Assemblée départementale : la fin de l’entente cordiale
Rien ne sera plus comme avant : le débat sur les orientations budgétaires du Conseil général a provoqué une fracture au sein d’une Assemblée jusqu’alors portée au consensus.
Dans son récent dossier consacré au Cantal (voir l’Union du 16 septembre) L’Express mettait en exergue “une pratique politique originale” dans le département, celle de la “cogestion entre un territoire rural et de montagne traditionnellement à droite et une gauche détenant de solides bastions sur Aurillac et son agglomération”. Une image parisienne finalement pas si éloignée des usages locaux, du moins jusqu’à la semaine dernière. Et de fait, si les élus cantaliens avaient jusqu’alors su honorer les débats de l’Assemblée départementale d’un respect mutuel et d’une volonté commune - malgré les divergences politiques - de développer un territoire fragilisé par ses handicaps naturels et démographiques, cette époque semble bel et bien révolue depuis le 6 novembre et une session sur les orientations budgétaires du Département qui fera date dans les annales.
Le détonateur Klopfer
Une session où il a en définitive été bien moins question de projets et d’actions pour l’exercice 2010 que d’un audit de prospective des finances du Conseil général, signé du cabinet Klopfer. Dans son analyse rétrospective des comptes du Département, le cabinet expert es finances des collectivités locales a en effet révélé des ratios financiers désormais “proches des seuils d’alerte” (voir ci-dessous) et préconisé des ajustements drastiques pour éviter au Cantal “de basculer”. “Imprévoyance, fuite en avant, entêtement...” : le vocabulaire n’a pas manqué à la réaction du groupe socialiste, dont le viseur était délibérément pointé sur le président Descœur, accusé d’avoir conduit le Conseil général “au bord du dépôt de bilan”, selon les termes d’un Alain Calmette qui avait visiblement décidé de siffler la fin de “l’entente cordiale”. Quelques instants plus tôt, c’est un Charly Delamaide très renseigné qui avait taclé sans ménage le chef de l’exécutif départemental, coupable selon lui de ne pas avoir suivi les préconisations d’un précédent rapport de la Chambre régionale des comptes, lequel s’était retrouvé la veille dans le dossier remis aux élus de la Caba réunis en conseil communautaire. Piqué au vif, c’est un Vincent Descœur amer “mais combatif” qui a riposté, avec le soutien de sa majorité, regrettant une “lecture partisane du rapport Klopfer”, des “propos diffamants” et surtout, à ses yeux, le choix de l’opposition d’entrer dans “une politique politicienne”. Une politique à laquelle le dossier de la Sablière était, à l’évidence, des moins étrangers.