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Presse-enrubanneuse : Le combiné optimise la qualité et le débit de chantier

Un seul chauffeur et un seul tracteur pour réaliser deux opérations  ! Une combinaison qui favorise également la qualité du fourrage en enrubannant la balle sitôt pressée.

« Le premier avantage des combinés presses-enrubanneuses est qualitatif, souligne Jean-Eudes Simon, de Centradis, importateur de McHale. Plus on attend entre le pressage et l’enrubannage, plus la balle a le temps de se déformer, de se détendre et d’emprisonner de l’air. Cet air retarde la mise en fermentation et dégrade la qualité du fourrage. » Ceci est d’autant plus vrai lorsque le fourrage est sec. La qualité du filet entre également en jeu, certaines marques s’étirant plus que d’autres. Autre argument qualitatif en faveur de la presse-enrubanneuse, « certains pressent du fourrage vert avec des machines qui ne sont pas forcément adaptées à l’enrubannage, ce qui pose des problèmes de serrage, donc de conservation », poursuit Jean-Eudes Simon. « Enrubanner aussitôt évite aussi que le fourrage ne sèche trop, ou qu’il ne pleuve dessus, l’humidité pouvant engendrer du pourrissement et donc des butyriques », ajoute Régis Jouault, de Lely.

Néanmoins, en chantier décomposé, si l’enrubanneuse suit de près la presse, les différences qualitatives sont minimes. L’argument principal du combiné est alors logistique. Un seul chauffeur et un seul tracteur assurent les deux prestations. Même si le tracteur doit être plus puissant – compter 150 à 170 chevaux minimum selon le relief – les coûts de traction et de carburant restent moindres qu’avec deux tracteurs plus petits.

En revanche, le coût d’achat du combiné presse-enrubanneuse reste plus élevé. Selon les marques et les équipements, un combiné à chambre fixe est annoncé au catalogue entre 75 000 et 90 000 euros (85 000 à 100 000 euros pour une version à chambre variable), tandis qu’un couple presse et enrubanneuse séparées à caractéristiques comparables oscille entre 50 000 et 70 000 euros. Le surcoût se justifie donc sur un important volume de balles enrubannées, à savoir 10 000 à 15 000 bottes dans l’année.

Mobiliser moins de tracteurs et moins de chauffeurs

Autre limite : le niveau de technicité. Les combinés presses-enrubanneuses sont relativement complexes. « Il faut un chauffeur qualifié pour conduire cet engin, explique Jean-Marie Roos, de Kuhn, à la différence d’une presse ou d’une enrubanneuse simples, dont l’utilisation est assez rapide à maîtriser. C’est pourquoi on rencontre quasi exclusivement ces combinés dans des ETA, voire des Cuma avec chauffeur ou des grosses exploitations. »

D’autres solutions existent sur le marché pour minimiser le nombre de tracteurs et de chauffeurs. C’est le cas notamment de la presse iBio de Kuhn. Celle-ci réalise successivement le pressage et l’enrubannage au sein de la chambre. Compacte (4,50 mètres de long, contre 5,80 à 7,60 mètres pour des combinés classiques), cette machine à chambre fixe annoncée à 75 500 euros au catalogue est également plus légère (3,75 tonnes, contre 6 à 7 tonnes), raison pour laquelle elle est particulièrement appréciée en régions montagneuses. « Même si elle ne presse pas pendant qu’elle enrubanne, elle peut atteindre, dans les meilleures conditions, des rendements comparables aux combinés classiques (45 à 55 bottes par heure), explique Jean-Marie Roos. Pendant la phase de transfert de balle sur un combiné classique, l’iBio a déjà réalisé les deux tiers de l’enrubannage, puisqu’il n’y a pas de transfert. » Cette machine s’adresse aux entrepreneurs et grosses exploitations réalisant plus de 5 000 bottes par an.

Tracter une enrubanneuse derrière une simple presse constitue également une alternative aux presses-enrubanneuses. « C’est une solution moins coûteuse mais peu prisée, reconnaît Pierre Payré, de Göweil. Le rendement horaire est moins important, du fait des temps d’éjection et de reprise. » De plus, l’ensemble est long et peu maniable.

Chambre fixe et chambre variable se disputent le marché

Historiquement, les premiers combinés presses-enrubanneuses étaient dotés de chambre fixe. Puis sont arrivés les premiers modèles à chambre variable. Légèrement plus coûteux, ces derniers présentent l’avantage de pouvoir serrer davantage le noyau et de réaliser des bottes plus grosses (jusqu’à 2,05 m sans enrubanner, 1,85 m de diamètre en enrubanné). Ces machines jouent également la carte de la polyvalence en pressant avec densité du fourrage sec ou de la paille, la plateforme d’enrubannage pouvant alors servir de groupeur de balles. « Cette polyvalence a fait progresser les ventes de combinés à chambre variable au point de talonner ces dernières années les modèles à chambre fixe, annonce Jean-Marie Roos. Plus récemment, cette tendance s’est un peu inversée. » En effet, pour bon nombre de constructeurs, presser du sec avec un combiné n’est pas la solution la plus économique. « Autant acheter une presse à chambre variable à côté et rentabiliser les outils sur une plus longue période, explique Pierre Payré. Ce n’est pas la plateforme d’enrubannage qui use le plus vite, mais bien la presse. Preuve en est, certains de nos clients entrepreneurs qui ont investi dans notre plateforme d’enrubannage sur laquelle on greffe une presse, en sont à leur huitième presse sur le même châssis. Alors, autant valoriser au mieux le combiné en ne lui faisant faire que du vert. »

Vers un pressage en continu

Quant au débit de chantier actuel des combinés (55 à 60 balles par heure), il risque de progresser rapidement avec l’arrivée sur le marché de machines à pressage en continu. Avec l’Ultima, commercialisée cette année, une presse-enrubanneuse à chambre semi-variable doté d’un canal d’alimentation servant de tampon, Krone annonce des débits de chantier accrus de 50 %. De son côté, Kverneland dévoilait au Sima la FastBale, un combiné à double chambre fixe.

Vers un liage au film…

Plusieurs constructeurs présentent des particularités au niveau de l’enrubannage. McHale propose un enrubannage vertical, ce qui permet de réduire la longueur de l’ensemble à 5,80 mètres au transport comme au champ. Kuhn et Deutz-Fahr proposent en option un enrubannage en trois dimensions. « L’objectif n’est pas tant la réduction de la quantité de film nécessaire, détaille Jean-Marie Roos, car avec six couches, il n’y a pas de réelles économies. Il s’agit plus de maintenir la forme de la balle et de mieux répartir ces couches et non les concentrer sur les faces planes. En outre, en commençant à dérouler le film dans le sens du liage, cela permet de coucher les tiges dures, par exemple en luzerne, tiges qui auraient d’habitude tendance à percer le film en enrubannage classique. »

Et quitte à enrubanner dans le sens du liage, autant remplacer le filet par un film directement. Plusieurs constructeurs proposent en effet de lier avec un film. « C’est un film spécifique plus résistant qui est étiré de 10 à 30 % avant d’être appliqué, précise Jean-Eudes Simon. Comparativement au liage filet, la balle se relâche beaucoup moins, notamment avec du fourrage très sec, où l’on peut observer des différences de diamètre jusqu’à 6 cm. Cela signifie moins d’air à l’intérieur, donc un démarrage de fermentation plus rapide et une plus grande qualité. » « Une étude d’un institut technique a même montré que cette technique diminue de 7 % les pertes et augmente significativement la production de lait », ajoute Pierre Payré.

« Gagner du temps à l’enrubannage »

La Cuma La Pertraise, à La Pertre, en Ille-et-Vilaine, s’est dotée d’une presse-enrubanneuse pour simplifier la logistique pour l’enrubannage. « Quand on y a goûté, on ne revient pas en arrière », confie Sylvain Potin, l’un des chauffeurs de la Cuma. Créée il y a 57 ans, celle-ci a toujours eu des chauffeurs, aujourd’hui deux permanents et deux apprentis. Elle possède depuis deux saisons une presse-enrubanneuse McHale Fusion, pilotée par les chauffeurs salariés, en remplacement d’une enrubanneuse en complément d’une presse. « C’est une machine venue d’un pays où ils pressent et enrubannent 30 000 balles par an, un volume qui correspondra peut-être à la carrière de la machine dans la Cuma, explique Jérémy Patin, le président de la Cuma. Nous souhaitions avant tout gagner en temps et en logistique, avec un seul chauffeur et un unique tracteur au lieu de deux auparavant, sans compter la manutention. » Avec de beaux andains pas trop épais, dans de belles parcelles, le combiné atteint un débit de 50 balles en une heure. « De toute façon, on ne peut pas aller plus vite, explique Sylvain Potin. L’enrubanneuse est le facteur limitant. Si on presse trop vite, la balle liée continue à tourner dans la presse, le temps que la balle précédente soit enrubannée, et le filet tend à se fragiliser. » La Fusion est attelée à un tracteur de 200 chevaux, une puissance minimale pour être à l’aise dans toutes les situations, mais aussi pour avoir un débit hydraulique suffisant.

Après deux saisons, la machine est sous-utilisée. « L’investissement de 70 000 euros a été réfléchi pour un amortissement long, justifie Jérémy Patin. Et il faut redonner une bonne image à l’enrubannage qui n’avait plus trop la cote dans notre Cuma, ainsi que dans les trois autres Cuma voisines où elle travaille également. » Les deux premières années marquent cependant une bonne progression, de 4 000 bottes en 2013 à 7 000 en 2014. Équipée de couteaux (ce qui n’était pas le cas de la précédente presse), elle réalise des bottes denses (jusqu’à 800 kg en luzerne) mais faciles à exploiter par la suite.

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