Race salers
Au Sommet, un National à part
Quatre ans après avoir investi le Zénith d’Auvergne, une première, le National revient au Sommet de l’élevage dans un environnement bien différent que décrit Lionel Duffayet.
Il y a quatre ans, la salers avait créé l’évènement dans l’évènement et fait sensation à Cournon en investissant la salle de spectacle du Zénith pour son National. Dans quelques jours, la race sera de nouveau sous les feux de la rampe. Échanges avec le président de l’OS salers, Lionel Duffayet, sur ce temps fort.
Quels sont les impacts d’un concours national organisé dans l’enceinte du Sommet ?
Lionel Duffayet : “En premier lieu l’engouement de la part des éleveurs. L’an dernier pour le Spécial à Saint-Mamet, on avait aux alentours de 360-380 animaux. Cette année avec 450 places disponibles, on a dû faire une sélection parmi les 600 animaux inscrits au printemps. Cournon reste un évènement exceptionnel avec la présence de délégations étrangères qui donne une vitrine internationale à la race, offre des contacts aux éleveurs. Après, les retombées économiques directes ou indirectes sont impossibles à chiffrer.”
Verra-t-on à nouveau les salers fouler le sol du Zénith ?
L. D. : “Non. D’une part parce que le Zénith n’est plus trop favorable à accueillir des concours animaux, d’autre part parce que c’est un surcoût important. Mais c’est vrai qu’en 2009, le spectacle était grandiose.”
Comment s’est faite la sélection parmi les inscrits ?
L. D. : “Pour ne pas dépasser les 450 places, nous n’avons retenu qu’un animal par catégorie pour chaque éleveur. Cette année, les exposants sont en grande partie du berceau, hormis un élevage de Seine-Maritime et des animaux du Rhône. On a aussi pas mal d’éleveurs de l’Allier. Les gens de l’Est sont moins présents car ils ont organisé récemment un concours à Sedan avec une centaine d’animaux. Cela dit, ils seront là pour suivre le National.”
Ça tire pour les reproducteurs
En regardant dans le rétroviseur, qu’est-ce qui a changé pour la race depuis 2009 ?
L. D. : “Le fait que le marché des animaux de reproduction soit reparti. En 2009, il était complètement atone du fait des conséquences de la FCO. Aujourd’hui, on a une vraie demande, essentiellement pour de la femelle, tandis que le marché du mâle reste davantage centré sur le berceau. Il y a un vrai potentiel de développement du fait de la reconversion des élevages laitiers qui vont mettre ce qu’ils peuvent en céréales et passer à l’allaitant.”
Et du côté de l’international ? Les portes de l’Europe de l’Est semblent impossibles à entrouvrir...
L. D. : “Ça reste extrêmement difficile en Russie, tant du côté sanitaire que des acheteurs. C’est très loin, le transport est hors de prix... Le potentiel de développement pour les animaux vivants se situe davantage dans la vieille Europe et les pays frontaliers : avec toujours un noyau anglo-saxon, mais aussi de la demande en Espagne, au Portugal, et éventuellement en Allemagne et Autriche.”
On parle beaucoup d’engraissement en cycle court des broutards et génisses. C’est une voie d’avenir ?
L. D. : “Aujourd’hui, l’engraissement - que ce soit en salers primeurs ou babynettes - constitue un réel débouché pour les éleveurs cantaliens qui ont de la matière première, que ce soit du maïs ou des céréales. Si nous arrivons à fournir 3 000 broutards alourdis pour la SVA Jean-Rozé, ce sera de la plus-value apportée aux éleveurs et à l’économie locale qui gravite autour. On ne demande pas aux éleveurs d’engraisser tous leurs veaux, mais cinq ou six. Ce marché est intéressant pour l’avenir, car on ne sait ce que les Italiens nous réservent.”
En termes d’orientation raciale, quelles sont vos priorités ?
L. D. : “Être capable de fournir un animal et du revenu aussi bien à des éleveurs laitiers bretons en reconversion, très techniques, qu’à des acheteurs espagnols dont les attentes sont forcément différentes. On a la chance d’avoir une grande diversité d’animaux à proposer.
Et la question du taux de croisement ?
L. .D : “C’est un vrai problème avec aujourd’hui environ 60 % de croisement dans la race. Il faudrait retomber sous la barre des 50 % pour fournir des animaux de qualité pour l’élevage, approvisionner en femelles le marché de la viande et ne pas déstabiliser les filières tel le label rouge. Si on arrive à mieux valoriser les veaux par le biais de la SVA ou d’autres démarches, on peut espérer faire tomber ce taux de croisement.”
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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