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Manque de politiques publiques en faveur de la demande mondiale en grains

Dan Basse, président d’AgResource, estime que la croissance de l’offre planétaire en grains dépasse la progression de la demande, et ce jusqu’aux alentours de 2024, si aucun incident climatique ne survient.

Dan Basse, président d'AgResource, lors du Global Grain à Genève le 13 novembre
© Kévin Cler

L’essentiel à retenir de la vision à long terme sur les marchés des grains de Dan Basse, président d’AgResource, est qu’une hausse des prix ne pourra venir de la seule demande émanant de la croissance démographique mondiale durant les prochaines années. « Il manque une intervention des États pour soutenir la demande en grains, et donc les prix », a-t-il déclaré lors du Global Grain, le 13 novembre à Genève.

Dan Basse rappelle que, depuis 2013, la croissance annuelle de la production de grains est revenue à un niveau très élevé : 2,7 %, similaire à celui observé au début de la révolution verte (1961-1970) qui affichait 2,8 %. Ceci en raison d’un usage accru de la technologie, permettant de produire plus sur moins de surfaces. Or, aujourd’hui, pour répondre à la croissance de la consommation planétaire en grains, « il suffit d’une augmentation de 1,8 % environ de la production », poursuit-il. Et la situation macroéconomique stagnante actuelle ne permet pas de réellement dynamiser les besoins en grains de la population mondiale. « Il se pourrait qu’à l’horizon 2024 la croissance globale continue de stagner dans la fourchette de 0-3 % », ajoute Dan Basse.

Pour illustrer le surplus d’offres par rapport à la demande, Dan Basse prend l’exemple du marché mondial du blé et du maïs (hors Chine). « La tendance sur 2012-2019 est une hausse de la production de 6,857 Mt/an, contre une augmentation de seulement 6,615 Mt/an de la demande. Ainsi, du surplus s’accumule chaque année », indique-t-il. Concernant le maïs, les chiffres sur la même période s’élèvent à, respectivement, 17,21 Mt/an et 16,40 Mt/an. De plus, la production en Amérique latine a encore un gros potentiel, surtout au Brésil, à tel point que le dirigeant d’AgResource s’attend à ce que les exportations brésiliennes de maïs dépassent celles des États-Unis « dans les deux à trois ans ». Ainsi, la production de grains pourrait continuer de surpasser la demande, et ce, jusqu’à l’horizon 2024, si aucun incident climatique ne survient, bien entendu.

Baisse du cheptel porcin chinois de 130 millions de têtes entre 2018 et 2020

La peste porcine africaine affectant la Chine ainsi que l’ensemble de l’Asie du Sud-Est aura des conséquences à long terme, selon Dan Basse. Ce dernier se base sur les chiffres de l’USDA, rapportant une baisse du cheptel porcin chinois de 130 millions de têtes entre 2018 et 2020, tirant vers le bas la consommation de soja du pays, et ce, pour un certain temps.

Le potentiel de croissance de la demande se situe dans les pays d’Afrique ou d’Asie, tels que l’Éthiopie, le Nigeria, l’Inde…, selon Dan Basse. « Mais il faudra des années pour que ces pays aient des taux de croissance suffisamment importants pour massivement stimuler la consommation de grains », tempère-t-il. Il est donc, selon lui, nécessaire que les pays usent de politiques publiques de soutien à la demande en céréales/oléagineux, comme c’était le cas, par exemple, au début des années 2000 aux États-Unis, qui lançaient leur programme de biocarburants.

 

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