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« Mes poulaillers mobiles de 150 mètres carrés sont adaptés au circuit court »

Au Buisson-Cadouin en Dordogne, Nicolas Jensou a opté pour des bâtiments déplaçables de 150 mètres carrés. Un projet réfléchi pour accroître la rentabilité de ses volailles fermières.

Nicolas Jensou, 29 ans, est éleveur indépendant de volailles fermières au Buisson-Cadouin en Dordogne depuis 2020. L’exploitation qu’il a reprise comportait un bâtiment fixe de 150 mètres carrés. Il a ajouté quatre bâtiments de 150 mètres carrés déplaçables, pour des raisons notamment économiques.

« Avec du déplaçable, l’investissement au mètre carré est moins important car la densité peut être plus élevée, avec 20 volailles par mètre carré au maximum contre 11 en bâtiment fixe », explique Nicolas. À l’année, il peut démarrer 60 poulets par mètre carré contre 33 en fixe, de sorte que son investissement avoisine les 10 euros par poulet logé (hors aménagement du site). « J’ai aussi prêté attention à ce que mes bâtiments s’intègrent au paysage. Les silos d’aliment et les couvertures sont anthracite, tandis que les parois sont brunes. »

Un bâtiment équipé de deux roues

C’est l’équipementier landais Élevage service qui commercialise ce bâtiment mobile de 25 mètres de long par 6 mètres de large depuis environ six ans. Équipé de deux roues amovibles, il a été conçu à la demande d’un éleveur landais. Il comprend une ossature métallique, des panneaux sandwich de 40 mm en toiture et bardage et une ventilation statique latérale avec rideaux (type Louisiane). S’ajoutent un sas sanitaire séparé et le silo en polyester (Agritech). L’équipement intérieur comprend le chauffage à gaz (4 radiants Cerem), 25 trémies galvanisées avec alimentation automatique aérienne, l’abreuvement par pipettes (Big Dutchman) et le petit matériel de démarrage (Le Roy).

 

 
Au premier plan les deux déplaçables parallèles avec citerne et silo sur cadres. On aperçoit au fond les déplaçables en ligne.
Au premier plan les deux déplaçables parallèles avec citerne et silo sur cadres. On aperçoit au fond les déplaçables en ligne. © C. Chabasse

 

Ce bâtiment s’adresse plus particulièrement aux éleveurs indépendants ou en circuit court qui produisent des volailles de chair ou des poules pondeuses hors cahier des charges label rouge.

« Nous le commercialisons partout en France, dans les Dom-Tom et récemment au Pays de Galles pour des éleveurs souhaitant remplacer des bâtiments démontables de 600 mètres carrés », explique David Dumon, responsable commercial d’Élevage service. Malgré la flambée des prix des matériaux qui a surenchéri le prix de 20 % par rapport à 2020 (230 euros le mètre carré) par rapport à 2020, ces bâtiments continuent à se vendre assure-t-il.

Un plus pour le sanitaire

Nicolas Jensou, qui travaille seul, voit plusieurs avantages à ces déplaçables. « Avec les trémies de 50 litres, la recharge d’aliment est plus espacée : environ toutes les semaines en bas âge puis tous les 2 à 3 jours quand les poulets sont plus gros. Les bâtiments déplaçables étant moins hauts que des fixes, la consommation de gaz est moins élevée. J’ai constaté également de meilleures conditions de démarrage. » Avantage sanitaire indéniable, chaque emplacement est occupé un lot sur deux, ce qui laisse quatre mois pour l’assainissement du sol (95 jours d’élevage et 21 jours de vide).

Seul inconvénient, un temps de nettoyage plus élevé. « Il faut compter une demi-heure de préparation (lever le bâtiment et débrancher les arrivées d’eau et d’électricité), deux heures trente de lavage et une demi-heure pour le déplacement et là, il faut être deux », évalue-t-il.

À deux pour réaliser le déplacement

Pour translater un poulailler, il doit d’abord déconnecter le silo d’aliment pour le déplacer en position verticale (donc vidé !) avec un engin de manutention équipé d’une fourche. La citerne de gaz est insérée dans un cadre pour faciliter son déplacement. Ensuite, l’engin de traction est attelé au cadre du bâtiment. L’opérateur soulève le pignon pour emboîter les deux roues de transport. Il suffit alors de tracter l’ensemble vers la prochaine aire d’élevage et faire l’opération à l’envers.

 

 
Les bâtiments mobiles sont équipés de silos de 10 mètres cubes aux couleurs plus facilement intégrables au paysage
Les bâtiments mobiles sont équipés de silos de 10 mètres cubes aux couleurs plus facilement intégrables au paysage © C. Chabasse

 

Permettre une manipulation sans encombre nécessite de disposer d’un sol plat, stabilisé et suffisamment grand. Nicolas Jensou a terrassé une longue plateforme sur environ 2 800 mètres carrés (incluant le chemin pour manœuvrer) sur laquelle il a disposé deux déplaçables côte à côte et deux en enfilade, en tenant compte du fixe existant et des surfaces de parcours nécessaires. Afin de démarrer sur un sol assaini, il parcourt 30 mètres pour déplacer ceux en parallèle et 60 mètres pour ceux alignés.

Nicolas s’interroge sur « la durée de vie des bâtiments à cause de leur plus grande longueur. » Les trois déplacements prévus par an durant quinze ans auront-ils un impact sur la solidité du cadre ? Au cas où les structures montreraient des signes de faiblesse, il envisage de les accoler pour les convertir en fixes de 300 mètres carrés. Et il réinvestira peut-être dans de nouveaux bâtiments déplaçables.

Un investissement pour quinze ans

Tout compris un investissement de 11,30 euros par place de poulet (hors aides Area) :

Quatre bâtiments livrés en kit : 70 000 euros et 1 800 euros de sas sanitaire Équipements intérieurs : 13 400 euros de silos de 10 mètres cubes, 12 150 euros de chaînes d’alimentation automatique, 6 500 euros de pipettes et traitement de l’eau, 10 000 euros de chauffage au gaz monté, 1 150 euros d’équipement de démarrage Total : 115 000 euros (192 euros le mètre carré)

Aménagement du site : 10 000 euros de terrassement, 5 000 euros de clôture, 6 000 euros de raccordement électrique

Subvention : 28 000 euros d’aides à la relance des exploitations (Area)

Combiner élevage et agroforesterie

Nicolas Jensou combine son élevage avec l’arboriculture pour le bien-être de ses volailles et pour son revenu.

 

 
Des parcours ombragés de noyers pour combiner agroforesterie et bien-être des volailles.
Des parcours ombragés de noyers pour combiner agroforesterie et bien-être des volailles. © C. Chabasse

 

« Grâce aux poulets je fais un à deux passages de tondeuse en moins sous les noyers. En plus, ils mangent le lierre au pied des arbres ainsi que certains insectes constate Nicolas Jensou. Leurs déjections nourrissent la terre. J’applique aussi moins de traitements sur mes noyers. De leur côté, les volailles peuvent explorer et profiter d’une ombre et d’une protection bienvenues. »

En plus des 20 hectares de noyers et châtaigniers dont 9 hectares accueillent les poulets, Nicolas cultive 15 hectares : 3 hectares de semences de betteraves et de tournesol, 4 hectares de maïs pour les poulets, 6 hectares de triticale pour leur litière et 2 hectares de switch Grass planté depuis un an, également pour constituer la litière.

« À terme, mon objectif est d’être autonome à 100 % avec une ferme arboricole et avicole de 750 mètres carrés (40 000 volailles élevées par an), en achetant localement les céréales pour fabriquer l’aliment à la ferme. »

Le bon poulet des grands-mères

 

 
« Je veux produire un bon poulet comme celui de nos grands-mères. »
« Je veux produire un bon poulet comme celui de nos grands-mères. » © C. Chabasse

 

Au moment de son installation, Nicolas Jensou a pensé faire du poulet bio, mais a finalement opté pour un poulet fermier élevé durant au moins 95 jours.

« Je veux produire un bon poulet comme celui de nos grands-mères. Je tiens à mon éthique de production, même si c’est moins rémunérateur que du poulet standard. Mes volailles profitent de vastes parcours pentus où elles gambadent, ce qui rend leur chair bien ferme. Concernant l’alimentation, je conduis mon élevage comme du label, avec les 40 tonnes de maïs de l’exploitation concassé et distribué dans les mangeoires extérieures. »

L’éleveur vend aux Volailles Dumas, à un poids moyen de 2,5 kg et un prix entre 1,90 et 2,20 euros le kg. L’artisan volailler d’Aubas (24) abat de l’ordre de 20 000 volailles par semaine en provenance d’une cinquantaine de fermes pour livrer des GMS, rôtisseries, magasins de producteurs locaux et régionaux.

 

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