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Les écimeuses ont le vent en poupe

Le nombre de constructeurs et de machines pour écimer s’est fortement accru ces dernières années.

Le marché des écimeuses est en pleine expansion. Il concerne presqu’exclusivement les agriculteurs biologiques, même si quelques conventionnels commencent à s’y intéresser. « Il y a de plus en plus de céréaliers en non-labour qui sont confrontés à des problèmes de résistances de certaines adventices résistantes aux herbicides, comme le ray-grass, explique Clément Bon, de la société Bionalan. L’autre solution serait de ressortir la charrue, une pratique aujourd’hui impensable pour beaucoup de ceux qui ont choisi le non-labour. »

Pour les utilisateurs, l’écimeuse reste un outil de rattrapage, qui vient en complément des différentes bineuses, quand ces dernières n’ont pas pu agir correctement ou au bon moment, faute d’une bonne fenêtre météorologique par exemple. L’écimeuse présente tout de même l’avantage de permettre d’intervenir avant la récolte et d’interrompre la maturation des graines de certaines adventices… mais pas toutes.

Un marché encore jeune

Il y a encore quelques années, il était difficile de trouver une écimeuse sur le marché français. Seul ETR Breton en fabrique depuis vingt ans. « Nous avons construit notre première machine il y a vingt ans pour travailler au-dessus d’une aire de captage de l’eau de Vittel », se remémore Christophe Riquier, le dirigeant.

Dans un premier temps, beaucoup d’agriculteurs ont conçu dans leur atelier leur propre écimeuse, à partir d’une rogneuse viticole ou de lamiers de tondeuses. Ces dernières années, de nouveaux acteurs sont arrivés sur le marché et ces machines ont fortement évolué, notamment en termes de gestion de suivi de sol. C'est là en effet un des points-clés de ces machines, qui interviennent pour la plupart à 4-5 cm au-dessus de la culture. La plupart du temps montées à l’avant du tracteur, elles doivent pouvoir contrer l’effet d’une grosse pierre lorsque le tracteur roule dessus. « Une pierre qui dépasse de 10 cm du sol fait bouger l’extrémité de l'écimeuse de 40 centimètres », illustre Clément Bon.

Aujourd’hui, la majorité des écimeuses disposent d’un double châssis, de façon à isoler l’organe de coupe des irrégularités du terrain, mais aussi à augmenter l’amplitude de hauteur de coupe, afin de travailler aussi bien dans des lentilles de 10 centimètres de haut que dans des sojas atteignant 1,40 mètre. Par sécurité, certains constructeurs ajoutent des roues de suivi de sol, à réglage mécanique individuel (CombCut) ou hydraulique, et dotées de capteurs de pression qui activent le relèvage de l’ensemble de l’écimeuse quand la pression devient trop élevée (Bionalan).

Trois grands types d'écimeuses

D’origine scandinave, l’écimeuse sélective CombCut, importée par Stécomat, se compose de lames agissant comme des peignes. Réglées plus ou moins serrées, elles laissent passer les céréales (avant épiaison), tandis que les dicotylédones sont dissociées et retenues, poussées par un rabatteur animé hydrauliquement. Cette conception permet de plonger l’écimeuse jusqu'à 10 cm dans la culture, ce que ne peuvent pas faire les autres écimeuses du marché. 

Parmi celles-ci, Micheletti, ETR Breton et Bionalan se caractérisent par une multitude de rotors à axe horizontal, composés de deux, trois ou quatre couteaux aux extrémités. Tous ces rotors sont entraînés hydrauliquement. Selon les marques, les modèles et les tracteurs sur lesquels ces machines sont attelées, il peut être utile de leur intégrer une centrale hydraulique, d’autant plus qu’elles sont bien souvent achetées en Cuma : cela évite les problèmes de laminage d’huile sur les tracteurs. Bionalan se distingue par des rotors de grande dimension et par la présence de diviseurs faisant office de contre-couteaux.

Autre solution : celle de JR Agridistribution, composée d’un axe horizontal autour duquel tournent à vitesse élevée deux câbles horizontaux.

Pour ce qui est des largeurs de travail, elles vont bien souvent de pair avec celles des outils de désherbage mécaniques qui les précèdent dans la saison. Ces machines évoluant à des vitesses potentiellement élevées (3 à 10 km/h selon le niveau d’infestation et la régularité du sol), il n’est pas forcément utile d’investir dans des machines larges. Aujourd’hui, le cœur du marché se situe autour de 6 à 13 mètres de large. Compter entre 13 000 et 18 000 euros pour un modèle de 6 mètres. Mais Micheletti travaille sur un prototype de 18 mètres, tandis que Bionalan réfléchit à une version traînée de 26 mètres de large, facturée autour de 60 000 euros, à destination notamment des céréaliers conventionnels. Bionalan déploiera aussi cette année ses trois premières écimeuses avec récupérateur, pour exporter les adventices coupées et les valoriser par la suite.

 

 

" L’écimeuse reste un outil de rattrapage "

Christophe Vallon, céréalier à Cernay-la-Ville, dans les Yvelines, a testé plusieurs solutions d'écimage au cours des dernières années. En agriculture biologique depuis 2001 sur 124 hectares de blé, féverole, triticale, orge et luzerne, l’agriculteur partage une grande majorité de son matériel avec Rick Vandooren, un autre céréalier bio (également meunier et boulanger) distant que quelques kilomètres. Pour Christophe Vallon, l’écimeuse reste un outil de rattrapage. Le travail du sol reste le moyen de lutte privilégié, à commencer par le labour et le décompacteur (pour le chardon), suivi par la multitude d’outils de binage (herse étrille, bineuse, houe rotative), utilisé jusqu’à épiaison – les agriculteurs sèment en interrangs de 27 centimètres – pour lutter contre le gaillet. « Une bonne partie des adventices (rumex, folle avoine) fauchées par l’écimeuse sont éliminées trop tardivement, note le céréalier. Même vertes, les inflorescences coupées finissent de mâturer au sol et donnent des graines viables. »

Lorsqu’il a fallu faire face il y a cinq ans à des infestations de certaines adventices (sanve, folle avoine, chardon, etc.), l’offre du marché en écimeuses n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui. « Nous avons alors construit notre propre machine, à partir d’une écimeuse-rogneuse viticole que nous avons modifiée pour mettre tous les éléments à plat, se remémore Christophe Vallon. Lorsque l’infestation n’était pas trop développée, le travail était correct. Le chardon était bien coupé, mais la folle avoine, très filandreuse, finissait par caler l’écimeuse. Puis Rick Vandooren a testé une écimeuse à axes verticaux dont le résultat n’était que partiellement convaincant, notamment dans les gros ronds de folle avoine. Nous avons également essayé une écimeuse sélective, une machine qui travaille bien dans des céréales peu développées. Mais quand on travaille un peu plus tard dans la saison, avec une population trop dense d’adventices, la machine cale. »

En 2016, les deux agriculteurs ont pris livraison d’une écimeuse Selac de Bionalan,en profitant d'une aide à l’investissement de 40 %. Dotée de couteaux rotatifs, travaillant conjointement avec des doigts faisant office de guide et de contre-couteaux, la Selac de 6 mètres de large donne grande satisfaction. « Même dans la folle avoine très drue, 99 % des adventices ont été fauchées, apprécie Christophe Vallon. C’est encore tôt pour juger du taux de repousse. » Reste que les adventices continuent à être déposées au sol. « Mon collègue Rick a proposé à Bionalan de réfléchir à un système d’exportation des résidus. Suite à plusieurs demandes du terrain, le constructeur ardennais propose aujourd'hui la Selac Intégrale, en greffant un convoyeur et un caisson. » Les deux agriculteurs seront parmi les premiers à recevoir cette machine.

 

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