Aller au contenu principal

Tourteaux de colza : Cérèsia mise sur la relocalisation de la trituration

La coopérative Cérèsia va implanter sa première unité de trituration de colza à Chevresis-Monceau (Aisne). Opérationnelle début 2026, elle vise à relocaliser la valeur ajoutée et proposer une alternative durable aux importations de soja.

un champ de colza
Cérèsia investit dans une unité de trituration de colza dans l'Aisne.
© Image par Sabine Kroschel de Pixabay

Dans un contexte de tensions sur les marchés agricoles mondiaux et de remise en question des modèles d’importation, la coopérative Cérèsia engage un virage stratégique avec l’implantation, d’ici début 2026, de sa première unité de trituration de colza à Chevresis-Monceau, dans l’Aisne. Porté par sa filiale Talian, ce projet s’inscrit dans une dynamique de relocalisation industrielle, de souveraineté alimentaire et de transition agricole. Il répond également à des enjeux plus larges qui touchent le secteur des oléagineux, aujourd’hui au cœur de multiples défis économiques, environnementaux et géopolitiques.

Lire aussi : Avril inaugure son laboratoire dédié à l’innovation alimentaire

Une réponse locale à une dépendance structurelle

Chaque année, la France importe encore plusieurs centaines de milliers de tonnes de tourteaux de soja, dont une part significative est issue de cultures OGM provenant d’Amérique du Sud. Ces produits, massivement utilisés dans l’alimentation animale, exposent les filières d’élevage françaises à une forte volatilité des cours et à des critiques sociétales croissantes liées à leur empreinte carbone et leur impact sur la déforestation.

Avec une capacité de transformation de 10 000 tonnes de graines de colza par an (soit 10 % de la collecte de la coopérative), la future unité de Cérèsia produira 3 000 tonnes d’huile et 7 000 tonnes de tourteaux. Ces derniers, riches en protéines (33 %) et à haute valeur nutritionnelle grâce à une trituration à froid (avec une teneur résiduelle en huile de 10 à 12 %), seront destinés aux éleveurs du territoire.

« Ce projet s’inscrit pleinement dans notre volonté de valoriser les productions locales, de réduire la dépendance aux importations de soja OGM ou d’huile de palme, et de proposer des alternatives durables aux éleveurs de notre région », explique Stéphane Michel, directeur de Talian, filiale de Cérèsia.

Un contexte de marché propice à la valorisation du colza

Depuis plusieurs campagnes, le marché des oléagineux est caractérisé par une forte volatilité, exacerbée par les aléas climatiques, les tensions géopolitiques (notamment en mer Noire), mais aussi la demande croissante en huiles végétales pour les usages alimentaires, industriels et énergétiques.

Le colza, culture pivot pour de nombreuses exploitations françaises, voit ainsi sa place renforcée dans les rotations culturales et les projets de diversification agricole. En investissant dans la transformation locale, Cérèsia anticipe une évolution du modèle coopératif : créer davantage de valeur au sein du territoire, maîtriser les débouchés et répondre aux attentes sociétales en matière de circuits courts, d’autonomie protéique et de décarbonation de l’agriculture.

Lire aussi : Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Une stratégie industrielle orientée vers la durabilité

L’unité de trituration sera totalement automatisée et intégrée dans une logique de production bas carbone. Une installation photovoltaïque viendra alimenter partiellement le site en énergie renouvelable, renforçant ainsi la cohérence environnementale du projet.

« Ce projet s’inscrit pleinement dans notre volonté de valoriser les productions locales, de renforcer la souveraineté alimentaire et de proposer des alternatives durables aux éleveurs de notre région pour les rendre plus autonomes », réaffirme Stéphane Michel.

Un projet structurant à l’échelle régionale

Au-delà de ses dimensions économiques et techniques, l’unité de Chevresis-Monceau incarne une réappropriation industrielle des filières oléoprotéagineuses. En transformant localement une partie de sa collecte, la coopérative crée de la valeur sur le territoire, sécurise l’approvisionnement de ses adhérents éleveurs et participe à la montée en autonomie des systèmes d’élevage face aux aléas mondiaux.

Ce modèle pourrait faire école dans d’autres bassins de production, alors que la filière oléagineuse française cherche à reconquérir des marges de compétitivité tout en répondant aux nouvelles exigences de durabilité, de traçabilité et de souveraineté alimentaire.

Lire aussi : Le CME relance un contrat blé en mer Noire avec un indice Argus Media

Les plus lus

Illustration de Donald Trump et Xi Jinping s’affrontant dans un bras de fer, symbolisant la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Taxes douanières : Donald Trump est-il en train de pousser les acheteurs chinois vers l’orge française ?

Lors du colloque du 3 avril sur les orges brassicoles à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce, a alerté sur les…

Illustration d’un port de commerce avec des grues, un navire cargo et un tas de blé symbolisant les exportations céréalières françaises vers l’étranger
Taxes douanières de Donald Trump : FranceAgriMer confirme le manque de visibilité sur le prix des céréales

FranceAgriMer a présenté le 16 avril la situation des marchés céréaliers au niveau mondial, européen et français pour le mois…

Damien Cariou fondateur et CEO de Syndev téléphone à la main dans un champ
Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Les filières engagées dans l’agriculture régénérative et/ou bas carbone font face à des besoins croissants dans la gestion des…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : activité calme malgré le recul des prix de l’azote

L’activité du marché des produits azotés reste modérée durant avril, période de réapprovisionnement. 

Marché des céréales du 8 avril 2025 - Les prix du blé tendre français repassent la barre des 215 €/t, dans le chaos ambiant créé par la guerre commerciale états-unienne

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 4 et le 7 avril 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Alexis Garnot fait une intervention pour présenter la tendance marché 2025 des orges brassicoles lors du colloque Arvalis des orges brassicoles du 3 avril à Orléans.
« La prime brassicole de 50 €/t est actuellement peut-être un peu chère dans le contexte de marché présent », alerte Alexis Garnot

Dans le cadre du colloque sur les orges brassicoles, organisé par Arvalis le 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne