villaret s’empresse d’ajouter que le commerce et l’industrie ne travaillent pas seulement avec la capitale administrative, mais aussi avec des métropoles comme Toulouse ou Montpellier et que, de surcroît, il faut être conquérant sur l’export. Attentif à ces propos, Patrick Escure met cependant en garde : il ne veut pas “d’une France qui se construise sur de grandes métropoles avec des citadins qui décident pour le monde rural”. Le président de la Chambre d’agriculture considère que le Massif central est un niveau économique pertinent, d’autant qu’en son sein, le Cantal s’avère “le département le plus identitaire”.

Consommer du rêve...

À cet égard, le président du groupe Altitude souligne l’avantage du mode coopératif qui, non seulement décide de sa stratégie, mais génère une activité qui ne sera jamais délocalisable et s’assure donc de garder sur place un pouvoir de décision, basé sur les atouts de nos territoires. Jean-Pierre Chateau pense ainsi que “l’acte de consommer Cantal, c’est aussi vendre un peu de rêve, de paysage”... “C’est une chance de garder sur place nos productions au savoir-faire reconnu et nos outils de filières”, complète Patrick Escure. Yves Laubert, directeur du Comité interprofessionnel des fromages, est bien placé pour le savoir. L’idée est ainsi de transformer sur place, vendre à l’extérieur et capter de la plus-value qui profite au département. “La vraie révolution ? C’est que pendant de trop longues années nos fromages se plaçaient sur une offre de promotion et qu’aujourd’hui, le tir est corrigé vers une offre de produits, avec une qualité qui pointe vers le haut.”

Germinal, c’est fini !

La qualité ne concerne pas que le domaine agroalimentaire. Fabrice Lapié, co-président de la CPME, est convaincu du potentiel qualitatif du département, illustré par une vidéo où témoignent les chefs d’entreprises déja installés dans des secteurs de pointe. Pierre Gouzon, patron de Pro archives sytèmes (anciennement archivage Visy) a déjà fait ses preuves. L’atelier numérique est passé de 2 employés en 2002 à 25 salariés aujourd’hui. Du personnel surtout féminin, une donnée importante quand on sait que l’emploi du conjoint s’avère parfois un frein à celui qui a potentiellement trouvé du travail dans le Cantal. Pierre Gouzon a profité de la tribune pour regretter une autre forme de désenclavement qui n’arrive pas assez vite - du moins à un prix accessible - c’est le très haut débit, via la fibre, dont son activité aurait pourtant tant besoin. Toujours à propos d’emploi, Sébastien Fau de Startpeople confirme une reprise du besoin de main-d’œuvre et... la difficulté d’embaucher, à travers le prisme de l’intérim. Il suggère pour avoir la ressource nécessaire de mieux communiquer auprès des jeunes, lors de leur orientation, et rompre avec des idées reçues. Car comme le souligne le président de la CCI : “Germinal, c’est fini...” Vivre dans un département prisé des touristes peut devenir un argument pour convaincre. Solange Escure, directrice des Gîtes de France Cantal, témoigne : “Quand on est venu dans le Cantal, on y revient. Et le département est celui où les séjours sont les plus longs.” En outre, la restauration du patrimoine bâti, avant de louer, génère des commandes pour les professionnels locaux du bâtiment. Les événements culturels participent à l’attractivité évoquée, mais contribuent également à l’économie du territoire. Christophe Paris, administrateur d’Éclat, précise que l’organisation du festival mobilise 9 permanents à l’année (7 ETP) et 170 CDD en août. Il insiste surtout sur les retombées générées par les visiteurs : “L’équivalent de 113 000 journées, concentrées sur quatre jours. Au total, ces visiteurs consomment pour 2 millions d’euros, dans l’hébergement, la restauration, mais aussi - et c’est moins connu - à hauteur de 30 % dans les autres formes de commerce.”

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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