Pourquoi les ETA vont à nouveau passer des hausses de tarifs en 2024 ?
Les entreprises de travaux agricoles (ETA) devraient de nouveau procéder à des hausses de tarifs de leurs prestations agricoles en 2024, indique la Fédération des entrepreneurs des territoires (FNEDT) selon qui ses adhérents se retrouvent sous de multiples pressions.
Les entreprises de travaux agricoles (ETA) devraient de nouveau procéder à des hausses de tarifs de leurs prestations agricoles en 2024, indique la Fédération des entrepreneurs des territoires (FNEDT) selon qui ses adhérents se retrouvent sous de multiples pressions.
« Depuis deux ans, les entreprises de travaux agricoles (ETA) ont passé des hausses de 0 à 25%. Celles qui n’en ont pas passées ne sont plus là aujourd’hui » affirme Philippe Largeau, premier vice-président délégué de la Fédération des entrepreneurs des territoires (FNEDT), lors d’une conférence de presse organisée le 21 novembre à Paris. « En 2024, il y aura à nouveau des hausses de tarifs », poursuit-il.
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Des hausses de tarifs des ETARF attendues entre 6 et 12%
Après une flambée inédite des coûts de production en 2022, la moitié des ETARF (Entreprises de travaux agricoles, ruraux et forestiers) ont passé des hausses de tarifs de 12 à 15 % selon les prestations, d’après une enquête de la FNEDT réalisée en mai dernier. « L’année 2024 s’ouvre avec un ralentissement prévisionnel global de la hausse des coûts, avec toutefois une hausse du Smic dès janvier, un coût de rabot sur les exonérations de cotisations familiales, la première marche de la remontée de la fiscalité du GNR - qui reste actuellement à un niveau élevé - et des prix de matériels agricoles et forestiers qui ont cru de 20 % en deux ans », souligne la fédération dans un communiqué. « En 2024, il faut donc s’attendre à une augmentation des tarifs, entre 6 et 12 % selon les prestations, pour les entreprises qui ont déjà appliqué des hausses en 2022-2023 », indique la FNEDT.
Les augmentations de tarifs nous permettent de respecter les chantiers
« Nous avons besoin de coller aux coûts des matériels (en hausse de 25%), aux hausses de salaires (de 10% en 1,5 an), au GNR qui a explosé. Les augmentations de tarifs nous permettent de respecter les chantiers », commente pour sa part Gérard Napias, président de la FNEDT.
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L’impact du prix du GNR et de la hausse de la fiscalité
Le poste GNR (gazole non routier) représente 13 à 15% du prix de la prestation, souligne Philippe Largeau. « Quand on calcule le coût de revient, on le fait pour l’année. Résultat : avec la fluctuation du GNR on peut se retrouver très confortables ou dans le rouge » poursuit-il, soulignant que l’idéal serait une indexation obligatoire du carburant en pied de facture.
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Les ETARF consomment 30% du GNR employé dans l’agriculture et la forêt et selon la FNEDT, parmi les ETA, des entreprises utilisent annuellement des centaines de milliers de litres de GNR, voire des millions de litres de GNR. La hausse de la fiscalité non remboursable sur le GNR programmée dans le PLF 2024 devrait coûter 23 810 euros en 2030 pour une ETA utilisant 100 000 litres par an de GNR contre 3 860 euros en 2023. La FNEDT déplore aussi l’avance de trésorerie qu’impose la hausse de la TICPE remboursable de 18 100 euros en 2024 (pour 100 000 litres) à 21 400 euros en 2025 pour atteindre 35 950 euros 2030. Pour limiter l’impact de cette mesure, la FNEDT réclame un remboursement mensuel de la TCIPE (aujourd’hui annuel).
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Les ETA estiment par ailleurs être hors du champ ou dans le flou pour les mesures fiscales de compensation de la taxation du GNR agricole négociées par la FNSEA (épargne de précaution et relèvement des seuils de chiffre d’affaires des exonérations de plus-values).
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Des chantiers perturbés par les intempéries et des contraintes réglementaires
Autre problématique importante pour les ETA : la durée d’utilisation des machines de plus en plus limitée et imprévisible qui pèse sur la rentabilité des entreprises. « Les aléas climatiques qui se multiplient dans toute la France obligent les ETARF à réagir dans des délais extrêmement contraints. Nombre de chantiers sont ralentis, décalés, voire annulés », indique la FNEDT. Aux inondations et aux périodes de sécheresse (arrêt des machines pour prévenir les incendies) s’ajoutent pour les travaux forestiers et agricoles (pour l’entretien des haies notamment) « la surinterprétation de l’article L.411 1 du Code de l’environnement » qui suspend les travaux entre le 15 mars et le 15 août, déplore la FNEDT.
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Des chantiers perdus pour cause d’inondations
Concernant les inondations du Pas-de-Calais, les ETA s’inquiètent de pertes de chantier de récolte notamment sur les surfaces de betteraves affectées. « Les agriculteurs sont couverts par les catastrophes naturelles mais les pertes d’exploitation des ETA ne sont pas couvertes, car aucune assurance n’a voulu couvrir ce risque. Certains vont mettre la clé sous la porte c’est catastrophique », fait remarquer Gérard Napias, président de la FNEDT.
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