Tourteaux de colza : Cérèsia mise sur la relocalisation de la trituration
La coopérative Cérèsia va implanter sa première unité de trituration de colza à Chevresis-Monceau (Aisne). Opérationnelle début 2026, elle vise à relocaliser la valeur ajoutée et proposer une alternative durable aux importations de soja.
La coopérative Cérèsia va implanter sa première unité de trituration de colza à Chevresis-Monceau (Aisne). Opérationnelle début 2026, elle vise à relocaliser la valeur ajoutée et proposer une alternative durable aux importations de soja.

Dans un contexte de tensions sur les marchés agricoles mondiaux et de remise en question des modèles d’importation, la coopérative Cérèsia engage un virage stratégique avec l’implantation, d’ici début 2026, de sa première unité de trituration de colza à Chevresis-Monceau, dans l’Aisne. Porté par sa filiale Talian, ce projet s’inscrit dans une dynamique de relocalisation industrielle, de souveraineté alimentaire et de transition agricole. Il répond également à des enjeux plus larges qui touchent le secteur des oléagineux, aujourd’hui au cœur de multiples défis économiques, environnementaux et géopolitiques.
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Une réponse locale à une dépendance structurelle
Chaque année, la France importe encore plusieurs centaines de milliers de tonnes de tourteaux de soja, dont une part significative est issue de cultures OGM provenant d’Amérique du Sud. Ces produits, massivement utilisés dans l’alimentation animale, exposent les filières d’élevage françaises à une forte volatilité des cours et à des critiques sociétales croissantes liées à leur empreinte carbone et leur impact sur la déforestation.
Avec une capacité de transformation de 10 000 tonnes de graines de colza par an (soit 10 % de la collecte de la coopérative), la future unité de Cérèsia produira 3 000 tonnes d’huile et 7 000 tonnes de tourteaux. Ces derniers, riches en protéines (33 %) et à haute valeur nutritionnelle grâce à une trituration à froid (avec une teneur résiduelle en huile de 10 à 12 %), seront destinés aux éleveurs du territoire.
« Ce projet s’inscrit pleinement dans notre volonté de valoriser les productions locales, de réduire la dépendance aux importations de soja OGM ou d’huile de palme, et de proposer des alternatives durables aux éleveurs de notre région », explique Stéphane Michel, directeur de Talian, filiale de Cérèsia.
Un contexte de marché propice à la valorisation du colza
Depuis plusieurs campagnes, le marché des oléagineux est caractérisé par une forte volatilité, exacerbée par les aléas climatiques, les tensions géopolitiques (notamment en mer Noire), mais aussi la demande croissante en huiles végétales pour les usages alimentaires, industriels et énergétiques.
Le colza, culture pivot pour de nombreuses exploitations françaises, voit ainsi sa place renforcée dans les rotations culturales et les projets de diversification agricole. En investissant dans la transformation locale, Cérèsia anticipe une évolution du modèle coopératif : créer davantage de valeur au sein du territoire, maîtriser les débouchés et répondre aux attentes sociétales en matière de circuits courts, d’autonomie protéique et de décarbonation de l’agriculture.
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Une stratégie industrielle orientée vers la durabilité
L’unité de trituration sera totalement automatisée et intégrée dans une logique de production bas carbone. Une installation photovoltaïque viendra alimenter partiellement le site en énergie renouvelable, renforçant ainsi la cohérence environnementale du projet.
« Ce projet s’inscrit pleinement dans notre volonté de valoriser les productions locales, de renforcer la souveraineté alimentaire et de proposer des alternatives durables aux éleveurs de notre région pour les rendre plus autonomes », réaffirme Stéphane Michel.
Un projet structurant à l’échelle régionale
Au-delà de ses dimensions économiques et techniques, l’unité de Chevresis-Monceau incarne une réappropriation industrielle des filières oléoprotéagineuses. En transformant localement une partie de sa collecte, la coopérative crée de la valeur sur le territoire, sécurise l’approvisionnement de ses adhérents éleveurs et participe à la montée en autonomie des systèmes d’élevage face aux aléas mondiaux.
Ce modèle pourrait faire école dans d’autres bassins de production, alors que la filière oléagineuse française cherche à reconquérir des marges de compétitivité tout en répondant aux nouvelles exigences de durabilité, de traçabilité et de souveraineté alimentaire.
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