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Sécurité : Poudreuses : Champagne et Bourgogne s’appuient l’expérience du terrain

© Chabas

Le CIVC et les chambres d’agriculture de Côte-d’Or et de l’Yonne ont réalisé des enquêtes pour connaître les pratiques du terrain et les matériels utilisés, afin d’établir une base de conseils et d’expérimentations futures.

En Bourgogne et en Champagne, les poudreuses sont ressorties ces dernières années, notamment suite à des attaques d’oïdium. Ces deux régions ont connu une année difficile en 2004 et encore plus en 2012. Peut-être due au réchauffement climatique, cette montée progressive de l’oïdium vers le Nord a vu réapparaître des poudreuses cachées au fond des hangars pendant des années, si ce n’est des décennies. Ces machines avaient été oubliées à cause de leur qualité d’application peu précise, leur manque de praticité, la dérive importante et l’irritation pour l’opérateur de cette application. Pourtant, le poudrage et la sublimation du soufre restent une méthode de lutte efficace contre ce champignon. Curatif et éradiquant, il permet de corriger les imperfections de la pulvérisation. Qui plus est, cette méthode de lutte n’engendre pas de sélection de souches d’oïdium résistantes et n’est pas incompatible avec la viticulture biologique.

Non équipés, d’autres viticulteurs ont fait le choix d’investir dans du matériel neuf. « D’autres encore font appel à des prestataires de services, explique Marie-Pierre Vacavant du CIVC. Cela correspond à un tiers des viticulteurs qui ont répondu à notre enquête et qui ont recours au poudrage. » L’interprofession de Champagne a réalisé entre juin et juillet 2014 une enquête auprès des viticulteurs de la région. Sur les 302 réponses, 218 pratiquent le poudrage et 65,5 % d’entre eux ont leur propre matériel. En outre, cette enquête a permis de connaître les matériels utilisés, leurs efficacités jugées par les utilisateurs eux-mêmes et les pratiques.

De leurs côtés, les chambres d’agriculture de la Côte-d’Or et de l’Yonne ont réalisé une enquête similaire, qui n’a pas encore été dépouillée. Une lecture rapide de ces réponses met cependant en évidence un parc de poudreuses d’âge divers, certains appareils pouvant atteindre 30 ans. « Il s’agit soit de matériel neuf ou récent, soit de matériel ancien ayant subi des modifications avec en premier lieu des descentes pour appliquer au plus près de la zone fructifère. » Certains adaptent le poudrage sur leur pulvérisateur, exploitant alors les descentes pour une application précise et plus homogène. L’application par le dessus semble être minoritaire également en Champagne (15 %). « Comme en pulvérisation, il apparaît plus logique de cibler le produit sur la zone concernée, commente Marie-Pierre Vacavant. En général, ces appareils disposent de 2 ou 4 diffuseurs, mais certains viticulteurs passent tous les 7 ou 9 rangs, comme avec leur pulvé. Or, les premiers tests exploratoires avec des capteurs-scotchs montrent qu’au-delà de 2 à 3 routes traversées avec un appareil à deux descentes, il ne reste plus grand-chose. »

Des conditions pas toujours simples à réunir

Outre l’application du produit au bon endroit, les conditions météorologiques idéales ne sont pas toujours faciles à réunir. L’absence de vent, pour limiter la dérive, des températures optimales entre 20 et 25 °C, l’absence de pluie dans les 48 heures et une bonne luminosité doivent en effet coïncider avec le stade de floraison de la vigne, stade où le poudrage est le plus pratiqué. Selon les années ou par sécurité, certains réalisent deux passages, en début et en fin de floraison. Le matin est majoritairement le moment de la journée où ces conditions sont réunies et donc le poudrage plus efficace. Si la garantie des 48 heures sans pluie n’est pas totale, les viticulteurs s’assurent tout de même des 24 sans précipitation. Quant à la température, il faut veiller à ce qu’elle ne dépasse pas 28 °C, selon les prescriptions de l’unique fournisseur du fluidosoufre (Cerexagri). Ce dernier précise également que la luminosité est un paramètre aussi considéré comme important par les vignerons champenois, et même plus important que la température en Bourgogne.

« À défaut d’avoir pu poudrer au bon moment, certains viticulteurs poudrent du stade grain de pois à la fermeture de grappe, constate Pierre Petitot, à titre de traitement curatif. »

Un dosage difficile

Autre paramètre à maîtriser : le dosage. Cela commence par le colmatage induit par le tassement de la poudre au transport, parfois conjugué à l’humidité. Ce colmatage est observé par 45 % des viticulteurs champenois ayant répondu. Un chargement trop important est à proscrire, un appareil doté d’un malaxeur et d’une grille vibrante à prescrire. Le CIVC a également apprécié le fonctionnement original de l’appareil Hervé qui consiste à injecter de l’air dans la cuve mettant le soufre constamment en suspension. Conjugué au nombre de rangs traités et à la vitesse d’avancement, le réglage du débit est possible mais difficile pour 50 % des viticulteurs. Cela s’explique par une variation importante de dosage entre deux positions de réglage, sur bon nombre d’appareils. Le dosage est obtenu bien souvent par tâtonnement et ajusté par la vitesse d’avancement.

Enfin, pouvoir ajuster le débit de la turbine est important pour s’adapter au volume de feuillage.

Pour le CIVC, toutes ces informations empiriques vont servir de base pour des expérimentations visant à tester différents matériels et différentes pratiques, pour délivrer des conseils plus pertinents. Le CIVC conclue sur une note positive : « même si des progrès restent à faire notamment au niveau de la précision de la dose appliquée et des possibilités de réglage, les nouveaux modèles de poudreuse remédient à la plupart de ces inconvénients et permettent de travailler en sécurité. »

Inflammable et toxique

« Chaque année, un tracteur brûle à cause de l’inflammabilité du soufre en poudre », annonce Marie-Pierre Vacavant. Appliquer du soufre en poudre impose l’apposition d’une chaîne qui traîne, pour éviter les petits éclairs d’électricité statiques, ainsi qu’un nettoyage régulier du matériel.

Pour l’opérateur, des gants nitriles, des lunettes étanches, une combinaison jetable de catégorie III et un masque de type FFP2 ou FFP3 (à défaut un demi-masque à cartouche A2P3) sont un prérequis indispensable. Ces ensembles sont utilisés dans 80 % des exploitations champenoises ayant répondu.

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