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Pâturage et fourrages déshydratés pour assurer l’autonomie alimentaire des caprins

Frédéric Richard élève 290 chèvres en Loire-Atlantique depuis 2007. Entre l’organisation du pâturage autour de l’exploitation et la proximité d’une usine de déshydratation, l’éleveur a su s’appuyer sur les atouts de son environnement pour un système alimentaire plus autonome.

Un système d’alimentation en accord parfait avec son environnement naturel et industriel, c’est ce qui fait la particularité de la ferme de la Lande de Quibut en Loire-Atlantique. Frédéric Richard a l’habitude d’accueillir éleveurs et techniciens afin de leur présenter le fonctionnement de son exploitation. Son troupeau de 290 chèvres et 75 chevrettes en agriculture biologique est au pâturage huit mois dans l’année grâce aux 28 hectares de prairies autour de son exploitation. Lors de la journée régionale caprine du 23 septembre 2021, il a expliqué que tout commençait par les mises bas début février (70 sont issues d’insémination sur chaleur naturelle). « Dès que 100 chèvres sont au tank, elles vont dehors, affirme-t-il. Les sols sont portants et les prairies sont précoces, donc le pâturage est possible dès fin février. Elles semblent stimulées par l’accès au pré et le pic de lactation arrive ».

Les parcelles attenantes à l’exploitation sont découpées en quinze paddocks de 1,5 hectare sur lesquels le pâturage au fil avant est une solution optimale. Au bout de quatre à huit jours, les chèvres changent de paddock et en six semaines, elles sont de retour sur une même parcelle. « L’articulation entre pâturage et fauche est primordiale pour optimiser la pousse de l’herbe et le stock de fourrage, il faut bien surveiller l’état des prairies ». Le fait de venir tous les jours déplacer le fil permet aussi à Frédéric de surveiller la santé de ses chèvres. En plus des prairies, les chèvres paissent aussi du colza fourrager lorsque cela ne perturbe pas l’assolement (en fonction de l’état des stocks au moment du semis début septembre). C’est en effet un excellent fourrage niveau énergétique, parfaitement adapté au début de la lactation pour un pâturage dès fin février. En cinq jours, la production augmente de 0,6 l par chèvre. En revanche, cette pratique n’est pas adaptée pour les transformateurs, « Le tank sentait le chou, donc je déconseille le colza fourrager aux fromagers… », s’amuse l’éleveur.

Frédéric peut s’appuyer sur la proximité d’une usine de déshydratation pour alimenter sereinement son troupeau. En effet, grâce à son maïs, sa luzerne et son trèfle violet déshydratés, il gagne en souplesse pour équilibrer les rations de ses chèvres toute l’année selon la qualité de l’herbe. « Depuis 2009, le pâturage a pour effet de stabiliser et même parfois de diminuer la quantité de concentré distribué », affirme-t-il avec enthousiasme. De ce concentré, seul le correcteur azoté est acheté. Pour le reste, il est composé d’un mélange de triticale, féverole, pois (fourrager et protéagineux) et avoine cultivés sur l’exploitation. De mars à mai 2021, la pousse d’herbe a été assez lente pour rendre l’herbe très riche donc seulement cinq tonnes de correcteur ont été utilisées (225 g/chèvre).

Au passage à l’heure d’été, les chèvres effectuent petit à petit un pâturage le soir, mais pas la nuit entière (elles sont rentrées à 22 h). Dès le 15 mars, elles retournent au pré après la traite de 16 heures, et ce jusqu’en juillet. Pendant trois mois, les chèvres sont au pré 11 heures par jour. Lorsqu’elles sont rentrées pour la nuit, elles disposent d’enrubanné, de foin et de concentré au cornadis, ce qui facilite l’allotement. En juillet et en août, la pousse de l’herbe ne permet pas de continuer le pâturage de 11 heures, mais celui-ci n’est pas pour autant réduit à zéro, car les chèvres supportent bien la chaleur sous les arbres des parcelles.

“Peu importe la météo, si elles doivent sortir pour seulement trois heures, il n’y a pas de problème, elles savent très bien s’adapter”.

Chiffres clés

2,7 UMO

Installation en 2007

290 chèvres Alpines

230 000 litres lait AB livrés

68 ha dont 7 ha maïs, 12 ha pois, féverole, triticale, avoine ou orge de printemps, 7 ha luzerne ou trèfle fauchés, 11 ha prairie multiespèce fauchée, 28 ha pâturés, 3 ha colza fourrage pâturé.

Le saviez-vous ?

Une fois déshydraté, l’épi de maïs est enrichi en cellulose, et les légumineuses en bouchon ont entre 14 et 18 % de matière azotée.

L’apprentissage du pâturage dès le plus jeune âge

Les chevrettes ont accès aux prairies dès qu’elles ont cinq ou six mois, depuis leur propre bâtiment (construit en 2019). Elles sont éduquées au filet, puis au fil de fer et au fil électrique depuis ce bâtiment, qui possède deux sorties distinctes afin de différencier les chevrettes les plus âgées des chevrettes les plus jeunes. « Sortir les chevrettes dès leurs cinq mois, c’est éviter de leur faire subir plusieurs changements d’un coup. La sortie au pré, c’est la découverte d’un nouvel environnement, de la clôture, de la pluie ; donc si elle a lieu en même temps que la première mise bas, l’arrivée dans le bâtiment avec les autres chèvres adultes, la première traite… ça devient compliqué à gérer », assure Frédéric Richard.

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