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Technologie : La pulvérisation ultralocalisée : en quête d’avenir

Dans un contexte d’Ecophyto, pulvériser uniquement là où c’est nécessaire s’avère être un levier important d’économies en produits phytosanitaires.

L’avènement des capteurs optiques et de l’analyse d’images d’un côté et les dernières technologies en termes de coupures de buses de l’autre, ouvrent de nouvelles voies à la pulvérisation, à savoir l’application ultralocalisée. Alors que la pulvérisation localisée, souvent combinée à un désherbage mécanique, consiste à ne traiter que le rang pour éliminer les adventices qui ne peuvent être atteintes par les socs de peur de blesser la culture, la pulvérisation ultralocalisée déclenche uniquement les buses concernées et seulement là où les capteurs optiques ont détecté une adventice.

Avec son capteur Weedseeker, Trimble figure parmi les pionniers. Le système se compose de leds émettant dans l’infrarouge, d’un capteur optique mesurant la réflexion par le sol et par la plante, ainsi que d’une buse spécifique, située à 20 cm du capteur, actionnée par le capteur optique lorsque celui-ci détecte de la végétation. Le Weedseeker ne travaillant qu’une bande de 30 cm de large, il est nécessaire de multiplier les capteurs pour traiter une largeur de travail confortable compatible avec la grande culture. "À plus de 1 500 euros le capteur, on comprend pourquoi cette technologie n’est pas répandue en grandes cultures, explique Vincent Daoulas de Trimble, même s’il permet d’économiser jusqu’à 80 % d’intrants. C’est la raison pour laquelle on ne trouve ces capteurs que dans des cultures à forte valeur ajoutée, comme en viticulture ou en maraîchage. Au prix des phytos en grandes cultures, ce n’est pas rentable. Mais avec le temps, comme cela a été le cas avec l’autoguidage par GPS, la démocratisation de la technologie devrait à terme en réduire les coûts."

Cibler la culture ou les adventices

Il y a deux ans, Novaxi, importateur de Garford, dévoilait le Robocrop Spot Sprayer au salon Innovagri. Ce dernier est initialement conçu pour éliminer les repousses de pommes de terre au milieu d’une culture d’oignons ou de carrottes. Il se compose d’une rampe frontale de 6 mètres, dotée d’une multitude de buses pulvérisant une bande de 7,5 cm de large sur 5 cm de distance à 5 km/h. "L’appareil n’a pas été vendu en France pour le moment, confie Richard Dumbrill, de Novaxi. Mais il met en valeur toute l’expertise de Garford en termes d’analyse d’images, notamment au travers de la bineuse Robocrop Inrow, capable de biner entre les rangs, mais aussi sur le rang, entre les pieds de culture. Du fait de sa précision, cette rampe a permis de réintroduire le glyphosate dans les cultures légumières en place. Cela a été rendu possible car c'est de la très basse pression, sans dérive." L'’importateur poursuit : "Depuis, les applications se sont multipliées. Ce système a été monté sur les bineuses mécaniques, exploitant les mêmes caméras pour des interventions qui ne sont pas synchrones, les conditions idéales de désherbage étant différentes pour le chimique et le mécanique."

Mais cette technologie peut également être utilisée pour cibler la culture, par exemple pour apporter de l’engrais sur la plante exploitée et non sur les adventices. "Il existe également une rampe avec quatre buses par rang qui appliquent un nématicide très coûteux uniquement au pied de chaque plant."

Cette technologie reste encore très coûteuse : compter quelques milliers d’euros par rang pour équiper une bineuse Inrow qui est déjà dotée de caméras. Même si Garford annonce des économies d’herbicides de 98 à 99 % par rapport à un traitement en plein, ce système ne s’adresse pour le moment qu’à des cultures à haute valeur ajoutée.

Traitement pleine dose et sous-dosée en un seul passage

L’année dernière, Amazone présentait l’Amaspot à l’occasion du salon Agritechnica. Capable de travailler de jour comme de nuit à des vitesses pouvant atteindre 20 km/h, ce système combine sur une rampe de pulvérisateur des capteurs de chlorophylle tous les mètres à des buses à fréquence d’impulsion modulable, positionnées tous les 25 cm. Ce type de buse s’appuie sur une électrovanne par buse permettant de faire varier la fréquence d’ouverture-fermeture jusqu’à 50 cycles par seconde, et donc la dose, d’un facteur de 1 à 5, tout en combinant dérive minimale et pression constante. Utilisé avant semis, l’Amaspot permet ainsi de traiter à pleine dose les endroits où des repousses sont détectées et à dose réduite les autres surfaces. Des tests réalisés par l’université de Wageningen dans les Pays-Bas ont montré des économies pouvant aller de 20 à 60 %. Amazone annonce des gains pouvant atteindre 80 % par rapport à un traitement en plein en semis direct.

Par conséquent, il en ressort également une autonomie accrue, optimisant ainsi les périodes les plus fastes à la pulvérisation.

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