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Début de campagne
Pêches et abricots : producteurs et distributeurs veulent ensemble réussir 2023

A l’occasion des 15 ans de l’AOP Pêches et Abricots de France, célébrée à Perpignan la veille du salon Medfel, les producteurs mais aussi les distributeurs -quasiment tous étaient représentés !- ont débattu ensemble des leviers et des enjeux de la filière à long terme mais pris des engagements pour réussir cette campagne 2023.

C’est dans un format un peu inédit que l’AOP Pêches et Abricots de France* a fêté ses 15 ans et lancé la nouvelle campagne. Sans vouloir revenir trop longtemps sur les années passées, l’organisation a voulu au contraire porter les regards vers l’avenir et c’est sur 3 enjeux forts et d’actualité qu’elle a voulu faire débattre ses producteurs et ses clients, des enjeux à court, moyen et long terme : comment anticiper et équilibrer l’offre et la demande pour cette campagne ; comment s’organiser pour mieux prendre en compte les problématiques environnementales ; et comment mieux fidéliser les consommateurs.

Lire aussiAbricot : quelles prévisions de récolte et quels sujets à surveiller pour 2023 ?

Lire aussi : Pêches et nectarines : Quelles sont les premières tendances pour la campagne 2023 ?

Dans un contexte inflationniste, comment fidéliser le consommateur ? Car, les professionnels en sont persuadé, le prix ne fait pas tout. « Les attentes des consommateurs se répartissent en trois axes, rappelle Delphine Tailliez, directrice d’Aprifel. L’accessibilité et la diversité au sens large -c’est à dire le prix, la répartition géographique, la disponibilité, la saisonnalité-, mais aussi la sincérité. La sincérité c’est quoi ? Ce sont les labels, les informations transparentes, la présentation du producteur… Ne négligez pas la sincérité. »

Une belle participation. Chacun était invité à prendre la parole dans cette convention sans chichi qui a eu lieu après un après-midi de visites de vergers écoresponsables, à la Villa Duflot à Perpignan, la veille de Medfel. L’ensemble des distributeurs (à trois exceptions près) était présent et la plupart de leurs représentants ont participé aux discussions. Grossistes et GASC aussi étaient là mais en moins grand nombre. Et bien sûr l’ensemble des producteurs ont répondu présents.

*La production française, comme le rappelle le président de l’AOP Bruno Darnaud, c’est plus ou moins 180 000 t de pêches et nectarines et 120 000 t d’abricots, pour une représentativité de l’AOP Pêches et Abricots de France de 80 % des volumes pour les premiers, et de 65 % pour les deuxièmes.

 

Un engagement de la GMS sur l’origine France

Michel Biéro, directeur exécutif de Lidl France, confirme : « Le prix n’est plus le seul critère, contrairement à il y a 10-15 ans. Aujourd’hui les consommateurs veulent du local. » Lidl et tous les autres distributeurs présents se sont donc engagés sur l’origine France de leurs fruits à noyau, en particulier pour les opérations de promotion.

Michel Biéro estime aussi que « la disponibilité c’est notre premier problème aujourd’hui, le défi de demain». Oui, le consommateur attend l’origine France dans le rayon fruits et légumes, « surtout en fruits à noyau. Mais comment fait-on pour la pêche plate, insuffisamment produite en France ? », interroge Baptiste Hanoteau, directeur filière fruits et légumes chez Carrefour. « On est là pour valoriser l’origine France mais le consommateur ne veut pas se passer de ses produits donc il va le chercher ailleurs quand il ne le trouve pas en origine France », avertit-il.

Concernant la francisation des fruits, pratique frauduleuse répandue en poire, en pomme, parfois en fruits à noyau, l’ANPP assure qu’une méthode pour établir la (non) origine France des fruits par détection isotopique est en cours d’élaboration.

 

Qualité : « Il faut parfois savoir se faire peur pour attendre de récolter »

Mais le consommateur veut aussi la fraîcheur et la qualité. Chez La Compagnie des Fruits Mûrs, filiale grossiste de Prosol (Grand Frais), « on raisonne par variétés et non pas par espèce », avec plus de 450 variétés pour les pêches et nectarines et des « gens qui goûtent ».

La démarche qualité Abricot a été lancée par l’AOP Pêches et Abricots il y a 4 ans afin de gagner en qualité gustative notamment par le développement variétal et les pratiques en verger. Et Jean-Paul Arce, producteur (Synergie Fruits) d’expliquer : « La qualité passe par la sélection variétale puis ensuite par les pratiques en verger, en particulier les tailles. L’éclaircissage à la fleur après les gelées, le deuxième éclaircissage pour le nombre de fruits sur l’arbre, le troisième pour le calibre. Et ensuite, c’est la récolte. Il faut parfois savoir se faire peur pour attendre que les fruits soient à maturité optimale. »

 

Consommation en berne, inflation et nouvelle hausse des coûts de production

« Venez avec de la qualité !, a appelé Didier Marques, président de l’UNCGFL. Car on est sur une campagne [2023] espagnole au top de sa qualité gustative donc démarrez la saison avec de la qualité. » Le grossiste demeure inquiet. Car la consommation sur les marchés de gros est observée en baisse de -8 à -10 % selon les derniers panels. « On a beau avoir la qualité, la diversité, l’origine, c’est le prix qui fait la consommation. Je le redis : s’il n’y a pas le prix, il n’y a pas de vente. Ne vous trompez pas sur les prix en début de campagne. »

Or les producteurs sont cette année encore soumis à une hausse des coûts de production. Elle a été en moyenne de +15 % sur un an en moyenne en 2022 (+13 % en abricot, +19 % en pêche et nectarine). Une nouvelle hausse de +10 % est attendue en 2023.

Quel sera donc l’équilibre a trouvé entre le juste prix pour le producteur et le prix qui satisfasse le consommateur pour de l’origine France ? Il s’agira aussi de bien réfléchir les barquettes et les 1er prix. Les calibres dépendent de Dame Nature. Et la RHF a aussi besoin de petits calibres. « On a travaillé avec les distributeurs cet hiver sur les grammages, afin de trouver un équilibre pour des prix faciaux intéressant pour les producteurs », glisse Raphaël Martinez.

 

Bascule Espagne/France : pas de souci en RHF en raison des exigences Egalim

Autre point d’équilibre : la bascule entre origine Espagne et origine France. Selon Raphaël Martinez, directeur de l’AOP, 2023 est une année normale, avec un début de saison le 15 mai pour l’abricot et le 15 juin pour la pêche nectarine, à 8 jours près.

Françoise Roch, présidente de la FNPF, appelle la distribution à jouer le jeu. « En pomme, la campagne est compliquée alors que les volumes disponibles ne sont pas importants, ça envoie un mauvais signal. Le début de la campagne en fraise a montré des difficultés des distributeurs à basculer sur l’origine France. Avec la hausse des prix, et un produit -la pêche nectarine- qui peut être très volatile… 2023 est l’année de tous les dangers. »

En RHF, a priori, pas de souci, selon le témoignage d’Olivier Lennuyeux, directeur de la centrale Refaly à Pomona TerrAzur : « Des enseignes de la RHF nous ont imposé des dates de bascule, car ils sont eux-mêmes contraints par les nouvelles exigences de durable d’Egalim. »

« Vous, distributeurs, devez basculer tous au même moment ! », a appelé Bruno Darnaud, président de l’AOP. Et de conclure : « Nous avons de plus en plus confiance en vous, l’AOP est là pour faciliter le dialogue entre producteurs et distributeurs mais certainement pas pour les remplacer. Ensemble, nous allons réussir 2023. »

Inquiétude pour la campagne à venir : l’incertitude météo comme chaque année, et surtout la sécheresse et la disponibilité en eau.  « La sécheresse est accélérée par une mauvaise gestion dans la distribution de l’eau, a reproché Pierre Battle, producteur (Ille Roussillon). La ressource elle est là, on a des barrages, des réserves… Mais FNE a cassé l’arrêté préfectoral qui nous protégeait et désormais nous devons laisser le double voir le triple de l’eau que nous arrêtons retourner à la mer au lieu de pouvoir la stocker. Heureusement qu’il y a une belle entraide entre producteurs. Et ça nous pousse à encore mieux gérer la ressource en eau. » Les producteurs de fruits à noyau sont climato-dépendants, mais aussi « phyto-dépendants ». Ils ont averti de la moindre efficacité des produits de biocontrôle et de la hausse des coûts, et donc de la hausse des prix pour l’origine France. 

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