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Quelles solutions pour corriger les effets du vent et de la vitesse sur la qualité d'épandage ?

Le vent et la vitesse d’avancement influent sur la qualité de répartition de l’engrais au sol avec les épandeurs centrifuges. Des dispositifs existent pour compenser les effets négatifs de ces deux facteurs sur la nappe d’épandage.

La mise au point des épandeurs d’engrais centrifuges est généralement réalisée avec des bancs de test installés dans de grands halls fermés, qui ne prennent pas en compte l’incidence du vent et de la vitesse d’avancement. Pourtant, ces deux facteurs extérieurs nuisent à la bonne qualité d’épandage. L’effet néfaste du vent est évident. Dès que ça souffle trop, chacun sait qu’il n’est pas question de sortir l’épandeur. En revanche, pour la vitesse d’avancement, peu de personnes en mesurent l’incidence. Pourtant, le fait de travailler à 25-30 km/h plutôt qu’à 10 km/h a de réelles conséquences sur la forme de la nappe d’épandage et sur la largeur réelle de projection.

Les zones surdosées amplifiées par la vitesse

Le Français Sulky est le premier constructeur à proposer une solution adaptant la nappe d’épandage à la vitesse d’avancement. Son dispositif breveté, baptisé Speed Control et développé à la suite de travaux menés avec l’institut Inrae et l’école AgroSup Dijon, est disponible en option (2 150 euros HT) sur le distributeur X40 + Econov et inclus de série sur le modèle X50 + Econov. Il résulte du constat que les paramètres de réglage de la largeur de travail sont généralement définis à faible vitesse voire à l’arrêt avec les bancs d’essai, alors que l’épandage est réalisé entre 10 et 30 km/h. L’étude montre que la vitesse agit sur la trajectoire des grains d’engrais et déforme la nappe dans le sens d’avancement du distributeur. Elle met aussi en exergue que plus la vitesse de travail augmente, plus les granulés partent sur les côtés et, en contrepartie, moins sont envoyés vers l’arrière. Par conséquent, les recroisements entre les passages font l’objet de surdosages, qui s’amplifient avec l’accroissement de la vitesse et peuvent être à l’origine de phénomènes de verse des céréales.

Sulky corrige en continu la largeur de travail

« L’effet de la vitesse sur la qualité de répartition est surtout visible au-delà de 15 à 20 km/h. Il peut se traduire par l’apparition dans la parcelle d’alternances de bandes noires et de bandes jaunes », précise Serge Nourry, chef produit fertilisation chez Sulky. La fonctionnalité Speed Control adapte alors la largeur de travail en fonction de la vitesse réelle d’avancement. Elle permet de conserver une bonne répartition lorsque le tracteur passe, par exemple, de 10 à 25 km/h et inversement. Le principe de fonctionnement de l’automatisme est assez simple, car il consiste à modifier, selon l’allure, le point de chute de l’engrais sur le disque en pilotant électriquement la goulotte de dépose. Il est complémentaire au dispositif Econov d’ouverture et fermeture des sections (12) par GPS, qui autorise également la modulation droite et gauche indépendante.

Amazone corrige l’action néfaste du vent

Le fabricant allemand Amazone corrige la courbe d’épandage en fonction de l’influence du vent, afin d’assurer une bonne répartition de l’engrais au sol. Son automatisme, dénommé WindControl, élargit ainsi les fenêtres d’intervention en autorisant à travailler quand ça souffle, dans les limites définies par la largeur de travail et la qualité balistique de l’engrais. Cette fonctionnalité, facturée 3 500 euros HT, utilise une station météo fixée sur l’appareil porté ZA-TS ou traîné ZG-TS et montée sur un mât repliable. L’anémomètre directionnel embarqué mesure à haute fréquence la vitesse du vent et sa direction. Comme il fonctionne par effet Doppler, il ne compte pas de pièce en mouvement susceptible de s’user ou de se bloquer. À partir des données, le calculateur de l’épandeur modifie en temps réel les réglages indépendamment pour les disques gauche et droit : force de projection en agissant sur le régime de rotation des disques entraînés hydrauliquement et orientation des nappes en réglant électriquement le point d’alimentation.

La nappe d’épandage ajustée en permanence

Efficace en cas de vent latéral, le système Amazone augmente la vitesse du disque côté vent et oriente vers l’extérieur le point d’alimentation de l’engrais. En parallèle, il réduit le régime du disque opposé et ramène vers l’intérieur l’alimentation. L’opérateur est en permanence informé de la correction via un écran sur le terminal de contrôle. Il est même averti si la force du vent ne permet pas de réaliser un travail de qualité. Complémentaire à la fonctionnalité WindControl, le système ArgusTwin composé de capteurs (sept par côté) surveille la zone de projection d’engrais à la sortie de chaque disque. Cette fonctionnalité, commercialisée au prix tarif de 6 900 euros HT, mesure l’angle des granulés à la sortie des disques. À partir de ces données, l’unité électronique agit, si nécessaire, sur le point d’alimentation de l’engrais sur le disque, afin de respecter les paramètres initiaux appliqués par l’opérateur à partir des tableaux de réglage et éventuellement vérifiés par un test de répartition au champ. L’ArgusTwin présente ainsi l’avantage, en cours de chantier, de compenser les variations d’humidité, de rugosité et de granulométrie de l’engrais, ainsi que l’encrassement des aubes, les pentes ou les dévers importants. En revanche, il ne permet pas de connaître la largeur réelle de travail.

Le bon réglage de l’épandeur d’engrais se vérifie au sol

« Les systèmes électroniques d’assistance ne dispensent pas l’opérateur de descendre de la cabine pour visualiser au sol la répartition de l’engrais. À défaut d’un contrôle avec des bacs, il est important de regarder à l’œil nu que la largeur de travail réglée est bien obtenue », rappelle Serge Nourry, chef produit fertilisation chez Sulky. Le contrôle de l’angle de sortie des granulés à la sortie des disques proposé par certains dispositifs est une information importante, mais elle ne donne pas la largeur de travail réelle. « Par exemple, l’urée et l’ammonitrate peuvent quitter le système d’épandage de la même manière, mais leur portée est différente. Comme la densité, la forme et la taille de leurs granulés sont différentes, l’air freine plus ou moins leur évolution et agit sur la distance de projection. » D’autres facteurs plus basiques sont également à prendre en compte, comme le respect de la hauteur et de l’angle de travail des disques par rapport à la cible. Serge Nourry remarque d’ailleurs que la déformation des gros pneus radiaux montés à l’arrière des tracteurs a une influence sur la qualité de répartition. Comme ils sont généralement gonflés à une faible pression, ils sont davantage écrasés avec l’épandeur rempli de quatre tonnes d’engrais qu’avec la trémie vide. Par conséquent, en cours de travail, l’angle des disques change. Dans cette situation, le chef produit conseille, lors de l’attelage, d’incliner légèrement l’appareil vers l’avant pour obtenir en charge le meilleur compromis de réglage. Le respect du régime préconisé de prise de force et l’utilisation d’aubes d’épandage en bon état sont deux autres critères déterminants.

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