Maïsadour : après une récolte 2025 difficile, cap vers l’agriculture régénérative
Après une récolte marquée par des conditions climatiques difficiles et de mauvais rendements, le groupe coopératif Maïsadour souhaite faire de l’agriculture régénérative son fer de lance. Lors d’une conférence de presse à Saint-Pierre-du-Mont (Landes) le 5 décembre, l’équipe dirigeante du groupe coopératif est revenue sur les faits marquants de son exercice 2024-2025 et ses futures orientations.
Après une récolte marquée par des conditions climatiques difficiles et de mauvais rendements, le groupe coopératif Maïsadour souhaite faire de l’agriculture régénérative son fer de lance. Lors d’une conférence de presse à Saint-Pierre-du-Mont (Landes) le 5 décembre, l’équipe dirigeante du groupe coopératif est revenue sur les faits marquants de son exercice 2024-2025 et ses futures orientations.
Après une récolte marquée par une arrière-saison humide, Maïsadour a connu des problèmes de mycotoxines en maïs malgré toutes les précautions prises dans le séchage et le stockage des grains. Le groupe coopératif précise : « Avec le changement climatique, ces problématiques de mycotoxines vont être récurrentes dans notre activité. Nous croyons beaucoup à l’impact de l’agroécologie sur la contamination dans les sols. On travaille des investissements au niveau de la technologie pour se prémunir des problèmes de mycotoxines dans l’avenir. »
Une récolte 2025 de maïs en baisse de 17 %
La sécheresse et les fortes chaleurs ont marqué la collecte 2025 de céréales. Grégory Moulis, directeur des productions végétales de Maïsadour, a pointé « des récoltes de maïs aux résultats très contrastés, avec une segmentation très forte entre les surfaces irriguées et non irriguées, et avec de grosses divergences entre parcelles irriguées, qui ont abouti à une collecte en fort repli pour notre groupe. Cette dernière est en baisse de 17 % par rapport à l’année dernière. »
Des prix en maïs inférieurs aux coûts de production
Au-delà de la faiblesse des rendements, Grégory Moulis s’inquiète des prix faibles, en dessous des coûts de production pour les adhérents : « on est perturbé à la fois sur les rendements et sur les prix ». Afin de mieux contrôler le risque sanitaire, un investissement dans un appareil de mesure de mycotoxines (Mycofoss) a permis de travailler et d’alloter le grain correctement. Grégory Moulis précise : « pour cette récolte 2025, le taux d’humidité était de 24,5-25 %, en forte baisse par rapport à l’année dernière. On est revenu à une humidité moyenne assez classique pour nous. »
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Changement climatique : sécuriser les rendements avec la génétique et les assolements
L’adaptation au réchauffement climatique passe par l’accompagnement des agriculteurs, selon Jean-Louis Zwick, directeur du pôle agricole de Maïsadour, avec une meilleure adaptation de la génétique des cultures au potentiel des sols et une évolution des assolements : « on a vu par exemple cette année des cultures de tournesol et de soja qui ont donné des meilleurs résultats que des maïs à 4 t/ha ou 5 t/ha ».
Par ailleurs, le directeur du pôle agricole a alerté : « À la question de savoir si je dois remettre en culture [ou laisser en jachère], le risque c’est que l’année soit très bonne [en termes de production] et que les prix soient au rendez-vous. »
Agriculture régénérative : une prime de 100 €/ha en maïs
Avec 176 000 ha cultivés, Maïsadour est déjà engagé activement dans l’agriculture régénérative. Pour encourager cette transition, la coopérative lance un nouveau contrat de production assorti d’une prime de 100 €/ha pour la culture d’un maïs régénératif avec une surface de 855 ha pour cette première année. L’objectif affiché est d’atteindre en 2030 une surface de 216 000 ha selon ces pratiques.
En parallèle, le groupe Maïsadour a noué un partenariat avec l’ONG Earthworm pour déployer l’agriculture régénérative au sein des exploitations agricoles afin de bâtir un modèle économique durable et rémunérateur pour les agriculteurs. De plus, la coopérative fait monter ses équipes en compétences sur le plan agronomique avec Biosphères dans le cadre d’un partenariat de quinze mois.
Le président Daniel Peyraube demande du soutien
Malgré un engagement important de Maïsadour, Daniel Peyraube, président de la coopérative, tient à préciser que l’agriculture régénérative doit s’autofinancer : « Les 100 € de notre démarche sont incitatifs et une prise de risque de la mise en place. À terme, ce que l’on souhaite, c’est que cette agriculture régénérative soit financée tout simplement. » D’autre part, l’agriculture régénérative doit encore faire ses preuves, selon Daniel Peyraube : « Aujourd'hui, il n’y a pas de marché mature sur cette agriculture ».
De plus, le président de Maïsadour demande un soutien pour assumer cette transition agronomique : « Peut-être que dans la prochaine réforme de la PAC, il peut y avoir des choses à réfléchir parce que l’agriculture régénérative demande des investissements significatifs. Maïsadour l’accompagne mais Maïsadour ne peut pas tout faire aussi. La transition doit être accompagnée. Je formule le vœu d’avoir un partenariat département-région-Etat qui contribue à cette transformation. Il faut de l’incitation, on est moteur, mais on ne fera pas tout. »
Prix du maïs : un marché lourd avec peu de visibilité
Concernant la deuxième partie de campagne de commercialisation 2025, le directeur des productions végétales de Maïsadour commente : « Les marchés sont lourds et on a peu de visibilité de rebond [des prix] de marché. En termes de rentabilité des productions végétales, ça nous inquiète. En termes de commercialisation, les agriculteurs sont très avancés cette année puisque la faiblesse des rendements et le besoin de trésorerie ont fait qu’ils ont engagé beaucoup plus [de volume de production] en contractualisation et en fixation de prix avec nous par rapport à d’habitude. »
Des ventes précoces d’engrais pour limiter l’impact de la taxe MACF
Le groupe coopératif a rappelé la mise en place de la taxe MACF sur les engrais, prévue pour le 1er janvier 2026 : « cette nouvelle taxe sur les engrais azotés va inflater les prix ». Pour se prémunir contre ce risque, Maïsadour a mis en place depuis novembre des ventes précoces d’engrais azotés.
Mieux alloter pour répondre aux besoins du marché
Le groupe coopératif a des infrastructures suffisantes pour stocker actuellement l’ensemble de la collecte, indique Jean-Louis Zwick : « on n’a pas besoin d’investir dans de nouveaux silos ».
Cependant, pour répondre à une diversification de l’offre des clients avec des produits segmentés en maïs (waxy, waxy pro, régénératif), Jean-Louis Zwick indique : « On a besoin d'investir pour être capable de faire de l’allotement et de partager nos silos de 80 à 100 000 t avec des segmentations afin de pouvoir isoler des lots et faire des productions différentes. »
Maïsadour consolide son EBE en attendant la fusion avec Euralis
Au niveau opérationnel, le groupe coopératif réalise, selon Christophe Bonno, directeur général de Maïsadour, un exercice 2024-2025 solide avec un chiffre d’affaires en légère augmentation, de 1,7 % à 1,408 milliard d’euros, et un EBE positif de plus de 63,7 millions d’euros, en amélioration de 160 % sur les trois derniers exercices. Cependant, le résultat net est négatif pour la seconde année consécutive, avec une amélioration de plus de 6 millions d’euros sur un an à -2,8 millions d’euros. À ce sujet, Christophe Bonno défend cette performance financière : « Ce résultat s’explique par la transformation en cours chez Maïsadour et les investissements. »
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Concernant la fusion avec Euralis, le projet est pour l’instant en attente de la décision de l'Autorité de la concurrence. En parallèle, le projet est bien accueilli par les adhérents, conscients des défis climatiques et des attentes sociétales qui demandent des investissements importants, difficiles à supporter par Maïsadour, selon son président Daniel Peyraube.