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Actualités agricoles et motions à la Chambre d'agriculture de la Creuse

Le 25 novembre, la Chambre d’agriculture a tenu sa Session réglementaire à Guéret. Cette réunion, placée sous le contrôle de la Préfecture, a permis de présenter les comptes 2025 et de faire remonter aux services de l’État les préoccupations du terrain.

Le président, Pascal Lerousseau, a ouvert la séance avec les sujets d’actualité touchant le secteur. Ainsi il a d’emblée déploré les dernières annonces du Président Macron qui laissait entendre que l’accord MERCOSUR pourrait être signé par l’Europe. Dénonçant la politique du « en même temps », du chef de l’État français qui condamne d’un côté et acquiesce de l’autre, il a rappelé les risques majeurs que cet accord ferait peser sur l’élevage français. Il a demandé que cette opposition ferme soit relayée au Gouvernement en insistant sur le fait que la profession saurait se mobiliser si elle ne se sentait pas défendue fermement face à cette menace.

Le président a enchaîné avec le dossier sanitaire relatif à la Dermatose Nodulaire Contagieuse – DNC – qui a touché les éleveurs de Savoie, Haute-Savoie et Pyrénées Orientales (pour l’essentiel des foyers). Il a salué et remercié les éleveurs de ces zones qui ont, par l’observation rigoureuse des règles mises en place, permis d’éviter la propagation de la maladie. Il a souligné que certains éleveurs, dont les troupeaux malheureusement touchés, se sont vus contraints à des abattages massifs et a tenu à leur apporter tout son soutien. Il a déploré et condamné, par ailleurs, le fait que certains individus isolés et irresponsables aient pu enfreindre les règles en matière de mouvement d’animaux, mettant ainsi en danger tous leurs collègues.

Toujours dans le registre des actualités sanitaires, il a informé l’assistance qu’un foyer de grippe aviaire avait été découvert dans le département voisin de la Haute-Vienne. Il a appelé à une grande vigilance concernant le respect des mesures de confinement de la volaille. Il a également ajouté que cette maladie impactait durement les professionnels de la filière, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année et qu’il était important de tout faire pour contenir cette épidémie.

Motion Loup

La Session a longuement débattu de la présence croissante du loup. Face à la multiplication des attaques, une motion a été adoptée demandant un contrôle national rigoureux des populations et un assouplissement des conditions de tir de défense. Le maintien des cercles 2 et 3 a été défendu afin de ne pas pénaliser les éleveurs ovins qui risquaient d’être exclus des dispositifs d’indemnisation. Le texte appelle également à une indemnisation couvrant l’ensemble des pertes, indépendamment des moyens de protection mis en place et de l’avis de l’administration sur leur efficacité. A l’occasion du vote de cette motion, plusieurs membres de la Session ont rappelé l’incompatibilité de la présence de grands prédateurs avec l’élevage pastoral sur notre territoire. La Chambre a, par ailleurs, présenté le dispositif d’alerte par SMS mis en place par la Chambre d’agriculture désormais opérationnel après chaque attaque. Celui-ci porte sur l’envoi d’une information faisant suite à des attaques à tous les éleveurs des communes concernées et limitrophes. Face au projet de loi de finance qui propose une baisse des financements dédiés aux moyens de protection, alors même que le nombre d’attaques s’intensifie, une question a été posée à la Préfète : « Les éleveurs doivent-ils s’attendre également à une baisse des indemnisations des pertes engendrées par les attaques s’ils ne peuvent protéger efficacement leur troupeau et surtout, est-ce que ce mécanisme a été voulu par le Gouvernement pour faire des économies ? »

Anne-Frackowiak-Jacobs s’est voulu rassurante en informant les membres de l’instance que le statut du loup allait changer au 1er janvier 2026 permettant, notamment, de réaliser des tirs de défense de façon simplifiée.

Équarrissage : forte hausse des tarifs

Une seconde motion a été consacrée à l’augmentation des tarifs d’équarrissage. Line Dauphin, directrice du service élevage de la Chambre d’agriculture a ainsi rappelé que si la Chambre est organisme collecteur de cette taxe, elle n’est en rien responsable de son augmentation qui ne manquera pas de susciter de vives réactions dans les fermes. À ce titre, la Chambre d’agriculture s’interroge sur l’obligation qui lui est faite d’être le collecteur de la CIE Equarissage pour le compte d’ATM. La motion présentée par les élus du bureau Chambre dénonce la mise en œuvre de cette forte augmentation qui va pénaliser un peu plus le revenu des éleveurs et qui ne se justifie pas puisque, comme le rappelle le président, « une vache morte reste un produit pour la société d’équarrissage qui se rémunère déjà dessus par d’autres débouchés ». Ainsi, il est donc requis dans cette motion qu’une transparence totale des coûts de l’équarrissage, des passations de marchés et de négociations avec les équarrisseurs soit portée à la connaissance de la profession et qu’une communication claire sur le sujet de la collecte et des tarifs imposés soit faite auprès des éleveurs.

Bilan sanitaire en Creuse

Marien Bataille du GDS Creuse a présenté à l’assemblée les dernières actualités sanitaires du département. Il a fait un état des lieux de leurs incidences sur les cheptels en termes sanitaires mais aussi des restrictions de commerce ou de mouvements d’animaux. Il a également rappelé les moyens de lutte contre ces différentes maladies. Un constat clair a été dressé et il apparaît que si certaines évolutions vont dans le bon sens, nos élevages restent soumis à de nombreuses menaces sanitaires (voir encadré). Face à cela, l’appel du GDS est sans ambiguïté et Marien Bataille a ainsi fortement rappelé la nécessité de « maintenir une vigilance collective, de garantir la traçabilité des mouvements, de recourir à la vaccination quand elle est disponible, et de conserver un haut niveau de biosécurité. » Selon lui, « seul un engagement rigoureux et constant de chaque éleveur permettra de préserver la santé des troupeaux et la pérennité des élevages en Creuse ».

Feuille de route régionale

Cette Session a également permis d’accueillir Bernard Layre, le nouveau président de la Chambre d’agriculture Nouvelle-Aquitaine venu présenter la feuille de route de la structure régionale. Celle-ci s’inscrit dans une dynamique clairement affirmée par l’élu : « donner à l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine les moyens d’être un pilier stratégique du développement régional. En cohérence avec les orientations rappelées par l’État et le Conseil régional ». Au cœur de cette vision, la feuille de route de la Chambre régionale réaffirme que la souveraineté alimentaire, l’emploi agricole et la vitalité des territoires ne pourront être préservés qu’en renforçant la capacité des exploitations à produire durablement et à transmettre.

La gestion de l’eau devient l’axe majeur de la mandature, avec la volonté d’assurer un accès sécurisé pour toutes les productions et de simplifier les procédures. Dans un contexte de sécheresses répétées, la Chambre régionale entend porter une parole forte, fondée sur l’expertise de terrain : Bernard Layre affirme : « l’adaptation climatique passera par une gestion responsable, territorialisée et ambitieuse de la ressource. Les travaux engagés visent à sécuriser l’accès à l’eau pour tous les agriculteurs, notamment par le développement d’ouvrages de stockage et par une simplification des procédures, afin de répondre aux besoins réels des productions et d’assurer la continuité de l’activité. »

Enfin, ce projet de mandature insiste sur la dimension collective de l’action agricole. Le réseau des Chambres départementales, appuyé par la structure régionale, est appelé à travailler de manière plus intégrée : mutualisation des compétences, harmonisation des pratiques, accompagnement renforcé de l’installation, soutien à l’innovation et valorisation du métier auprès du grand public. Cette stratégie globale, selon le Président régional, entend « donner du poids à la parole agricole dans les débats, défendre les intérêts du terrain et rappeler que la prospérité des territoires dépend directement de la force de leurs agriculteurs. »

Un budget 2025 maîtrisé

Les comptes 2025 présentent un exercice équilibré, résultat d’une politique volontariste de réduction des dépenses de fonctionnement, sans forte hausse des tarifs ni remise en cause des services aux agriculteurs. Le fonds de roulement atteint 76 jours, un niveau légèrement inférieur au seuil de 90 jours classiquement visé, mais jugé satisfaisant au regard de la situation budgétaire globale. Le président a rappelé que ce niveau d’avance doit aussi se lire à la lumière des ponctions faites en 2014 sur les fonds de roulement des Chambres d’agriculture par l’État (dans le cadre de l’effort demandé aux opérateurs publics pour le redressement des comptes). Ces prélèvements étaient indexés alors sur les disponibilités de financement des Chambres allant au-delà de 90 jours. Dans le contexte actuel où l’État cherche à nouveau des financements par tous moyens afin de réduire sa dette, Pascal Lerousseau a ainsi mis en garde contre toute nouvelle ponction qui ferait peser sur les agriculteurs la charge du redressement des finances publiques, alors même que leurs besoins d’appui restent élevés.

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