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[vidéo] Julien Denormandie : « La transition agroécologique impose de créer de la valeur. »

Interrogé par les parlementaires, le ministre de l’agriculture a estimé que peu de secteurs peuvent se prévaloir des efforts fournis par l’agriculture en faveur de mesures environnementales, avec parfois des impacts marqués pour le revenu.

Julien Denormandie : "Dans la PAC on va dire à nos agriculteurs : d’ici 2027, entre 20 et 30 % de votre comportement devra une nouvelle fois basculer dans les mesures environnementales. Qui, dans sa vie de tous les jours, dans les 5 à 7 prochaines années, va faire basculer 20 à 30 % de son quotidien vers des mesures environnementales ?
© Sénat

La cote de popularité du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie ne va probablement pas redescendre après son audition au sujet de la PAC par les commissions économiques et des affaires européennes du Sénat et de l’Assemblée nationale, le 26 novembre.

Répondant à des questions sur la dimension verte de la PAC, Julien Denormandie a insisté sur la nécessité de créer de la valeur pour avancer plus vite dans la transition agroécologique. « La question n’est pas est-on ou pas pour l’agroécologie, a-t-il affirmé. Je l’ai toujours dit, les agriculteurs sont plus écolos que les écolos, et je le pense sincèrement. Mais l’écologie doit être une écologie de la raison, qui prend le sujet par le bon bout. Le bon bout, c’est plus vite on réglera ce problème de création de valeur et plus on ira vite. »

Selon le ministre, « c’est trop facile de dire "faites, et puis vous verrez, on va créer de la valeur". Et pire, on tombe dans la folie française en disant : ce n’est pas grave, en fait c’est l’État qui va financer. »

« Aux agriculteurs qui gagnent moins de 12 000 euros par an : il faut faire telle transition, on vous interdit telle chose. Et ce n’est pas encore assez. »

Julien Denormandie a par ailleurs rappelé le défi des exigences adressées aux agriculteurs dans un contexte de très faibles revenus. « Vous avez aujourd’hui un nombre très significatif d’agriculteurs qui gagnent entre 10 000 € et 12 000 euros par an, sans parler de ceux qui ne gagnent rien. Et on dit à ces mêmes personnes : il va falloir faire telle transition, on va vous interdire telle chose, et on va vous mettre telle condition. Et puis ce n’est pas encore assez. Ça m’horripile. »

Le ministre a souligné l’importance des aides « vertes » dans la future politique agricole commune, faisant référence aux nouveaux éco-régimes, qui porteront sur 20 à 30 % des aides du premier pilier. « Dans la PAC, on va dire à nos agriculteurs : "d’ici 2027, entre 20 et 30 % de votre comportement devra une nouvelle fois basculer dans les mesures environnementales." Qui, dans sa vie de tous les jours, dans les 5 à 7 prochaines années, va faire basculer 20 à 30 % de son quotidien vers des mesures environnementales ? »

Glyphosate : « Une simple décision de l'Anses peut réduire l'EBE des exploitations de 5 à 20 % »

Le « ministre ingénieur » s’est appuyé sur l’exemple du glyphosate, affirmant que la France est leader dans la sortie de ce produit. Les nouvelles autorisations de mise sur le marché pour le glyphosate impliquent des doses homologuées fortement réduites. « L’Anses a annoncé que cela allait impacter l’excédent brut d’exploitation de nos agricultures, en fonction des secteurs, de 5 à 20 %, a rappelé Julien Denormandie. Ça ne questionne personne que l’EBE d’une exploitation, d’un coup d’un seul d’une autorité indépendante, soit réduit de 5 à 20 % ? Dans quel autre secteur on accepterait cela ? La sortie du glyphosate ne crée aucune valeur pour un agriculteur, ce n’est pas vrai. Vous n’avez pas un consommateur qui paie plus cher parce qu’il y a marqué "sortie du glypho". »

Créer de la valeur : « Seule solution, dire à nos concitoyens de manger de l’agriculture française, et de payer au juste prix. »

Comment, alors, créer de la valeur ? Le ministre a assuré que les pistes étaient extrêmement limitées du côté de la compétitivité coût. De nombreuses exploitations n’ayant pas de salariés, les charges salariales ne sont pas un axe majeur. « Le deuxième sujet, c’est la question du temps de travail. Vous allez dire à des gens qui travaillent 70 heures par semaine que la solution c’est de travailler 75 heures ? », a lancé Julien Denormandie.

Reste la compétitivité hors coût, et notamment « la création de valeur par le consommateur ». « Le seul message que l’on devrait dire à tous nos concitoyens en sortant des caricatures, c’est : mangez des produits frais et français, mangez de l’agriculture française, et acceptez de payer au juste prix. La seule façon de créer de la valeur, elle est là. »

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