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Voisins : optez pour du matériel pointu et de la pédagogie

Dans un souci de bonne entente avec un voisinage néorural – peu familier avec la viticulture – bon nombre de viticulteurs de la région bordelaise modifient leurs pratiques tout en réalisant un effort de communication auprès du grand public.

Stigmatisés par des reportages à charge par la presse grand public qui ont soulevé des inquiétudes auprès des néoruraux, un certain nombre de viticulteurs ont fait le choix de changer leurs habitudes. Deux stratégies ont été mises en place, souvent conjointement : améliorer les méthodes de travail, notamment en ce qui concerne la pulvérisation, et vulgariser les itinéraires culturaux en justifiant les choix auprès de la population néophyte. Ce nouveau voisinage – notamment lié à l’expansion démographique de l’aire urbaine de Bordeaux – fait souvent preuve d’une profonde méconnaissance de la viticulture, et de la vie à la campagne en général, avec une vision parfois naïve. " Certains croient qu’on ne traite pas en viticulture bio ", donne pour exemple Jean-Baptiste Meyrignac, conseiller auprès du réseau Dephy de la chambre d’agriculture de Gironde. Expliquer au grand public la physiologie de la vigne, les pressions fongiques et de ravageurs, ainsi que les choix dans les itinéraires culturaux suffisent bien souvent à faire tomber les éventuelles tensions en sommeil et évitent les écueils par méconnaissance. De nombreux groupes de vignerons ont ainsi convié le voisinage à des soirées pédagogiques ou à des journées de sensibilisation le week-end, pour expliquer leur métier. Certains informent leur voisinage par SMS des interventions qu’ils ont effectuées ou qui sont à venir, afin de prendre les dispositions nécessaires notamment par rapport aux délais de réentrée. " Situé en pleine aire urbaine et sur le tracé de chemins de randonnée, le château Luchey-Halde a mis en place des fanions de couleur, à l’image des drapeaux de baignade, pour avertir les usagers de ces chemins des récentes applications de phytosanitaires, illustre Jean-Baptiste Meyrignac. Tous ceux qui jouent le jeu de la communication ont beaucoup moins de problèmes."

Ne pas tendre le bâton pour se faire battre

Aussi, jouer la transparence auprès du grand public impose d’avoir les démarches les plus respectueuses. " Bon nombre de viticulteurs généralisent aux habitations les précautions d’application imposées par les arrêtés préfectoraux auprès des personnes vulnérables (article 53 de la loi d’avenir pour l’agriculture) ", explique Jean-Baptiste Meyrignac. Cela commence par l’aménagement des horaires d’application, en traitant pendant les horaires de bureau près des maisons et en dehors des heures de classe près des écoles. Ce qui n’est pas sans poser quelques difficultés, puisque cela réduit les plages horaires et coïncide avec les périodes de vent. "Pour les autres interventions viticoles, pouvant générer des nuisances sonores, les viticulteurs appliquent généralement des horaires convenables, y compris au moment de la récolte, poursuit Loïc Pasdois, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de Gironde. L’année 2013 a fait exception parce que la pression en botrytis était très élevée. Mais là encore, il y a généralement la possibilité de planifier la vendange à proximité des habitations dans des créneaux horaires acceptables. Et expliquer aux riverains pourquoi on travaille tard suffit généralement à apaiser les tensions."

Utiliser des produits moins nocifs

L’emploi de produits non CMR (cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques) à proximité des habitations constitue également un gage de bonne entente. "Préférez les produits biologiques, de biocontrôle ou à profil écotoxique plus favorable", conseille Jean-Baptiste Meyrignac. "Et raisonner les zones près des habitations comme des ZNT représente un plus pour aller au-devant des problèmes", poursuit Loïc Pasdois. Développer le travail du sol et le désherbage mécanique dans ces zones sensibles est généralement favorablement perçu par la population avoisinante. À cela s’ajoute la formation des viticulteurs à mieux appliquer leurs produits (la bonne dose au bon moment). Synonyme de réduction d’intrants, cela est forcément bien perçue par la population. Les réseaux Dephy et les groupes 30 000 aident dans cette démarche.

Réduire les pertes dans l’atmosphère

 

Augmenter l’efficacité et l’efficience des applications en limitant la dérive au sol et dans l’air constitue une bonne pratique auprès des néoruraux. L’utilisation de pulvérisateurs limitant la dérive est à prescrire, avec en premier lieu les appareils à panneaux récupérateurs, dont l’investissement est encouragé par la région Nouvelle Aquitaine. "Mais l’utilisation de ces appareils n’est pas toujours aisée dans les vignes à forte densité, souligne Loïc Pasdois, ce qui limite leur développement. Néanmoins, l’emploi d’appareils travaillant en face par face à jet porté permet d’obtenir de bons résultats, d’autant plus si on utilise des buses antidérives comme les modèles à injection d’air."

De son côté, Jean-Baptiste Meyrignac constate encore trop souvent une méconnaissance de leur appareil de traitement de la part des viticulteurs. "Encore aujourd’hui, il y a bon nombre de pulvérisateurs neufs qui sont livrés sans aucune explication sur leur fonctionnement, regrette-t-il, quand ils ne sont pas mal réglés." Le conseiller le constate tous les jours : bon nombre de viticulteurs sont persuadés à tort de bien travailler avec leur pulvé et/ou ne savent pas régler leur appareil pour l’adapter au stade végétatif de la vigne. " C’est pour cette raison que nous avons élaboré un tutoriel papier et vidéo (1) en utilisant un colorant et des capteurs, indique Jean-Baptiste Meyrignac. C’est un protocole simple, élaboré par des viticulteurs pour les viticulteurs, facile à mettre en œuvre, pas cher et réutilisable. Dans la majorité des cas, ils sont mal réglés, bien qu’ayant été passés au contrôle pulvé quelques mois auparavant. Or, un mauvais réglage a bien souvent une incidence forte en termes de dérive, même avec un appareil à panneaux récupérateurs." Et parmi les éléments de réglage, l’entretien constitue un levier majeur. Les produits s’accumulent et encrassent filtres et buses. Il convient donc de les démonter régulièrement pour vérifier leur état. Le contrôle du pulvérisateur doit ainsi être réalisé plusieurs fois dans l’année. Ce protocole est aujourd’hui l’objet de travaux pratiques auprès des élèves des lycées viticoles de la région et fait même l’objet d’un concours. Un concours que Jean-Baptiste Meyrignac aimerait élargir auprès des viticulteurs.

(1) Retrouvez le tutoriel de vérification de la pulvérisation sur la chaîne YouTube (lien : bit.ly/2Jf5mDo) de Matévi, ainsi que le protocole sur le site www.matevi-france.com

Le bruit aussi est une gêne

Passé les efforts de communication et de pédagogie auprès des riverains, il s’avère bien souvent que ce n’est plus la pulvérisation qui est montrée du doigt, mais davantage le bruit. Loïc Pasdois cite par exemple le broyage de sarments, réalisé à régime moteur élevé. L’utilisation d’un régime de prise de force économique, lorsqu’il est disponible et que l’outil ne demande pas trop de puissance, permet de réduire cette nuisance. Certains constructeurs travaillent également sur le sujet, comme le fabriquant de pulvérisateurs allemand Wanner, qui a redessiné ses turbines pour une plus grande efficacité tout en réduisant le bruit.

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