En attendant la multiplication des versions électriques, l’offre en véhicules utilitaires  de type pick-up  équipés d’un bon vieux diesel  se réduit comme une peau de chagrin, avec la fin annoncée de l’exonération du malus écologique  pour les modèles homologués quatre places (double cabine  ou cabine approfondie ). En l’absence de publication du décret d’application, le malus de 60 000 euros  (véhicules émettant à partir de 194 g/km de CO2) ne touche encore que les modèles cinq places jusqu’à la fin 2024, mais l’État promet de statuer d’ici là pour une mise en œuvre en 2025. Ne resteraient donc non soumis au malus que les pick-up à simple cabine  ou des versions à cabine approfondie, voire à double cabine, dont l’espace dédié aux passagers serait transformé en zone de chargement.
L'homologation du pick-up Ford Ranger comme camion-plateau le dispense encore en 2024 de malus écologique. © D. Laisney  Toutes ces incertitudes ont poussé certains constructeurs à jeter l’éponge sur le marché français, comme Volkswagen  qui ne commercialise plus son Amarok  ou encore Mitsubishi  dont le L200  n’est plus disponible depuis fin 2022. Le choix d’un pick-up à motorisation thermique repose désormais sur les trois marques historiques Ford , Isuzu  et Toyota .
Un seul petit moteur chez Isuzu 
Le D-Max d’Isuzu n’offre qu’un seul choix de moteur : un petit 4 cylindres 1,9 litre de 164 ch © Isuzu  Sous l’effet des normes antipollution, les constructeurs ont eu tendance à réduire la 
cylindrée  de leurs moteurs. La majorité des véhicules sont ainsi équipés d’un quatre cylindres qui, grâce au 
turbo à géométrie variable  et aux systèmes d’injection de dernière génération, ont conservé des performances suffisantes pour bon nombre d’utilisateurs. Toutefois, ceux qui tractent régulièrement de lourdes charges préféreront viser les moteurs affichant les meilleures valeurs de couple.
La plus faible cylindrée se retrouve sur le D-Max de Isuzu , dont le 1,9 litre délivre tout de même une puissance de 164 chevaux, mais un couple assez modeste de 360 Nm de 2 000 à 2 500 tr/min. Cette motorisation constitue la seule offre du constructeur japonais  pour son pick-up décliné uniquement en cabine approfondie. Elle peut toutefois être associée au choix à une transmission manuelle ou automatique .
Le V6 encore disponible sur le Ranger 
Le moteur 4 cylindres 2 litres du Ford Ranger se décline en deux puissances de 170 et 205 chevaux. Ce pick-up est aussi disponible avec un V6 de 3 litres de 240 chevaux, mais uniquement en version double cabine. © D. Laisney  Chez 
Ford , le 
moteur diesel de 2 litres  se décline en deux puissances de 170 et 205 chevaux. La première version affiche un couple de 405 Nm, tandis que la seconde, aidée par son 
double turbo , culmine à 500 Nm. Cette dernière est uniquement accompagnée d’une 
boîte automatique à 10 rapports , tandis que le 170 ch donne le choix entre boîte manuelle ou automatique à 6 rapports. Pour les amateurs de grosses cylindrées, le c
onstructeur américain  propose un V6 de 3 litres, mais uniquement sur le 
Ranger à double cabine . Ford passe en effet entre les mailles du filet de l’État en homologuant son pick-up dans la catégorie 
camion plateau , qui l’exonère de malus, y compris dans cette version à 5 places, jusqu’à la fin de l’année. Avec ce bloc, le Ford fait partie des pick-up les plus performants du marché non soumis au malus, grâce à sa puissance de 240 chevaux et son couple de 600 Nm !
Avec son homologation 4 places, le Jeep Gladiator échappe pour l’instant au malus. De quoi profiter de son V6 3 litres diesel de 264 chevaux. © Jeep  Le Ford Ranger a toutefois un concurrent assez marginal dans les ventes : le 
Jeep Gladiator , qui profite de son 
homologation quatre places  pour échapper aussi aux taxes. Celui-ci embarque un 
moteur V6 3 litres diesel  de 264 ch et 600 Nm de couple. Autre acteur méconnu, le récent 
Quartermaster  d’
Ineos , 
fabriqué en France  et motorisé par un 
6 cylindres BMW  (diesel de 249 ch ou essence de 286 ch), est malheureusement disqualifié par son malus. Le constructeur envisage toutefois d’homologuer une version deux places pour le rendre accessible aux professionnels.
Un Ranger hybride rechargeable en 2025 
Annoncé pour 45 km d'autonomie en électrique, le Ford Ranger hybride rechargeable loge un moteur essence EcoBoost de 2,3 litres et un moteur électrique de 75 kW. © Ford  Si la sévérité du malus se confirme en 2025, Ford aura une nouvelle solution pour y échapper : la nouvelle 
version hybride rechargeable du Ranger . Annoncé pour l’an prochain, ce pick-up embarque un moteur essence de 2,3 litres de cylindrée, le même que celui des 
Ford Mustang  et 
Ford Focus ST . Il est associé à un 
moteur électrique  de 75 kW et une batterie de 11,8 kWh, permettant à Ford d’annoncer une autonomie de 45 km en tout électrique. Ce 
Ford Ranger hybride rechargeable  conserve les mêmes valeurs de charge utile et de capacité de remorquage que celles des modèles thermiques, à savoir 1 et 3,5 tonnes. Il faudra toutefois attendre les premiers essais, afin de valider si l’hybridation et son autonomie en tout électrique réussiront à contenir la consommation de sans-plomb de ce lourd véhicule.
Le pick-up Toyota Hilux propose deux motorisations 4 cylindres de 2,4 et 2,8 litres de cylindrée. © M. Portier  Dernière marque très prisée par les pros, 
Toyota  fait figure de pilier avec son 
Hilux . Décliné en simple cabine et cabine approfondie, celui-ci reçoit un 
moteur quatre cylindres de 2,4 litres  délivrant une puissance de 150 chevaux et un couple de 400 Nm. La 
boîte automatique  est réservée au modèle à cabine approfondie, tout comme la seconde motorisation plus puissante. Toujours à quatre cylindres, celle-ci profite d’une cylindrée de 2,8 litres pour atteindre 204 ch. Attention à la petite subtilité concernant son couple : la version dotée d’une boîte manuelle se limite à 420 Nm, quand celle à boîte automatique profite de 500 Nm. Toyota a aussi développé une version 
micro-hybride  de ce gros moteur, de façon à gagner en couple et à limiter la consommation et les émissions de CO
2 . Uniquement proposée sur la version double cabine malussée, cette évolution n’est malheureusement pas accessible aux pros.
Le pick-up électrique comme solution ? 
Le pick-up électrique chinois Maxus T90 EV est annoncé avec une autonomie WLTP de 330 kilomètres. © Maxus  Comme pour les véhicules particuliers, le marché du pick-up pourrait bien progressivement s’électrifier dans les prochaines années. À l’heure actuelle, l’offre est encore bien maigre, le 
chinois Maxus  étant le seul constructeur à commercialiser un modèle électrique sur le marché français. Son 
pick-up électrique T90 EV  est issu d’un modèle thermique. Il embarque une batterie (LFP) de 89 kWh installée sous le châssis échelle et un moteur électrique de 130 kW (177 ch) directement greffé sur l’essieu arrière rigide. Une adaptation qui limite la garde au sol et la 
capacité de franchissement . Maxus annonce une 
autonomie WLTP de 330 kilomètres , qui sera bien difficile de reproduire avec un véhicule souvent chargé et évoluant sur des terrains peu roulants. Sa charge utile de 1 000 kg est conforme à celle d’un modèle thermique. En revanche, sa 
capacité de remorquage  de seulement 1 tonne constitue un véritable point faible, face aux 3,5 tonnes des pick-up diesel. Affiché à 49 900 euros HT, le Maxus T90 EV n’est pas bon marché, mais il risque d’être un des rares pick-up à double cabine qui pourra s’affranchir du malus en 2025.
Les Nippons Isuzu et Toyota devraient présenter à leur tour des modèles électriques en 2025. Fort de son expérience acquise avec le gros pick-up F-150 Lightning , Ford développe un modèle électrique au gabarit plus européen, qui pourrait bien devenir le futur Ranger EV à l’horizon 2027.
L’importation des gros pick-up américains en sursis 
En attendant le verdict des conditions d’application du malus écologique en 2025, les énormes pick-up importés d’Amérique du Nord restent appréciés pour l’agrément de conduite délivré par leurs moteurs de grosse cylindrée. © Dodge  Les amateurs de très grosses cylindrées n’ont désormais d’autre choix que de se tourner vers les 
véhicules d’importation  en provenance des 
États-Unis . Les énormes pick-up 
Dodge RAM , 
Ford Raptor  et 
Ford F150 , ou encore les 
Toyota Tacoma  et Tundra, embarquent des 
moteurs essence 6 cylindres  et V8, dont la cylindrée varie de 3,5 à 6,2 litres. Une fois acceptés pour leur gabarit peu adapté aux petites routes françaises et leur consommation de carburant qui dépasse largement les 12 l/100 km (souvent allégée par l’utilisation d’éthanol), ces véhicules sont de véritables déménageurs. Si la législation routière limite leur capacité de remorquage à 3,5 t, ces pick-up sont capables en théorie de tracter jusqu’à 5 tonnes. Mais le 
rêve américain  reste suspendu à la décision de l’État de mettre fin à leur 
exonération de malus  en 2025 . Les importateurs devront trouver une nouvelle parade, comme l’homologation en utilitaire à deux ou trois places. Cela risque toutefois de décourager bon nombre d’acheteurs qui choisissent aussi ces véhicules pour leur habitacle très spacieux, à l’avant comme à l’arrière… Le salut viendra peut-être avec les versions électriques de ces pick-up US. Le Ford F-150 Lightning est déjà commercialisé en Europe, au détail près qu’il est réservé à la 
Norvège , pays accro aux véhicules à batterie. Mais, il est d’ores et déjà présent sur le sol français par l’intermédiaire des importateurs. Là encore, pas certain que la clientèle ciblée, plutôt passionnée du bruit feutré d’un V8, débourse plus de 100 000 euros HT dans un 
pick-up électrique .