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Les solutions pour se protéger des gros gibiers

Répulsifs, effaroucheurs, clôtures grillagées ou électriques. Petit tour des solutions pour empêcher les attaques de gibier.

La pression des gros gibiers se fait de plus en plus forte sur la grande majorité des vignobles français. Elle se fait notamment ressentir au moment du débourrement, ainsi qu’entre la véraison et la récolte. Au débourrement, ce sont les jeunes pousses qui sont appréciées, notamment par les cervidés. La vigne réussit malgré tout à repousser dans la plupart des cas. En revanche, les dégâts ont plus de conséquences, lorsqu’il s’agit des grappes, principalement prélevées par les sangliers. « Dans notre département, les dégâts de sangliers entre la véraison et la récolte pèsent pour les trois quarts des demandes d’indemnisation », donne pour exemple Nicolas Puech, technicien à la fédération départementale de la chasse de l’Hérault, en charge de la prévention contre les dégâts de gros gibier. Aussi, il n’est pas rare de voir un quart à un tiers de la récolte détruite dans les parcelles les plus reculées, si rien n’est fait.

C’est pourquoi, de plus en plus de viticulteurs s’équipent pour tenir à distance le gros gibier des vignes. Plusieurs techniques existent et se côtoient pour y parvenir. Solution relativement peu coûteuse, les effaroucheurs sonores émettent un signal sonore qui fait fuir le gibier, lorsque celui-ci est détecté. Plusieurs types de capteurs sont proposés : infrarouge, caméra avec reconnaissance de forme, reconnaissance de cri. Alimentés par une batterie, ces appareils peuvent bénéficier d’un panneau solaire, pour augmenter l’autonomie. Couvrant une zone de  2500 à 10 000 m², ces effaroucheurs émettent des signaux sonores ou ultrasonores rappelant les cris d’alerte des animaux concernés. Proposés à un tarif de 500 à 1 500 euros, certains appareils disposent d’une large bande de canaux répulsifs pour éviter les effets d’accoutumance. « Dans les faits, on observe bien souvent une accoutumance, malgré tout, rapporte Nicolas Puech. L’effaroucheur n’est efficace que pour des durées d’utilisation relativement courtes."

Répulsifs odorants : spécifiques et à durée limitée

Autres solutions employées par les viticulteurs, les répulsifs odorants. Ceux-ci sont placés tout autour de la zone à protéger. Propres à chaque espèce, ils se présentent sous la forme de liquides ou de granulés qui diffusent une odeur rédhibitoire pour les gibiers concernés. Veillez à appliquer le produit régulièrement autour de la parcelle, à défaut de quoi les sangliers se glisseront dans le petit passage sans odeur. Ces produits se montrent assez coûteux (autour de 200 euros pour 1 000 m²) et d’une durée d’action limitée dans le temps. « Comme tout produit qui se diffuse, les répulsifs odorants se diluent, explique Nicolas Puech. Il faut revenir régulièrement (trois semaines à un mois) pour refaire le plein. Ce qui finit par être coûteux. » Le technicien insiste également sur la nécessité que le produit appliqué soit homologué et sur les délais à respecter avant la récolte.

Pour une protection à plus long terme, les solutions du grillage et/ou de la clôture électrique se montrent plus durables. La solution du grillage constitue en effet une barrière physique que les animaux ne franchissent pas. Nicolas Puech conseille des petites mailles sur la partie basse du grillage, « de façon que les marcassins ne passent pas au travers, sinon leur mère cherchera à passer coûte que coûte. » Pour un prix allant de 3 à 8 euros le mètre linéaire, les grillages lourds que l’on rencontre sur les bords d’autoroute sont adaptés au gros gibier. Nicolas Puech préconise d’y ajouter un fil électrique à 10 cm du grillage et à 20 cm de hauteur, pour dissuader encore davantage les gros gibiers. Ce grillage ne peut être posé en périphérie des parcelles que si les bouts de rangs laissent suffisamment de place pour réaliser les manœuvres avec le tracteur et les outils. Il nécessite bien souvent un entretien régulier, à savoir un désherbage mécanique ou chimique.

Des châtaignes pour les amateurs de châtaignes

L’autre méthode qui a fait ses preuves avec les sangliers consiste à mettre en place une clôture électrique. « Les sangliers sont assez sensibles au courant électrique », note Nicolas Puech. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir une puissance très élevée. La puissance du courant électrique sera surtout fonction du kilométrage de fil à alimenter. Pour une efficacité maximale, il convient de poser trois hauteurs de fil, à 20 cm pour les jeunes, à 40 et 60 cm pour les adultes.

Pour fournir ce courant électrique, on connaît trois types d’électrificateur : ceux alimentés par une pile 9 volts, ceux à batterie 12 volts et ceux sur le secteur. D’une puissance de 0,15 à 0,6 joule, les piles 9 volts sont à utiliser pour les petits parcellaires, jusqu’à 50 à 60 ares. Elles offrent une bonne autonomie, variant de 5 à 12 mois selon l’ampérage demandé (50 à 170 Ah selon les modèles). Pour une même puissance, plus l’ampérage sera élevé, plus l’autonomie sera bonne. En revanche, les piles sont à usage unique, contrairement aux modèles à batterie 12 volts.

Contenant de l’acide, ces batteries offrent selon les modèles, des puissances pouvant atteindre jusqu’à 5 joules. Elles conviennent donc aux grands parcellaires, pour une autonomie comprise entre 3 à 6 semaines. Comme pour les piles, l’autonomie sera supérieure si l’électrificateur est doté d’un variateur. La puissance peut ainsi être réglée plus puissante la première semaine, le temps que le gibier s’habitue, puis baissée par la suite. En option, un panneau solaire peut recharger la batterie et augmenter l’autonomie qui durera une saison si les conditions lumineuses et la maîtrise de l’enherbement le permettent. Les appareils les plus performants adaptent la puissance aux conditions. L’électrificateur Secur 500 de Lacmé propose ainsi la technologie I-Pulse, qui envoie en permanence de petites impulsions peu consommatrices en énergie et analyse la charge sur le fil. Lorsqu’un animal touche le fil, la charge est différente : le boîtier de contrôle envoie alors une grosse charge électrique de 5 joules pour éloigner l’animal de la clôture. Ce boîtier est également capable de différencier des herbes d’un animal (dont la résistance est plus importante). Cette technologie permet d’augmenter considérablement l’autonomie.

Certains appareils proposent également la coupure à distance, tandis que d’autres, connectés, informent du niveau de la batterie et l’état de l’enherbement sous la clôture. Ce dernier est en effet un élément important dans l’autonomie de la batterie et nécessite un entretien régulier.

Enfin, les appareils sur secteur peuvent adapter la puissance fournie pour contrecarrer les pertes au sol à cause de la végétation.

« Les passages canadiens remplacent les barrières et portails. »

Le château Sainte Marguerite, à La Londe-les-Maures dans le Var, s’est équipé de clôtures grillagées de type autoroutier depuis quelques années. « Nous avions des attaques de sangliers, ce qui impactait les rendements et les grappes abîmées étaient sujettes aux attaques fongiques, se souvient Olivier Fayard, qui cogère le domaine avec sa famille. Depuis que nous avons clôturé, nous nous sommes rendu compte du réel impact du gibier. Selon les parcelles, les cochons prélevaient entre 20 et 30 %. Un sanglier consomme quotidiennement 30 à 40 kg. » Cela représente entre 1 200 et 1 800 bouteilles par hectare. Avec une commercialisation autour de 20 euros l’unité, le retour sur investissement est rapide. « Cette année encore, nous installons 5 kilomètres de clôture. Elle sera rentabilisée dans la saison », estime-t-il.

Le domaine est également équipé de passages canadiens depuis 2014. Composées d’une fosse surmontée de tubes de gros diamètre capables de supporter le passage d’un camion, ces structures se positionnent sur les lieux de passage entre les clôtures. La vue du vide dissuade les gibiers, petits comme gros, tandis que les piétons et véhicules circulent librement. « C’est une solution de tri durable, plus robuste qu’un portail électrique et plus pratique qu’une barrière à ouverture manuelle », apprécie Olivier Fayard. À côté du passage, un portillon permet aux cavaliers de circuler.

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