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Ensilage de maïs
Les règles à respecter pour un bon tassage

Le tassage du silo est un élément primordial dans la conservation de l’ensilage de maïs et dans le maintien des qualités nutritives de ce dernier.

Avec l’agrandissement des exploitations agricoles, la taille des chantiers d’ensilage ne finit pas d'augmenter, ce qui impacte l’organisation des chantiers, notamment au niveau du tassage. En effet, ensiler 30 à 40 hectares dans la journée devient de plus en plus courant dans nos campagnes. Pour y parvenir, les agriculteurs privilégient des ensileuses toujours plus grosses. L’objectif est de rendre une journée pour une journée avec les agriculteurs qui n’ont que 20 hectares à récolter. C’est pour cette raison que des ensileuses de 10 ou 12 rangs sont se démocratisent dans les campagnes. Si le nombre et la capacité des bennes sont réfléchis en conséquence, le tassage, souvent facteur limitant du chantier d’ensilage, est encore trop souvent le parent pauvre du chantier. Or, il constitue un élément capital dans la qualité de conservation du fourrage. Les conseillers en élevage préconisent en général une densité du silo au moins 220 à 230 kilogrammes de matière sèche par mètre cube tassé, pour conserver les qualités nutritives du fourrage.

Des enquêtes réalisées par le BCEL Ouest (Bretagne Conseil Élevage Ouest) en 2014-2015 sur 40 silos ont mesuré que 25 % d’entre eux avaient une densité inférieure 210 kg MS/m3. Et plus de la moitié d’entre eux étaient inférieurs à 220 kg MS/m3. Plusieurs causes expliquent ces résultats : le nombre insuffisant de tasseurs et de véhicules pour tasser, le sous-dimensionnement des équipements de tassage, mais également la tendance à la coupe longue, plus difficile à tasser qu’une coupe courte. Malgré des brins de grande dimension, la coupe longue défibrée (type Shredlage chez Claas) semblerait cependant plus facile à tasser. "Le fonctionnement des éclateurs avec un différentiel de vitesses de rotation important, déstructure les morceaux de tige, spongieux et réfractaires au tassement, ce qui facilite ce dernier, explique Guillaume Feys, de Claas. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut négliger le tassage, à commencer par l’équipement et la méthodologie."

Du poids au centimètre carré

Pour la recette d’un bon tassage, l’ingrédient principal reste le poids mort. Si les techniciens d’élevage conseillent 400 kg de poids mort par tonne de matière sèche rentrée à l’heure, encore faut-il que les éleveurs connaissent cette dernière valeur. Claas simplifie la règle en prescrivant au minimum deux tonnes de poids mort par rang récolté par l’ensileuse. Par exemple, une ensileuse 10 rangs travaillera de concert avec 20 tonnes de véhicules pour le tassage. Privilégiez plutôt deux véhicules de 10 tonnes chacun, l’un montant le fourrage et tassant, l’autre n’assurant que le tassage, qu’un seul de 20 tonnes : le temps consacré au tassage sera au global plus important. Certains conseillers donnent comme règle "un tasseur pour trois rangs".

Exit les pneus basse pression ou les jumelages : préférez les pneus étroits pour une surface de contact minimale et une pression maximale. Cela signifie également regonfler les pneumatiques pour minimiser la surface en contact. Le jumelage reste cependant utile pour bien tasser le long des murs dans les silos couloirs, une zone particulièrement délicate à tasser et souvent sujette au pourrissement. Il n’est pas rare de rencontrer un tracteur avec un jumelage que sur une roue arrière. Si la vitesse d’avancement peut être plus importante pour étaler au plus vite la benne fraîchement vidée, il est préférable de ne pas dépasser 4 km/h lorsqu’on passe en mode tassage, pour une bonne efficacité.

Organiser le chantier pour un flux régulier

Pour une mise en route progressive du chantier, il est préférable de commencer par les parcelles les plus éloignées, puis de poursuivre par les grandes parcelles à proximité pour terminer par les petites parcelles proches : dans ces dernières, le flux de bennes sera sensiblement ralenti, ce qui permettra de peaufiner les finitions. Lorsque plusieurs bennes arrivent d’un coup, par exemple lors du détourage d’une grande parcelle, inutile de s’affoler, quitte à faire attendre quelques bennes au pied du silo. En effet, un tassage efficace commence par une bonne répartition du fourrage par couches de 10 à 20 cm d’épaisseur, couches dont il faut prendre le temps de tasser. Étaler trois ou quatre bennes dans la précipitation se soldera par une couche de fourrage plus épaisse donc mal tassée. Ceci est d’autant plus vrai que le fourrage est sec.

Autre conseil appliqué aux tasseurs : ne jamais s’arrêter. S’il y a des véhicules qui doivent travailler en permanence sur un chantier d’ensilage, ce sont bien ceux dédiés au tassage, quitte à ce que les chauffeurs se fassent remplacer. Et à la fin du chantier, les tasseurs doivent encore rouler au minimum une demi-heure après l’étalement de la dernière benne.

Une diversité de matériels

Côté matériels, le tracteur avec une lame arrière ou avant est la solution la plus largement employée pour monter l’ensilage de maïs. La lame permet un bon étalement rapide du fourrage et une maîtrise assez facile de l’épaisseur des couches. Plus souvent rencontrée sur les silos d’herbe, la fourche à ensilage (à fond mobile) peut également être utilisée au maïs, lorsque les doigts sont en nombre et suffisamment rapprochés. Elle permet de déplacer du fourrage sans étaler si nécessaire. Il en est de même pour les godets montés sur les chargeurs frontaux sur tracteur, les chargeurs télescopiques et les chargeuses articulées. S’il peut se montrer pratique pour finir un silo, la marche en crabe permettant de tasser plus facilement le long des murs, le chargeur télescopique n’est pas l’engin de manutention le plus adapté pour la confection des silos : les roues de petit diamètre n’avantagent ni sa motricité, ni sa garde au sol et le poids reste limité. Les chargeuses articulées se montrent bien souvent plus lourdes et plus maniables, mais les roues, bien que souvent plus grosses que celles des télescopiques, ne sont pas adaptées pour les silos hauts. Attention également à leur stabilité, notamment lorsque l'on braque sur le haut du silo. La combinaison tracteur-chargeur demeure efficace : de plus en plus d’entrepreneurs de travaux agricoles investissent d’ailleurs dans un chargeur frontal adapté à des tracteurs de forte puissance (180 chevaux et plus), afin de coupler poids et capacité de manutention. Et si vous ne disposez pas d’un tracteur de forte puissance, n’hésitez pas à faire appel à l’entreprise ou la Cuma, ou à en louer un. " Plutôt que de payer 70 à 100 euros par hectare en conservateurs pour combler un tassage insuffisant, n’est-il pas préférable et plus rentable de louer un tracteur de 250 chevaux pour une journée ?", s’interroge Guillaume Feys.

Une fois le tassage terminé, il reste à répartir différents lestages (pneus, boudins, tapis de carrière) sur la bâche du silo, afin de conserver la densité du fourrage.

Ludovic Vimond

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