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Sica Atlantique : « Les exportations céréalières 2024-2025 sont décevantes ! »

Le silo portuaire rochelais a enregistré une mauvaise campagne 2024-2025, avec un tiers de chargements en moins par rapport à l’exercice précédent. Cependant, la campagne qui débute se profile sous de meilleurs auspices, avec des récoltes qui devraient revenir à la normale, tout au moins en volume.

La campagne céréalière 2024-2025 se termine sur un bilan que les opérateurs préfèrent laisser derrière eux : les volumes de céréales traités sur les quais de Port Atlantique La Rochelle sont en effet en retrait de plus de 30 %.
© Thierry RAMBAUD / Port Atlantique La Rochelle

« C’est très décevant ! Nous sommes revenus trente ans en arrière en termes de tonnage de céréales exportées », s’exclame Pierre-Jean Huré, directeur commercial du groupe Sica Atlantique. Il faut dire que les exportations de grains du silo portuaire rochelais ont diminué de 31 % d’une campagne sur l’autre. Elles s’élèvent à seulement 1,5 Mt en 2024-2025, contre 2,2 Mt en 2023-2024. 

Lira aussi : Sica Atlantique : stabilité des exportations céréalières en 2023-2024, baisse attendue en 2024-2025

En cause ? « Le très faible volume de la production de céréales à paille (blés et orges) en 2024, qui a fortement impacté notre activité », rappelle le dirigeant du prestataire de service.

Une campagne céréalière désastreuse

Dans le détail, toutes les cultures d’hiver sont en chute, avec des baisses de chargement à l’exportation atteignant 46 % en orge fourragère, 40 % en blé dur et 29 % en blé tendre

Exportations au départ du groupe Sica Atlantique
En tonnesCampagne 2023-2024Campagne 2024-2025
Blés tendres1 259 449893 039
Blés durs137 54782 737
Orges fourragères648 332351 364
Maïs94 480155 805
Tournesol23 87223 307
Total2 197 7831 506 252
Source : groupe Sica Atlantique, chiffres définitifs au 30 juin 2025.

Les tonnages en cultures de printemps ont partiellement compensé le manque à gagner, avec une forte hausse des expéditions de maïs (+65 %) et un relatif maintien en tournesol (-2 %). « Les parcelles qui n’ont pas pu être emblavées à l’automne en raison des intempéries, l’ont été à la sortie de l’hiver, ce qui a profité aux maïs et tournesol », explique Pierre-Jean Huré.

L’Afrique de l’Ouest, fidèle cliente

Les destinations de prédilection des céréales et autres oléagineux de l’hinterland du port de La Rochelle en 2024-2025 sont l’Afrique de l’Ouest et le Maroc. « Quel que soit le profil de la campagne, nous bénéficions de la fidélité de clients qui approvisionnent les pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Sénégal et la Côte d’Ivoire », se réjouit le directeur commercial de Sica Atlantique.

Principales destinations des grains exportés par le groupe Sica Atlantique
En tonnesCampagne 2023-2024Campagne 2024-2025
Chine782 00099 000 
Sénégal255 000130 000 
Algérie246 000
Maroc198 000330 000 
Tunisie055 000
Egypte078 656
Côte-d'Ivoire129 000124 000 
Source : groupe Sica Atlantique, chiffres définitifs au 30 juin 2025.

La Chine, qui occupait la première marche du podium la campagne précédente, est reléguée en quatrième position. L’Egypte, quant à elle, occupe la cinquième place du palmarès. Il faut dire que la reprise de la gestion des appels d’offres égyptiens, précédemment du ressort du Gasc, par l’organisation militaire Mostakbal Misr a rendu les relations commerciales plus compliquées, avec entre autres des difficultés à obtenir des garanties financières. Résultat : « Nous avons livré 78 656 t de céréales à l’Egypte en juillet 2024. Et le bateau, prévu sur la deuxième quinzaine de mai, va finalement être chargé la semaine prochaine [semaine 27, NDLR] et sera comptabilisé sur la campagne 2025-2026 », commente Pierre-Jean Huré.

Parmi les autres pays tiers importateurs, on peut citer le Royaume-Uni et le retour de la Tunisie

A noter par ailleurs que les destinations européennes et les départements/régions d’outre-mer représentent près de 20 % de l’activité de Sica Atlantique, avec notamment le Portugal et l’Italie, précise L’Escale Atlantique, la lettre d’information mensuelle de Port Atlantique La Rochelle, dans son édition de juillet-août 2025. 

L’Algérie, inscrite aux abonnés absents

Quant à l’Algérie, elle est purement et simplement absente des statistiques.  « La France est sortie des appels d’offres algériens en raison de désaccords diplomatiques entre les deux pays, ce qui est dommageable pour le blé français car l’Algérie en était historiquement une destination phare », déplore le dirigeant du silo portuaire rochelais. 

Et d’ajouter : « Les exportateurs français ont dû chercher d’autres destinations, dans un contexte de faibles volumes disponibles à l’export et d’un manque de compétitivité de nos blés, qui ne rentraient pas dans les standards internationaux en termes de qualité ».

Une campagne 2025-2026 prometteuse

L’espoir renaît avec les bonnes perspectives de production en cette année 2025. « En orge fourragère, les rendements semblent au rendez-vous et la qualité bonne à excellente, avec de très beaux poids spécifiques (PS). Ce qui nous rend optimistes en ce qui concerne la campagne d’exportation 2025-2026 », se réjouit Pierre-Jean Huré.

En blé, s’il est encore trop tôt pour en parler, il semblerait que les rendements soient bons sur l’hinterland du port de La Rochelle. Mais la qualité du blé meunier est sujette à interrogations. 

« Si la récolte 2025 s’annonce bien meilleure que la précédente, nos grains doivent trouver des débouchés. Un programme d’orge fourragère sur la Chine est déjà prévu sur le mois de juillet. En revanche, s’agissant du blé, c’est le saut dans l’inconnu : tant que nous ne connaissons pas sa qualité, nous ne pouvons pas anticiper les destinations. Cependant, nous sommes plus optimistes que l’an dernier car les volumes sont assurés en France… mais également dans toute l’Europe, avec des rendements qui se profilent bons à très bons. Dans ce contexte, le marché sera ultra concurrentiel, d’autant plus que la Russie annonce elle-aussi des rendements plus que corrects. Le tout, avec des prix tirés vers le bas qui ne feront pas l’affaire des agriculteurs et des coopératives », s’inquiète le directeur commercial de Sica Atlantique.

L’ensemble des silos de nouveau fonctionnels

L’incendie majeur qui a ravagé le 10 août 2023 un silo de Sica Atlantique n’est plus qu’un lointain souvenir. Depuis la fin mai 2025, l’ensemble des installations du prestataire de services rochelais sont opérationnelles. 

« Les équipes se réjouissent de la fin du chantier de réparation de la galerie d’ensilage 300, sinistrée par l’incendie du 8 août 2023. Le silo retrouve un outil totalement fonctionnel et des capacités de stockage complètes », souligne Vincent Poudevigne, directeur général dur groupe Sica Atlantique, dans L’Escale Atlantique.

« Le terminal céréalier retrouve ses capacités de stockage et ses cadences de chargement d’avant incendie. Le silo, remis à l’état neuf, est prêt à accueillir les gros tonnages à venir de la récolte 2025 », s’enthousiasme Pierre-Jean Huré, directeur commercial de Sica Atlantique.

Socomac enregistre une baisse drastique de ses exportations de grains en 2024-2025

« Pour Socomac, filiale de Soufflet Négoce by InVivo [qui possède des installations sur le port de La Rochelle], la campagne 2024-2025 a été marquée par la pire récolte céréalière depuis 1983. (…) Le poste exportation est [de fait] la variable d’ajustement de ces faibles récoltes et l’impact est majeur sur les silos portuaires. La Pallice ne fait pas exception », a déclaré Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce by InVivo, dans le communiqué de la Bourse maritime agricole de la Rochelle Pallice, qui s’est déroulée le 20 juin dernier sur le port de La Rochelle. Et d’ajouter : « Le volume [de grains exportés] à fin juin devrait atteindre 1,3 Mt [pour la campagne commerciale 2024-2025], quasiment identique à l'objectif fixé avant la campagne », mais en retrait de 25 % par rapport à la campagne 2023-2024 (1,75 Mt). Socomac a entre autres exporté 400 000 t de maïs, avec l’Espagne comme principale destination, et 160 000 t d’orge de brasserie, « une des filières d'excellence française dans laquelle le Groupe InVivo a une place prépondérante », commente le dirigeant de Soufflet Négoce by InVivo. 

Concernant la campagne 2025-2026, Jean-François Lépy partage l’analyse de Pierre-Jean Huré, directeur commercial du groupe Sica Atlantique. « La campagne 2025-2026 annonce un retour des volumes, mais des marchés déprimés. (…) Côté volumes, il semble que les rendements [en orge] soient corrects. La qualité est en ligne avec les critères brassicoles. Côte blé, il est encore trop tôt pour se prononcer. Côté marché, les incertitudes restent grandes, mais avec l'absence d'aléas climatiques majeurs sur l'hémisphère nord, les cours restent déprimés et au plus bas », indique le dirigeant de Soufflet Négoce by InVivo.

Lire aussi : Blé tendre : pourquoi la France peine à exporter (pour l’instant) ?

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