Quelles énergies pour décarboner les machines agricoles, et à quel coût ?
Atteindre l’objectif de décarbonation de 43 % du parc des machines agricoles pour 2050 semble « difficilement réalisable », conclue Axema dans une étude présentée ce 31 octobre à Paris. En fonction des nouvelles énergies mobilisées, le surcoût d’investissement demandé est très variable, de 77 à 149 milliards d’euros sur 25 ans.
Atteindre l’objectif de décarbonation de 43 % du parc des machines agricoles pour 2050 semble « difficilement réalisable », conclue Axema dans une étude présentée ce 31 octobre à Paris. En fonction des nouvelles énergies mobilisées, le surcoût d’investissement demandé est très variable, de 77 à 149 milliards d’euros sur 25 ans.
Comment décarboner le parc des machines agricoles d’ici à 2050 ? Dans une étude prospective, le syndicat des constructeurs et importateurs de matériels agricoles Axema a calculé l’investissement nécessaire pour atteindre l’objectif de de décarbonation de 43 % du parc des machines agricoles pour 2050, fixé dans la Stratégie Nationale Bas Carbone. En fonction des nouvelles énergies mobilisées, l’étude conclue que le surcoût d’investissement est très variable, de 77 à 149 milliards d’euros (Md€) sur 25 ans soit 3 à 6 milliards supplémentaires par an. Sachant que les agriculteurs investissent déjà en moyenne 5 Md€ par an dans les machines agricoles, atteindre l’objectif semble « difficilement réalisable », estime Axema.
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Sept scénarios ciblés sur différentes nouvelles énergies : HVO, GNR, GNV, électrique, H2
Pour faire ses projections, Axema est parti des chiffres d’émissions des machines agricoles en France, qui étaient de 8,3 millions de tonnes équivalents CO2, soit 18 % des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture. En 2023, le parc était composé de 1 325 000 automoteurs agricoles dont 904 000 tracteurs, dont 99,9 % utilisent du gazole non routier (GNR).
L’étude a ensuite modélisé sept scénarios de décarbonation en fonction des nouvelles énergies utilisées : biocarburants de synthèse (HVO), le Gaz Naturel Véhicule (GNV), l’électricité, l’hydrogène H2. Le pourcentage de décarbonation et le surcoût total d’investissement estimé pour chaque scénario est présenté au sein du tableau suivant.
Tableau : Niveau de décarbonation et surcoût total en fonction du scénario énergétique (Axema)
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Pour chaque scénario, le détail de la répartition des ventes en 2050 est présenté, avec la part de chaque énergie. Le scénario centré sur le gazole non routier correspond à un scénario tendanciel où le GNR reste présent sur le marché. Le scénario électrique extrême correspond à une projection où les machines électriques seraient aussi performantes et du même coût que les machines thermiques d’aujourd’hui, via notamment une industrialisation. Pour le HVO, même si le surcoût paraît intéressant, c’est une énergie « difficile à produire, et convoitée par tout le monde » comme notamment l’aviation, prévient le directeur d’Axema Laurent de Buyer en conférence.
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Que recommande Axema pour atteindre l’objectif de décarbonation ?
« Si on veut aller au bout, il faudra un contrat entre l'État, les industriels, la distribution, et les agriculteurs », soutient le Laurent de Buyer. Il appelle à trouver un « compromis pérenne dans le temps, compris et accepté par tous » pour aboutir à l’objectif de décarbonation.
L’étude émet ainsi différentes recommandations pour accompagner cette transition, via la création de différents plans : un plan de développement des « bons comportements économes en énergie » via des formations à l’écoconduite ; un plan national pour les biocarburants de synthèse (HVO) et e-fuel ; un plan d’accompagnement long terme de détaxation des carburants liquides de type HVO ; un plan pour accompagner la distribution de BioGNV ; un plan d’adaptation de la distribution d’électricité (infrastructures, formations, accès, …).
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